Il y a trois courants de guérison dans le Renouveau charismatique, tous trois venant du Canada.
Le plus connu, car il a marqué le Renouveau en France dès ses débuts, s’est manifesté dans les assemblées de louange des groupes de prières ou des communautés issues du Renouveau.
Un autre courant s’est propagé ensuite par des retraites de guérison intérieure. Il a trouvé son origine à Trois-Rivière (Communauté de l’Alliance) et à Cacouna (Maison de prière Le Cénacle) et s’est inculturé en France à l’Agapè des Béatitudes — qui a commencé à Château Saint-Luc puis a été transférée au Puy-en-Velay —, dans les sessions de restauration intérieure des Béatitudes actuellement à Château Saint-Luc, dans les retraites Raphaël du Verbe de Vie, les retraites pour enfants de la Maison d’abba, et aussi à l’Agapè de l’Emmanuel à Paray-le-Monial (la maison est maintenant fermée), sans compter les sessions de guérison intérieure de la Famille Saint-Joseph (P. Verlinde).
Le troisième courant, le dernier à avoir fait son apparition en France, a été mis au point par Henry Lemay (Fraternité Sainte Famille de Gatineau): il s’agit de se former, par toute une série de sessions, à la guérison chrétienne. C’est ce que Mgr Santier a proposé aux groupes de prière du Renouveau .
Nous nous concentrerons ici sur la louange qui guérit, les deux autres modes de guérison ayant été déjà étudiés de divers côtés.
Définition de la guérison charismatique
Le cardinal Ratzinger écrivait, dans l’Instruction sur les prières pour obtenir de Dieu la guérison: «La question qui se pose est celle des assemblées de prière organisées exprès pour obtenir des guérisons miraculeuses parmi les membres malades, ou bien des prières de guérison à la fin de la communion eucharistique avec le même but.» En effet: «En ce qui concerne les assemblées de prière qui se fixent comme objectif précis d’obtenir des guérisons – objectif, sinon dominant, du moins déterminant dans leur programmation – il est opportun de distinguer celles qui peuvent faire penser à un « charisme de guérison » vrai ou apparent, des autres qui n’entretiennent aucun lien avec un tel charisme. Pour qu’on puisse parler d’un éventuel charisme, il faut que s’impose comme déterminante pour l’efficacité de la prière, l’intervention d’une ou de plusieurs personnes ou d’une catégorie précise de personnes, par exemple les dirigeants du groupe qui animent la réunion.» Et ensuite: «dans les assemblées de prière organisées pour demander à Dieu des guérisons, il serait arbitraire d’attribuer un « charisme de guérison » à une quelconque catégorie de participants, par exemple aux dirigeants du groupe; il ne reste plus qu’à se fier à la volonté souveraine de l’Esprit Saint qui donne à certains un charisme spécial de guérison pour manifester la force de la grâce du Ressuscité. »
Nous nous proposons de réfléchir aux prières pour demander la guérison pratiquées dans des groupes du Renouveau charismatique où certaines personnes jouent justement un rôle particulier et animent la réunion, car ceci va à l’encontre du document de la Congrégation pour la doctrine de la foi que nous venons de citer.
Plusieurs scénarios ayant été mis en place, dans un premier temps nous essayerons de les identifier à partir de leurs initiateurs respectifs; nous analyserons quelques-unes des pratiques actuellement et nous tenterons une explication à la lumière des diverses guérisons pratiquées selon des méthodes qui n’ont pas de reconnaissances légales. Enfin nous confronterons ces guérisons avec la discipline en vigueur dans l’Eglise.
Quelques exemples de la mise en œuvre des guérisons
Un pilier de la guérison: Emiliano Tardif
E. Tardif, guéri miraculeusement en 1973 par la prière de charismatiques , s’est consacré à un ministère de guérison. Il dit dans une interview: «Le Pape nous encourage beaucoup. J’ai été pendant six ans au Vatican jusqu’en avril 96 représentant du ministère des Guérisons dans ce qu’on appelle le Conseil international du Renouveau Charismatique (C.I.R.C.).» Il est en voie de béatification .
Il animait des soirée d’évangélisation où se produisaient de nombreuses guérisons. Il expliquait dans une interview le lien entre charisme de guérison et parole de connaissance:
«DON SPIRITUEL
– Croyez-vous que ce soit une grâce de Dieu, innée ou acquise à force de méditation et de prière?
“Le charisme est un don spirituel que l’Esprit Saint nous accorde pour édifier l’Eglise. C’est un don que j’ai reçu et non acquis par l’effort, comme d’autres sont musiciens ou écrivains… Bien sûr que la prière et la méditation nous y aident, mais c’est l’Esprit Saint qui nous le donne.”»
«Que ressentez-vous au moment où s’opère une guérison? Est-ce une “force” qui vous quitte comme le miracle de Jésus et de l’hémorragique?
“Ce n’est pas une sensation physique. C’est la “parole de connaissance”, comme la prophétie et une certitude. Je reçois la personne guérie dans mon cœur et je connais jusqu’à son âge. J’ai, ainsi, senti qu’une femme de 68 ans derrière sa télé et qui souffrait des yeux était guérie. C’était vrai et elle est venue témoigner. Cela fait grandir la foi”.»
La parole de connaissance est la manifestation du charisme de guérison pour Emiliano Tardif.
Un enregistrement qu’il a réalisé est important: La louange: chemin de guérison . On lit dans la présentation: «La puissance de la louange est de venir ouvrir nos yeux à la présence de Dieu qui guérit et qui libère».
Le P. Tardif a laissé une lignée. Carlos Payan, assistant à un rassemblement autour du P. Tardif en 1983, désira faire la même chose. La Communauté de l’Emmanuel est aussi héritière du P. Tardif. Et encore «Sœur Claire Gagné, membre de la Congrégation des Sœurs de la Charité de Saint Louis, d’origine canadienne, en mission en Haïti depuis de nombreuses années. Elle est responsable du Renouveau Charismatique. Elle perpétue le ministère de guérison du Père Emilien Tardif qu’elle a assisté pendant des années lors de ses missions. Le Père Tardif l’a encouragée et guidée pour son ministère de guérison. Des centaines de guérison ont été attribuées à son intercession, aussi l’appelle-t-on « sœur Miracle ». Mais Celui qui guérit à travers elle, c’est Jésus-Christ Notre Seigneur.»
L’Emmanuel… sur les pas d’Emiliano Tardif
L’Emmanuel a été formé à la guérison par le P. Tardif: «En 1979, après le Rassemblement de Montréal, Pierre Goursat invita le père Tardif au Pèlerinage International Charismatique de Lourdes. Après cette première visite en France, Emiliano y sera invité de nombreuses fois, en particulier à Paray-le-Monial où il réunit jusqu’à 25.000 personnes. Le père Tardif aimait travailler avec la Communauté de l’Emmanuel, et en général avec de modestes communautés évangéliques, afin de maintenir la prière de guérison dans une ambiance de foi sincère, de paix et de rencontre de l’amour de Dieu.»
