L’un des deux hommes accusés de polygamie, Winston Kaye Blackmore, aurait jusqu’à 24 femmes, selon l’acte d’accusation contre lui. Son beau-frère, James Marion Oler, est accusé du même crime et soupçonné d’avoir cumulé quatre épouses entre 1993 et 2009. Les deux hommes dirigent deux factions de l’Église fondamentaliste de Jésus-Christ des saints des derniers jours.
James Oler, le fils de Winston Blackmore, Brandon James Blackmore, et son épouse Emily Ruth Crossfield sont aussi inculpés d’avoir emmené un enfant de moins de 16 ans hors du Canada dans le but de commettre une infraction d’ordre sexuel hors du pays. Ces accusations sont en lien direct avec le chef religieux américain Warren Jeffs, qui a été condamné à la prison à vie pour des crimes similaires.
Des experts entrevoient une bataille en Cour suprême du Canada
Ce n’est pas la première fois que le procureur général de la Colombie-Britannique intente des poursuites pour polygamie. En 2011, la Cour suprême de la Colombie-Britannique a jugé que les lois canadiennes concernant la polygamie empiètaient sur la liberté de religion, mais que les torts causés par la polygamie surpassaient le droit à la liberté religieuse.
Par contre, la décision de la Cour n’était qu’un avis et n’avait rien d’obligatoire, ce qui fait que MM. Blackmore et Oler pourraient invoquer la violation de leur droit constitutionnel durant leur procès, selon le professeur de droit ontarien Nicholas Bala. Cet expert de l’