A Saint -Nicolas des Champs, la communauté locale de l’Emmanuel qui a la paroisse en charge, est dans la même ligne que le P. Tardif: «Par la louange, Dieu guérit et libère: ‟Je les guérirai, je les consolerai, je les comblerai de réconfort, lui et ses affligés, en faisant éclore la louange sur leurs lèvresˮ (Is 57, 18).» Le P. Avalle (voir annexe) est le principal acteur des prières de guérison qui s’y pratiquement.
Les prières sont ouvertes aux croyants et aux non-croyants, comme le dit l’ICCRS l’effusion de l’Esprit est pour tous. Ce qui pose problème quand on dit qu’elle est liée au baptême sacramentel. Mais l’irrationnel du Saint-Esprit charismatique est bien connu.
Une mise en condition
«Le P. Thierry Avalle , prêtre de l’Emmanuel, prévient: ‟Ne cherchez pas dans cette prière de guérison des choses extraordinaires.ˮ Un peu plus tard, il ajoutera pourtant, d’une voix plus forte : ‟Jésus peut vous guérir ce soir, cela dépend de votre foi et de celle de vous tous. Je lui demande de parler à travers vous.ˮ»
Pendant la première demi-heure des chants et des témoignages; les guérisons sont données pendant la seconde demi-heure; un climat de sérénité, de paix et de fraternité, ce qui est si rare dans notre société blasée ou stressée.
Un climat est donc créé par le chant et la musique: «Récemment, nous avons assisté à une prière de guérison de style charismatique à l’église Saint-Nicolas-des-Champs à Paris. Les moments de louange étaient animés par de bons chanteurs et des musiciens, tous visiblement inspirés par un style évangélique contemporain.»
Une mise en condition est faite par un enseignement qui précède la prière pour les malades: il est demandé d’être dans une attitude d’ouverture, réceptive, persévérante: «Les enseignements de la prière des malades, qui s’appuient toujours sur la Parole de Dieu, sont conçus pour vous aider à vous ouvrir aux grâces que Jésus veut vous donner et à avancer dans votre foi. En écoutant les témoignages, vous découvrirez les chemins par lesquels les personnes guéries ont obtenu une grâce.
On n’obtient pas forcément une guérison la première fois que l’on vient à la prière des malades. Dieu nous demande d’être persévérant.»
Un autre élément, qui était capital pour le P. Tardif comme nous l’avons dit, se retrouve à l’Emmanuel: l’utilisation de paroles de connaissance dans la prière pour les malades: «Durant la prière des malades, lorsque le Saint Sacrement, c’est-à-dire Jésus lui-même, passe dans la foule, des paroles de connaissance, qui sont le fruit de charismes (1ère épître aux Corinthiens, chapitre 12), sont données par des personnes du groupe d’animation. Les charismes sont des dons de l’Esprit Saint et le charisme de connaissance n’a rien à voir avec un don de voyance.
Les personnes, qui donnent au micro des paroles de connaissance, ont un charisme qui a été confirmé grâce au fait que leurs paroles sont notées sur un cahier et confrontées aux témoignages des personnes guéries ou ayant reçu une grâce. Quand une personne est guérie, c’est toujours Jésus lui-même qui guérit.»
Les paroles de connaissance sont données à un groupe particulier, en l’occurrence le groupe d’animation. Ils annoncent une liste de guérisons au micro, au nom du Christ, et occupent donc une place particulière dans le déroulement de la prière pour les malades. Eux seuls prononcent les paroles de connaissance. Ce charisme a été authentifié par un prêtre — comme le demande l’Eglise, disent-ils —, en fonction des guérisons qui ont suivi les paroles de connaissance, donc d’après l’efficacité du porte-parole. C’est donc un charisme reconnu en interne dans la communauté, qui joue un rôle dans une célébration non liturgique publique. Et le Saint Sacrement tient lieu de présence de Jésus qui guérit, alors qu’en réalité les paroles de connaissance résultent du ressenti de celui qui parle et ne viennent pas du Christ en direct.
Des témoignages ont lieu à la suite de la prière: «De nombreux témoignages de guérison (et autres grâces reçues …) font suite à cette prière qui accueille tout public: croyants ou non, curieux et septiques… mais surtout des personnes malades, souffrantes ou leurs proches». Les témoignages ne sont pas autorisés avant plusieurs années. Il est dommage que ne soient pas connus les témoignages immédiats: cela changerait le score des guérisons et leur fiabilité.
Dans plusieurs témoignages, il est dit que la guérison s’est accompagnée du pardon des péchés: «Dans une heure, ce quadragénaire au visage d’enfant racontera qu’il vient d’être guéri, par le Saint-Esprit, ‟de ses péchésˮ d’abord, mais aussi d’une surdité partielle à l’oreille droite.» Un autre dit que «les péchés sont tombés».
Les témoignages mis sur le site de l’église Saint-Nicolas des Champs ne sont pas écrits par les témoins; tous sont rédigés de façon impersonnelle, comme des constats médicaux, enlevant les détails qui permettraient de connaître le ressenti de la personne, comment cela s’est passé. Rien n’est dit sur les gens déçus, ou ceux qui en sortent blessés et démolis… Tout est vu en rose…
D’autres «charismes» se manifestent: sur un forum, un participant parle de repos dans l’Esprit qui, comme chacun sait, se produit par hypnose, comme nous le verrons dans la suite de cet article.
Les guérisons
Les guérisons sont de toutes sortes: apnée du sommeil, un voile noir sur les yeux, asthme, cordes vocales abîmées depuis plusieurs années, cécité à cause de deux tumeurs, maux de tête, état cardiaque désespéré, poumon partiellement brûlé par une radiothérapie, un ulcère, boitement depuis l’enfance, désir de suicide, une souffrance au gros orteil, les jambes, une grande souffrance dans la jambe gauche, deux cancers, ulcère, maux de têtes, crachats de sang, brûlures et remontées gastriques, un cancer des poumons, décalcification aux épaules, guérison d’un rêve très pénible et récurrent, etc.
Certaines guérisons se font à distance.
Les guérisons s’accompagnent d’états modifiés de conscience et de sensations: chaleur et lumière, douceur et paix; sentiment de paix et de plénitude; «Je ne me sentais plus forcément moi-même»; «Un flash est venu du Saint Sacrement, lorsqu’il est passé près de moi. Il était plus fort que le soleil qui brille l’été, j’étais en feu».
A la fin de la prière, des médiateurs aident ceux qui ont été guéris à relire leur expérience.
Foi ou manque de foi?
Quand un commencement de guérison a eu lieu, mais n’a pas duré, la cause est donnée: le manque de foi. Si l’acte de foi total est fait, Dieu donnera la guérison!
«Si vous pensez avoir obtenu une guérison pour vous-même ou pour une personne pour qui vous priez, demandez au Seigneur la grâce de l’accueillir avec foi. Certaines guérisons sont instantanées — y compris pour des maladies très graves ou des dépressions profondes —, d’autres prennent un certain temps — quelques jours, quelques semaines… Il y a parfois des cas où les symptômes disparaissent puis réapparaissent quelque temps après. C’est alors un appel à sortir du doute et à faire un acte de foi simple et profond. Le Seigneur confirmera alors la guérison…»
Fraternité Notre Dame Mère de la lumière
Pour répondre à la demande du Christ, Notre Dame Mère de la Lumière qui se dit Association catholique sans l’être, propose une fois par mois des veillées de prières pour les malades à l’église ND de la Gloriette de Caen. La prière pour les malades est une prière pour la guérison et le réconfort de ceux qui souffrent dans leur corps, leur âme ou leur esprit. Le Seigneur Jésus y est présent et visite, guérit, réconforte, soulage, donne joie et force de supporter l’épreuve au gré de sa Volonté! Pour peu que nous lui ouvrions notre cœur, nous ne repartons pas comme nous sommes venus!
Le déroulement de la réunion de prière est toujours le même et provoque une mise en condition: «Un moment Hors du temps, dans la Grâce du lieu. Mais aussi bien ancré dans le Présent, sous la conduite de l’Esprit Saint, et dans la grâce de la communion chaleureuse et fraternelle de tous nos frères et sœurs présents. Oser demander. C’est dans cette confiance que, lors de l’intervention d’Alberto Maalouf nous exhortant à poser un acte de FOI en la Présence et la Puissance de l’action de DIEU dans nos vies…»
Le climat est créé par l’enseignement donné, mais aussi par le chant, la musique, la louange. Tout cela fait disparaître l’angoisse: «Je connais ce groupe depuis 4 ans et pendant ces années j’ai participé à presque toutes les veillées de prière qu’ils animent car j’y ai trouvé une force de prière de louange et surtout d’intercession pour les personnes souffrantes et malades qui ne m’était pas forcément naturelle mais qui porte du fruit! La musique et les paroles des chants m’aidaient à entrer en relation avec le Seigneur et transformaient le courant d’angoisses qui m’habitait parfois en courant d’espérance et de vie.»
«Quand la soirée a commencé, je me suis laissé bercer par les chants, le témoignage d’Alberto et la prière d’invocation à l’Esprit Saint».
Alberto, médecin qui ne l’est pas encore, et l’un ou l’autre de son groupe — quelquefois, mais rarement, une personne de l’assistance —, donnent alors des paroles de connaissance qui rejoignent des techniques douteuses où on constate des états modifiés de conscience, comme nous le verrons plus loin. Le livre Quêtes de santé: entre soins médicaux et guérisons spirituelles de Véronique Altglas, Ilario Rossi & Jörg Stolz, décrit certaines de ces techniques, notamment à partir de la page 73.
Les témoignages qui sont tous positifs, contribuent aussi à créer un climat de confiance. Tout cela est une préparation de l’assemblée à être ouverte à tout ce qui se dit et se fait.
Maladies guéries: infection osseuse après morsure de vipère, douleurs cervicales, ouverture oreille droite, addiction à la télévision, insomnies, douleurs cervicales, guérison de l’odorat, surdité, les pouces, le dos, guérison intérieure, épaule droite, pieds, hémiplégie gauche, genou, bras invalide, vue, alcool, douleur cardiaque, etc.
Les guérisons viennent après.
Des effets se produisent dans le corps: fréquemment sensation de chaleur, sensation d’un courant d’air dans le corps, le bruit d’un robinet débouché dans l’oreille, sensation de fraîcheur dans les parties du corps malades, sensation qu’un nœud se dénoue dans le cœur, vision de l’ombre de deux mains qui touchent les genoux malades. On constate aussi des effets psychologiques: «moins fatiguée physiquement et moralement, plus énergique, je m’ouvre aux autres et je suis beaucoup plus joyeuse», délivrance d’envie suicidaire, d’addiction au tabac, …
Quelquefois il y a un toucher de la partie malade par un membre du groupe.
AIMG: Association Internationale des Ministères de Guérison
L’AIMG est une association internationale qui regroupe des personnes appelées à exercer un ministère dans le domaine de la guérison. On y trouve la Fraternité Pentecôte (les groupes de prière charismatiques catholiques), à côté de Loire en gloire, Alléluia France, Paris tout est possible (Carlos Payan qui est responsable en France de l’AIMG), Debout resplendis, Communauté du Rocher, Embrase nos cœurs, Top chrétien, assemblée du réveil de Toulon, Objectif France. Son but est de restaurer et organiser le ministère de guérison lié à un déversement du Saint-Esprit dans le monde. Implantée «sur les cinq continents», l’AIMG a pour but, selon son président pour l’Europe, Jean-Luc Trachsel (Eglise évangélique suisse), «d’aider les Eglises chrétiennes à redécouvrir le ministère du charisme de guérison». Les catholiques qui adhèrent à l’AIMG partagent donc ce but: c’est donc le cas de la fraternité Pentecôte…
1. L’AIMG a ouvert des espaces de guérison tenues par des chrétiens qui ont une formation: «À l’Espace Guérison, vous serez bien accueilli par des personnes formées. Ces dernières doivent notamment:
– Avoir sur le cœur un fardeau pour les personnes ne connaissant pas le Christ et pour les malades.
– Comprendre l’onction du Saint-Esprit qui rend la Parole puissante.
– Avoir faim de tout ce que Dieu est et de tout ce qu’il a.
– Travailler dans l’unité de la foi; l’unité permet au Saint-Esprit d’œuvrer librement.
– Recevoir l’enseignement quant au moyen de faire du bien aux malades.
– Etre baptisé dans le Saint-Esprit.»
2. L’AIMG organise aussi des soirées Miracles et guérisons :
«Les soirées Miracles et Guérisons à Lyon
Qu’est-ce que les chambres de guérison?
Les chambres de guérison sont un lieu d’accueil aménagé en plusieurs pièces où chaque malade est pris en charge individuellement par une équipe de deux ou trois personnes. C’est une vision en lien avec ce texte de la Parole de Jésus: ‟Voici les miracles qui accompagneront ceux qui auront cru… Ils imposeront les mains aux malades et les malades seront guérisˮ (Mc 16,17-18).
Qui prie?
Les équipiers des chambres de guérison viennent de différentes églises chrétiennes. Ce sont des chrétiens qui ont reçu au préalable une formation et qui ont à cœur de donner du temps pour prier pour tous les malades qui le souhaitent.
Les rencontres sont organisées et animées par des équipe mixtes d’un point de vue confessionnel (catholique et évangélique) et chaque rencontre est animée par un intervenant différent, soit catholique, soit évangélique; toutes ces rencontres sont placées sous le signe de l’unité des chrétiens dans le respect de chaque église.
Nous nous attendons à goûter l’amour de Dieu au sein de la louange et de sa parole, et à voir des miracles et des guérisons comme signes de la proximité de son royaume, ce qui se confirme par les témoignages; en effet une place toute particulière est faite pour la prière de guérison à la fin des rencontres après des temps de louange, de compassion et d’exhortation à partir de la parole de Dieu.
Nous sommes heureux d’entendre, au cours de ces soirées, et de ces rencontres tous les témoignages de guérisons et de bénédictions envoyées par le Seigneur; et, plus nous avançons dans ces types de rencontres, plus nous constatons que Dieu prend soin de chacun dans toute la globalité de son être; que toute la gloire lui soit rendue.
Participez activement à cette mission d’évangélisation en invitant et en emmenant à cette soirée des personnes qui ne connaissent pas ou peu Jésus Christ pour qu’elle puissent le rencontrer.»
Il est à remarquer qu’une décharge est demandée à tout malade qui demande la prière!
Guérisons obtenues : douleurs articulaires, bronchite chronique, taches noires devant les yeux, genou guéri et esprit de peur chassé, malformation intracrânienne, diabète, hypertension et toux, sciatique, cicatrisation, malvoyance, tumeur au cerveau, cancer, maladie de peau inconnue, etc.
On y trouve: enseignements, présence de Dieu touche, imposition des mains et onction d’huile. L’imposition des mains provoque une chaleur intense.
«Voici mon témoignage suite à la première réunion de l’AIMG à Saint-Etienne en juin 2015. Dieu m’a guérie de mon genou et en voici les détails!…
Date de la guérison
Juin 2015 1ère réunion AIMG St Etienne
Quel était votre état avant la prière, ce qui n’allait pas?
Douleurs continuelles au genou gauche
Combien de temps avez-vous souffert de ce problème de santé?
Depuis de nombreux mois, je n’ai jamais fait de radiographie ni traitement auparavant. Origine de ces douleurs inconnues
Que s’est-il passé durant la prière?
Jean Luc Traschel a reçu une parole de connaissance ‟une personne rangée de gauche, 5ème rangˮ. J’étais à cette place avec un équipier de prières. Je me suis levée par la foi et j’ai commencé à faire des mouvements: Debout, accroupie, debout, accroupie… je sentais qu’il y avait quelque chose qui se passait. Jean Luc a continué à prier et il a libéré une parole de guérison précisément sur le ménisque. J’ai accueilli cette nouvelle guérison avec foi et beaucoup de joie. Une grande preuve d’amour du Père pour moi.
Quel changement avez-vous pu voir et quand ?
Plus de gênes ni de douleurs dans les jours qui ont suivis. Une souplesse est revenue au niveau du genou, je peux à nouveau aller jusqu’au bout des mouvements, faire des marches sans ressentir aucune douleur ou fatigue. Le Seigneur a été l’initiateur de cette guérison, je suis reconnaissante aux serviteurs de l’AIMG qui sont les porteurs de toutes ces guérisons dont la mienne. C’est une réelle bénédiction pour moi mais pour le Corps de Christ qui se rassemble autour de ces signes et miracles annonciateurs de Son retour et de Son règne sur terre.»
Points communs à tous les groupes
– Onction du Saint-Esprit en amont
Tous ceux qui font des guérisons ont reçu l’effusion de l’Esprit dans le Renouveau.
– Transmission
Ils font tous partie d’un groupe qui forme à la guérison, plus ou moins explicitement; ils exercent un ministère public reconnu dans leur milieu.
– Mise en conditions
On retrouve toujours les mêmes mises en condition: Chants de louange, enseignements, atmosphère chaleureuse de groupe, paroles de connaissance; tout cela poussent à s’ouvrir à ce qui va se produire.
– Il se produit ce que les gens attendent: le Saint-Esprit ne fait preuve d’aucune originalité.
– Témoignages donnés: ils sont tous positifs; personne ne témoigne de dégâts familiaux ou personnels, occasionnés par ces séances.
– L’émotionnel l’emporte sur le réfléchi.
Des rapprochements avec divers courants
Pentecôtisme
Les prières sont proches du Pentecôtisme américain: «David vient ici pour la ‟prière de guérisonˮ. Ces réunions, inspirées du pentecôtisme, un courant très émotionnel du protestantisme américain, se sont développées en France à partir des années 1960, via des communautés charismatiques comme l’Emmanuel.» Alors que des «prières pour les malades et les personnes qui souffrent» sont officiellement annoncées, en fait ce sont des prières de guérison, selon les dire tant des animateurs que des participants.
Enfin, ce qui est vrai du parler en langues l’est aussi de la guérison par imposition des mains. Il est intéressant de constater que la très grande majorité des cas de guérison dont les pentecôtistes font état ont lieu en public, au cours de grands meetings où jouent sans aucun doute des phénomènes de psychologie des foules, une forme d’intoxication religieuse, l’état second engendré par une certaine ambiance. On sait que beaucoup de maladies sont psychosomatiques, qu’une névrose peut présenter des symptômes physiologiques. On sait aussi que beaucoup de ceux qui fréquentent ce genre de meetings sont des gens souffrant d’un certain déséquilibre psychique, des angoissés qui se sentent bien mal dans leur peau. Ils n’attendent qu’une chose, d’être délivrés de leur mal, en ignorant que le pardon, le salut et la paix qu’on trouve en Christ passent avant cela, que Dieu peut guérir en exauçant de simples prières prononcées dans le secret de la chambre, sans imposition des mains spectaculaire, comme il peut aussi décider de ne pas guérir son enfant, quand il estime que cela lui est salutaire ou que cela contribue à la gloire de son nom. Autant de données bibliques que méconnaissent les pentecôtistes, en faveur d’une piété qui laisse pensif et soulève bien des interrogations.
Utilisation de techniques diverses
Préparations
J. Stolz a fait une étude intéressante à partir de l’observation de ce qui se passe dans un atelier de guérison. Les techniques de préparation sont de véritables techniques de relaxation: position du corps, canalisation des pensées, relaxation, c’est-à-dire une préparation corporelle, mentale et spirituelle.
Hypnose
L’état hypnotique est un état modifié de conscience, intermédiaire entre la veille et le sommeil. C’est un état psychique particulier susceptible d’être provoqué et qui augmente à des degrés divers la suggestibilité. Par la parole, le praticien en hypnose induit chez le patient un état de conscience particulier caractérisé par une indifférence à l’extérieur et une hyper suggestibilité. Cet état de conscience «hypnotique» peut être utilisé pour amplifier les ressources internes du patient de lutte contre l’anxiété et la douleur et faire disparaître des symptômes.
Le processus hypnotique permet de passer de l’état d’éveil à l’état hypnotique.
«L’hypnose est définie comme un processus relationnel accompagné d’une succession de phénomènes physiologiques tels qu’une modification du tonus musculaire, une réduction des perceptions sensorielles (dissociation), une focalisation de l’attention dans le but de mettre en relation un individu avec la totalité de son existence et d’en obtenir des changements physiologiques, des changements de comportements et de pensées», définition retenue par l’AFEHM (Sichere 2007).
On recourt à l’hypnose pour divers troubles: Dépression, Troubles anxieux, Affirmation de soi/Estime de soi, Deuils bloqués, compliqués ou traumatiques; Migraines, douleur chronique, eczema chronique, troubles digestifs, syndrome de fatigue chronique, gestion du stress personnel et professionnel, difficultés relationnelles, anxiété, insomnies, phobies, angoisses, obsessions, troubles dépressifs et apparentés, harcèlements, surmenage professionnel, burn-out, hypertension artérielle, troubles digestifs, problèmes dermatologiques, rhumatismes, céphalées, asthme, allergies, rhinites, sinusites, acouphènes, hyperacousie, perte du goût et de l’odorat, ulcères, colites, gastrites chroniques, psoriasis, urticaire, eczéma, verrues plantaires, amélioration de la cicatrisation des brûlures.
Plusieurs techniques sont utilisées. Deux intéressent notre réflexion: Les suggestions, la lévitation. Les suggestions, qui peuvent être ouvertes ou fermées; les suggestions fermées sont des consignes que le patient doit suivre. La lévitation: un mouvement d’un membre est induit par suggestions verbales jusqu’à ce que ce membre s’immobilise en équilibre. Ainsi un sujet peut soulever son bras en ayant la sensation que celui-ci est doté d’une vie autonome, dissocié du reste de son corps et non contrôlé par sa conscience.
Trois conditions fondamentales restent nécessaires: la motivation du patient, la coopération du patient et la confiance du patient dans le thérapeute.
Dans ce cadre le concept d’utilisation thérapeutique de l’hypnose se base sur l’obtention volontaire par le thérapeute, d’un état modifié de la conscience propice à la suggestion et à la modification des perceptions. Cependant l’hypnose a pu être accusée de créer de faux souvenirs, en particulier de traumatisme ou d’abus sexuels subis dans l’enfance: la question du risque de manipulation soulève un problème éthique voire juridique (quelques cas de plaintes sont signalés).
Comme le dit le Dr JM Benhaiem:
«L’hypnose peut se faire en plusieurs étapes, faisant passer de la maîtrise à la non-maîtrise: une phase dite de confusion ou de dissociation qui est une transition pouvant ouvrir sur un état de modification perceptive. La première étape est à visée analgésique ou à visée sédative; la seconde étape est à visée psychothérapeutique.
– La première étape de l’hypnose est une phase de confusion. Cette «absence», dans un contexte bienveillant, possède des caractéristiques physiologiques: analgésie, diminution de l’anxiété.
– La deuxième étape de l’hypnose ouvre sur une indétermination, une augmentation du sens critique, une prise en compte de tout l’environnement. L’état hypnotique, dans cette phase, n’est donc pas un sommeil ou une absence ou une indifférence, mais bien une hyper-présence qui est à même de résoudre les blocages tels que peurs, douleurs chroniques, addictions etc.»
Musique
La musique permet de mettre le corps et l’esprit en état de réceptivité.
Mediumnité
Ce qui se passe dans les groupes qui guérissent est proche aussi de la médiumnité de guérison: «Par imposition des mains ou à distance, la guérison est transmise à la personne. Pas forcément pour soigner un problème physique, mais également au niveau émotionnel. La personne a besoin de prendre conscience qu’elle est l’acteur de sa vie et doit ainsi se prendre en main pour aller de l’avant, sortir d’une situation, retrouver goût, OSER…..»
Le P. Paul-Marie de Mauroy s’est interrogé sur la différence entre charisme de guérison et médiumnité: «Il faut donc dire que la médiumnité est un habitus, alors que le charisme n’est pas permanent. Celui qui affirme qu’il a le charisme de guérison et qu’il peut l’utiliser quand il le veut est un médium et non charismatique. De même pour celui qui prétend avoir le charisme de science, de connaissance, de discernement des esprits, etc. Est-ce du charisme ou de la voyance ou même du spiritisme? Il me semble qu’il y a là aujourd’hui beaucoup de confusion dans un certain type de Renouveau Charismatique.» Comment alors peut-on discerner qu’une personne a un vrai charisme de guérison, en se fondant sur le fait que ses paroles de connaissance se réalisent souvent? Et programmer des rassemblements de guérison, comme le P. Tardif, ou des soirées de prière pour les malades avec des guérisons assurées, relève de la médiumnité.
L’onction de l’Esprit, condition sine qua non pour avoir ces charismes et ministères de guérison, peut faire basculer la vie de quelqu’un, comme on le voit pour le P. Tardif, le P. Avalle. La même chose d’ailleurs s’est produite pour un autre grand leader du Renouveau: le P. Cantalamessa et aussi pour le P. Manjackal . Tout se passe comme si, par l’imposition des mains, des ressources médiumniques se dévoilaient et se mettaient en œuvre: ils deviennent ouverts à des messages de l’au-delà; la parole de connaissance en est une forme. L’interview du P. Avalle (voir Annexe) en 2015 est particulièrement significatif. Nous sommes obligé de constater que le Saint-Esprit reproduit toujours le même schéma. On peut d’autre part s’étonner aussi de la ressemblance entre le changement de la personnalité qui en est résulté et les lavages de cerveau avec reprogrammation…
L’expérience de groupe
«Pour le médecin et sociologue Gustave Le Bon, la fusion serait le risque majeur encouru par l’état groupal: l’unité du groupe serait alors due à une identité des émotions qui abolirait les différences individuelles. Un phénomène d’illusion conduirait à cet état fusionnel du groupe. L’illusion groupale s’exprimerait à travers des propositions du genre: ‟Nous sommes bien ensemble, nous constituons un bon groupe, nous avons un bon chefˮ. Pour Didier Anzieu, psychanalyste, cette illusion a pour fonction de remplacer l’identité de l’individu par une identité de groupe de sorte que les individus s’y affirment tous identiques. Aussi, de nombreux chercheurs constatent que l’influence dans les groupes est permanente: elle modifie les pensées et les comportements, sape les certitudes, crée les idées et stabilise de nouvelles normes. Enfin, fabrique d’illusions et d’euphorie, porteuse d’excitations et entraînant des états régressifs, la situation de groupe peut s’avérer être dangereuse dans certains cas puisque les défenses sont affaiblies et les désirs sont renforcés chez les membres. Selon Sigmund Freud, fondateur de la psychanalyse, la situation de groupe entraîne un régression de l’activité psychique c’est-à-dire un abaissement de l’activité intellectuelle, un manque d’indépendance et d’initiative. Aussi, selon G. Le Bon, tout individu incorporé à un groupe subirait des modifications psychiques qui sont en tout point analogues à celles que subit un sujet dans l’hypnose. Enfin, comme le souligne Jacqueline Falguière, psychanalyste, le groupe peut apparaître, dans certaines conditions, comme une ‟source d’aliénation redoutableˮ grâce à son pouvoir de séduction et de suggestion. Ainsi, l’on comprend pourquoi les groupes sectaires exploitent, à leur manière, l’expérience de groupe.»
Guérisons par la foi
Une analyse de la guérison par la foi laisse percevoir le lien qu’il peut y avoir entre une mise en scène particulière et la guérison: «La guérison par la foi participe d’une pensée magique engageant un guérisseur et un patient qui (a) croient tous deux dans le pouvoir de guérison des esprits ou d’autres mystérieux processus ; (b) consciemment ou inconsciemment, le guérisseur suggestionne le patient dans la croyance qu’il ou elle a guéri l’affection du patient par la prière, par des gestes de la main (pour dégager, décharger, rétablir, etc., quelque « énergie » immatérielle), ou par quelque autre rituel ou produit insolite ; et (c) le patient confirme la guérison en montrant qu’elle a réussi, en marchant sans appareil pendant un court moment, en respirant librement, en déclarant ressentir un soulagement de sa douleur, ou remerciant simplement le guérisseur pour cette « guérison miraculeuse. » En outre, la guérison par la foi peut survenir à distance. Le patient et le guérisseur n’ont pas besoin de se rencontrer, puisque les processus qui se produisent sont censés dépasser les limites de l’espace et du temps. Le guérisseur n’a pas besoin de signes objectifs (tels que des examens médicaux) de la maladie ou de la guérison. Toutefois, s’ils existent et soutiennent la cause, tant mieux. Par exemple, des examens scanographiques ou des radiographies montrant une réduction de la masse tumorale sont les bienvenus, même si l’image de « masse sombre » du premier examen scanographique « était simplement due à une mauvaise réalisation de l’examen » (Randi 1989 : 291-292).
Le calme et l’attitude assurée du guérisseur soulagent la tension nerveuse. Avoir foi dans la méthode de guérison soulage la tension nerveuse. Prier en groupe soulage la tension nerveuse. Soulager la tension nerveuse est le plus gros du travail dans beaucoup de maladies. Étant donné que la plupart des gens guérissent de la plupart des maladies, la visite au guérisseur fortifie la foi du patient dans le guérisseur et sa méthode de guérison.»
Effet curatif de la prière
Sur un site santé , on peut lire à propos des effets observables de la prière: «Selon le Dr Larry Dossey, un des chercheurs les plus réputés du domaine, les conclusions des recherches ne font aucun doute: la religion et la spiritualité sont excellentes autant pour la santé en général que pour des problèmes particuliers, comme les troubles cardiaques, l’hypertension, le cancer, les problèmes digestifs, etc.» Un médecin a guéri une personne d’un cancer en lui disant de prier beaucoup: la guérison a été progressive; faut-il l’attribuer à un manque de foi?
Les maladies guéries
On constate des ressemblances entre les maladies guéries par toutes ces techniques et celles qui sont guéries dans les réunions de guérisons charismatiques. Des promesses de guérison — enseignement, parole de connaissance — sont faites. Le repos dans l’Esprit qui se manifeste lors de ces réunions correspond à la première étape de l’hypnose. On observe aussi des phénomènes physiques proches de l’hypnose ou la médiumnité de guérison. Une étude approfondie par un médecin serait probablement éclairante. Pour augmenter la crédibilité, on ne fait pas une approche scientifique des guérisons: seuls les cas positifs sont retenus; on ne dit rien des autres.
Généralités
Tous ces éléments sont utilisés de façon positive, répétitive, absolue et immédiate, sous la direction du l’organisateur de la célébration. Les effets éprouvés par les participants sont les mêmes que ceux que produisent ces techniques: chaleurs, lumières, émotions très fortes, tremblement, impression que quelqu’un a touché certaines parties du corps… De fait, les participants éprouvent des états modifiés de conscience et de perception du corps. Une particularité apparaît dans les groupes de prière: ces états induits par diverses techniques reçoivent une interprétation spirituelle: ils viennent du Saint Esprit et sont les actions de guérison que le meneur a prédites. Les paroles de connaissance et les témoignages de guérison contribuent à convaincre les participants de la présence et de l’efficacité de l’Esprit. Pour les témoignages, ils sont toujours différés, ce qui permet de faire un tri et de ne retenir que ceux qui confirment une intervention directe de l’Esprit Saint. Si les témoignages avaient lieu immédiatement l’effet ouvrirait une porte au doute, ce qui nuirait à la réussite des guérisons.
Au regard de la loi
La pratique de l’hypnose à visée thérapeutique par des non médecins a déjà fait l’objet de condamnations pour exercice illégal de la médecine (article L.4161-1 du code de la santé publique). Qu’en est-il de l’usage des autres techniques?
Au regard de l’Eglise: un Saint-Esprit indocile aux normes disciplinaires
D’après l’Emmanuel: «L’Eglise reconnaît les prières de guérison comme ‟louablesˮ, mais fixe certaines normes et limites: la présence de médiateurs, que ces prières n’aient pas lieu durant des messes, que n’importe qui ne puisse pas prendre la parole et ‟qu’on n’en vienne pas, surtout de la part de ceux qui les dirigent, à des formes semblables à l’hystérie, à l’artificialité, à la théâtralité ou au sensationnalisme.ˮ»
Il n’est pas questions de médiateurs dans les normes de l’Eglise, mais de ne pas attribuer à un groupe ou à une personne particulière un charisme de guérison.
Il y a en effet des normes à respecter:
«Art. 10. – L’évêque diocésain doit nécessairement intervenir avec son autorité quand il y a des abus dans les célébrations de guérison liturgiques et non-liturgiques, en cas de scandale évident pour la communauté des fidèles, ou quand il y a de graves manquements aux normes liturgiques et disciplinaires.»
Un grave manquement est la présence de charismes reconnus en interne et s’exerçant de façon publique par un ministère de guérison: toutes choses interdites par la Congrégation pour la doctrine de la foi (voir p. 1 la définition de la prière charismatique).
En effet, dans une assemblée de prière pour les guérisons, comme nous l’avons vu, «il serait arbitraire d’attribuer un « charisme de guérison » à une quelconque catégorie de participants, par exemple aux dirigeants du groupe», or «pour qu’on puisse parler d’un éventuel charisme, il faut que s’impose comme déterminante pour l’efficacité de la prière, l’intervention d’une ou de plusieurs personnes ou d’une catégorie précise de personnes, par exemple les dirigeants du groupe qui animent la réunion.» Or précisément, ce sont des personnes du groupe qui sont dites investies d’un charisme de guérison par le biais des paroles de connaissance: n’interviennent d’ailleurs que ceux dont le charisme de connaissance a été authentifié; ils sont sélectionnés d’après leur efficacité. Il est donc arbitraire de leur attribuer un charisme de guérison: tous les participants à la prière pour demander la guérison doivent être sur pied d’égalité, si l’on peut dire. De plus, ces groupes, à la suite de l’ICCRS, parlent de ministère de guérison, ce qui n’existe pas dans l’Eglise catholique.
«Art. 9. – Ceux qui conduisent les célébrations de guérison, liturgiques ou non-liturgiques, doivent essayer de maintenir dans l’assemblée une atmosphère de dévotion sereine et doivent garder la prudence nécessaire si des guérisons surviennent parmi les assistants; ils pourront recueillir avec soin et simplicité, à la fin de la célébration, les éventuels témoignages et soumettre le fait à l’autorité ecclésiastique compétente.»
«Si des guérisons surviennent»: or, utiliser des paroles de connaissance qui mettent les personnes du groupe animateur en avant, n’est pas laisser toute liberté au Saint-Esprit de faire survenir ou non des guérisons! De plus, le Saint-Esprit, source des charismes pour des catholiques, intervient à jours et heures fixes: ce sont les membres du groupe qui fixent son agenda et il se doit d’être au rendez-vous: il n’y manque jamais d’ailleurs! La même chose se retrouve à l’Agapè où le Saint-Esprit parle tous les soirs à la même heure. Le Saint-Esprit est manipulé!
«Art. 5 – § 1. Les prières de guérison non-liturgiques doivent être faites selon des modalités différentes des célébrations liturgiques, par exemple des rencontres de prière ou de lecture de la Parole de Dieu. La vigilance de l’Ordinaire du lieu reste requise selon le canon 839, §2.»
Tous les évêques dont des guérisons ont lieu dans leur diocèse (et ils sont nombreux) sont responsables spirituellement et canoniquement.
Le Saint-Esprit charismatique est donc indocile car il ne tient pas compte des normes ecclésiales… Du jamais vu dans la spiritualité catholique! On constate qu’il répond avant tout aux besoins psychologiques de nos contemporains , dans un contexte d’angoisse, de stress, de peur.
En réalité c’est le Renouveau charismatique canadien qui fixe les normes et non la CDF, puisqu’il donne des consignes pour un ministère public de guérison:
«LE MINISTERE PUBLIC DE GUÉRISON
– L’équipe qui dirige doit être constituée de personnes aux charismes authentiques, ayant l’esprit de soumission et qui prient ensemble; – le ministère public s’exerce dans un climat de louange, simplement sans exaltation qui pourrait provoquer des effets psychologiques;
– l’accent doit porter sur la Parole proclamée, le Seigneur commence souvent à guérir, même avant la prière d’intercession; – l’équipe verra à ce que le sens profond de ce ministère soit mois en valeur afin que les gens ne viennent pas à un spectacle. Maintenir un climat de foi, de louange et d’appel à la conversion.
– le discernement s’impose lors des paroles de connaissances; – le témoignage est laissé à la liberté des gens. Aucune pression… L’ANNONCE DE GUÉRISONS DANS LES ASSEMBLÉES DE PRIERE (Comité de pastorale, Selon Sa Parole, vol. 20, no 6, juin-juillet 1994, p. 19)
– Dans une assemblée de prière charismatique, il est normal que se manifestent les charismes de toutes sortes, grâce à la vive présence de l’Esprit Saint;
– le but premier de ces manifestations, c’est toujours la conversion du coeur, un attachement plus ferme et plus fervent à Jésus-Christ. La vigilance doit donc s’exercer en regard de ce but;
– certains charismes, comme celui de guérison, attirent davantage l’attention;
– la multiplicité des messages de guérison et leur vérification soulèvent des interrogations. Ces messages doivent plutôt servir à guider et alimenter la prière d’intercession au lieu de faire l’objet d’une recherche de confirmation à tout prix;
– connaissant la générosité de Dieu dans la diffusion de ses dons déjà présents dans le coeur humain, l’abondance des annonces de guérisons ne devrait pas nous surprendre en soi. Mais, en pratique, un discernement s’impose: de qui proviennent ces messages? S’agit-il d’un charisme bien confirmé? Ces guérisons sont-elles sollicitées sans trop de discernement par celui ou celle qui exerce le ministère? Quelles sont les dispositions de l’auditoire dans les circonstances? Etc. L’évêque du diocèse devra toujours être averti de la venue d’une personne exerçant ce ministère à l’occasion d’assemblées charismatiques d’une certaine importance. L’évêque pourrait alors déléguer une personne (par exemple: le répondant diocésain) qui ait le souci de suivre de près l’exercice de ce ministère et de veiller aux vérifications qui s’imposent; Le problème principal dans les messages de guérison se rattache en effet à leur vérification. On ne peut donc trop insister sur cet aspect de la situation. « N’éteignez pas l’Esprit… Mais vérifiez tout: ce qui est bon, retenez- le » (1 Th 5,19-20).
NOTE IMPORTANTE: Lorsque des personnes hésitent à témoigner, il est désobligeant et indiscret d’insister pour qu’elles témoignent.
4 – LE SUIVI DU MINISTERE DE GUÉRISON
– Continuer d’assister les personnes guéries par un accompagnement spirituel qui leur permette d’être évangélisées et de vivre leur conversion par la prière et la pratique régulière des sacrements et les inviter à témoigner dans leur milieu;
– être attentif aux débuts de guérison. Pour que celle-ci soit totale, il est nécessaire de grandir dans la foi et dans l’amour. Si les personnes refusent les exigences de cette croissance, la guérison n’arrive pas toujours à son terme.
– à ceux qui n’ont pas été guéris, il faut rappeler le mystère d’amour de Dieu qui a tout donné pour nous sauver. Jésus répond toujours à nos prières, mais peut-être différemment de ce que nous attendons.
CONCLUSION
Les charismes de guérison ordonnés à l’évangélisation montrent la miséricorde de Dieu pour ceux qui croient en sa Parole. Ils ne doivent pas être recherchés ni exercés pour satisfaire le désir du merveilleux, mais pour le bien de la communauté, au service de la vie sacramentelle et mystique, sans que l’excès de prudence ou le respect humain éteignent notre audace missionnaire.
Publié dans Assemblée de prière».
Conclusion
Toute cette réflexion rend très dubitatif quant à l’intervention de l’Esprit Saint dans les guérisons charismatiques. Elles ressemblent beaucoup plus à la médecine des civilisations antiques, chamane, indienne, ou autres qu’à des miracles tels que la foi catholique les comprend.
Cela ne manque pas de poser des questions: comment peut-il y avoir une reconnaissance tacite de l’Eglise catholique pour de pareilles pratiques? Quel est leur statut par rapport à un exercice légal de la médecine? Elles comportent en effet un grand danger, quand on voit à quel point elles peuvent modifier une personne.
Annexe
Interview du P. Avalle
Interview du Père Thierry Avalle le 22 avril 2012
POSTED ON 10 MARS 2015 BY RENÉ LAURENTIN
Mardi 10 mars 2015
INTERVIEW PAR MONSEIGNEUR LAURENTIN
Prière pour les malades à la paroisse St Nicolas-des-Champs, itinéraire d’un prêtre vers le charisme de guérison.
Le Père Thierry Avalle organise la prière des malades chaque jeudi soir à 18h30, où se produisent des guérisons souvent annoncées. Le 22 avril 2012, je suis allé le rencontrer à l’Eglise Saint-Nicolas-des-Champs à Paris pour mieux comprendre et je lui ai fait l’interview suivant :
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[…] La femme qui m’avait donné le livre de Merlin Carothers m’a emmené dans un groupe de prière charismatique. C’était un jeudi et ce jour là, j’étais allé à la messe, car, en signe de ma conversion pour le Seigneur, j’avais décidé d’y aller une fois par semaine, en plus du dimanche. Cette femme m’avait parlé de ce qu’on appelle l’effusion de l’Esprit Saint. Je ne savais pas trop ce que c’était. Je suis donc venu avec elle au groupe ; j’étais très fatigué par mon travail. Une douzaine de personnes priaient autour d’une table, elles louaient le Seigneur. Il y avait des chants, des paroles intelligibles et des paroles en langues, et je ne comprenais pas tout ; j’écoutais simplement. A la fin de la prière, la dame a demandé qu’on prie pour moi. J’ai accepté, ils se sont mis autour de moi. J’étais assis sur une chaise. Ils ont commencé à prier en mettant la main, sur mon épaule, sur ma tête et ils m’ont dit : « As-tu quelque chose à demander au Seigneur ? » et j’ai répondu intérieurement : « Seigneur, je désire être ton instrument » puis j’ai prié pour deux personnes ; la jeune femme que j’aimais et puis un ami à Zürich qui ne voulait pas aller à l’Eglise pour des raisons diverses. Je priais pour que le Seigneur le convertisse. Une personne, qui se trouvait en face de moi, m’a dit : « Thierry, le Seigneur va faire de toi son instrument, il te bénit », et une autre parole de connaissance s’est adressée à moi en allemand : « Thierry, der Himmel ist offen » (le ciel est ouvert). A ce moment, j’avais les yeux fermés, j’ai vu le ciel s’ouvrir au dessus de moi, comme un plafond qui s’ouvre et une lumière descendre sur moi, une force venir en moi. C’est comme si on m’avait branché sur 10 000 volts. J’ai pensé aussitôt « Ah ! c’est vrai Dieu existe ! » C’est la première chose qui m’est venue et ensuite cette force a fondu sur moi. C’était comme un grand courant, un fleuve qui cassait les barrières en moi. On m’a dit après que je suis tombé en arrière et que l’on m’a retenu.
RL : Pas un courant douloureux ?
TA : Non, les gens qui étaient autour de moi me voyaient grimacer mais moi je ne souffrais pas. Et d’ailleurs la dame qui m’avait emmené a pensé : « Qu’est-ce qui lui arrive, c’est terrible ! » Elle a eu peur et elle est sortie de la pièce. C’était à la paroisse du Saint-Esprit, pas dans l’Eglise mais dans un local paroissial. Je ne sais pas combien de temps cela a duré. Les gens m’ont dit : dix minutes, un quart d’heure. Ensuite la force a baissé, j’ai repris conscience de ce qui était autour de moi. Un jeune homme était en face de moi…
RL : Vous étiez en extase, vous ne perceviez plus l’endroit ?
TA : Oui, plus aucune conscience de l’environnement. Ce jeune homme a mis la main sur mon cœur et m’a dit : « Thierry, calme-toi ! » ; à ce moment là, j’ai senti un autre cœur à côté de mon cœur. J’ai senti le cœur de Jésus à côté du mien et mes mains se sont levées et j’ai béni les personnes qui étaient autour de moi. Autrement dit, Jésus a pris possession de moi et il a béni les personnes autour de moi. Sur le moment, je subissais ; plus tard j’ai réalisé le sens de ces gestes. Puis mes mains se sont abaissées et ouvertes comme la statue du Sacré-Cœur. Mais c’est après que j’ai compris.
RL : Vous receviez quelque chose de Lui mais sans savoir encore très
bien quoi ?
TA : Exactement, je sentais de l’amour. Tout ce phénomène a duré 45 minutes. Soudain, j’ai eu très soif, j’ai dit : « J’ai soif ». Après coup, j’ai pensé : « C’est la même parole de Jésus sur la croix ». Le Seigneur m’a dit aussi : « Tu es la chair de ma chair » et aussi à un moment donné, j’ai reçu des paroles en allemand pour les autres autour de moi, dont je ne me souviens plus. Après ma langue a commencé à bouger. C’était le « parler en langues » ! Mais comme je n’y croyais pas, j’ai fermé ma bouche. Elle s’est ouverte quand même et j’ai été obligé de parler en langues. Tel est le premier signe charismatique que le Seigneur m’a donné. Le cœur de Jésus s’est rapproché de mon cœur. C’était tellement d’amour que je me suis mis à pleurer comme une madeleine. Je ne pouvais rien faire d’autre. Mes mains se sont tendues vers la personne qui était en face de moi, je l’ai prise : je l’ai serrée contre moi, j’étais téléguidé par le Christ. Puis, mes mains se sont tendues vers toutes les personnes présentes autour de moi. Je les serrai contre moi les unes après les autres et ensuite mes mains ont été tirées derrière moi. Je ne comprenais pas pourquoi, c’est tout simplement parce que deux personnes qui étaient au fond du local ne voulaient pas que je les embrasse. Ce n’était pas moi, mais c’était Jésus qui voulait les embrasser. Je pleurais : Jésus me faisait pleurer ! Elles sont venues, elles ont eu pitié de moi, je les ai embrassées, puis le phénomène a cessé. Telle fût la première soirée.
Deux jours après, j’ai appelé mon ami pour qui j’avais prié. Et je lui ai dit : « Viens voir, j’ai un truc super à te raconter ». Il arrive : il s’appelle René. Je lui raconte ce qui m’est arrivé pendant le groupe de prière. Il se met à pleurer, parce que la veille, il avait reçu l’amour de Jésus dans son cœur, lui qui ne voulait pas mettre un pied dans l’Eglise. Il s’est mis à genoux dans sa chambre. Il ne comprenait pas ce qui se passait. Je lui ai dis : « Tu vois, j’ai prié pour que le Seigneur te convertisse ».
Quelques jours après, je suis allé dans un monastère de Capucines à Fribourg. La dame, qui m’avait amené au groupe de prière de Zûrich, m’y a conduit pour témoigner dans un autre groupe de prière où elle allait aussi. A un moment, une des sœurs du monastère m’a demandé ce qui s‘était passé pour moi. Je lui racontais. Elle m’informa qu’une personne avait appelé le monastère le matin même pour annoncer sa volonté de se suicider, en gémissant : «Je n’en peux plus ». J’ai ressenti une grande angoisse et j’ai invité : «Il faut prier tout de suite pour cette personne ! » On s’est mis à prier et on avait à peine commencé que la force est revenue sur moi. Je dis : « Pour la gloire de Dieu, cette femme sera guérie ». Je ne voulais pas dire cette parole, c’est Dieu qui l’a fait. C’est la première parole de guérison que j’ai dite et je l’ai prononcée malgré moi. En ce temps là, je ne savais pas ce qu’était un charisme (Un charisme, c’est un don gratuit de l’esprit pour bâtir la communauté). Je suis tombé par terre sur le dos, j’étais pleinement conscient. La force m’a plaqué au sol, c’était la deuxième fois que cela m’arrivait, j’étais donc moins surpris.
Rl : La première fois, c’était déjà le repos dans l’Esprit mais vous n’étiez pas tombé car on vous avait retenu.
Et la deuxième fois, vous êtes tombés sans vous faire mal ?
TA : Oui sans me faire mal. Je ne savais pas comment on appelle ça, mais quand la force est passée en moi, j’étais plaqué sur le dos. J’essayais de relever un bras, la tête, je ne pouvais rien relever, je restais plaqué au sol. Ensuite j’ai laissé faire. J’ai essayé d’articuler, j’arrivais à peine à parler, j’ai dit : « Priez, priez ».
Un prêtre est arrivé, il a dit : « Thierry, lève toi ! » et, à ce moment là, la force m’a quitté, j’ai pu me lever. Et j’ai compris que ce prêtre avait aussi l’inspiration de l’Esprit Saint.
Pendant un mois, un certain nombre de phénomènes me sont arrivés. Je ne vais pas tout raconter. Par exemple, il m’arrivait de prier, j’étais à genoux et cela faisait une heure que je priais et je ne m’en rendais pas compte. Je tombais en extase. Tous ces phénomènes ont duré pendant un mois environ.
[…]
Mgr René Laurentin.
Interview publiée dans CHRETIENS MAGAZINE n° 262 de septembre 2013, page 21.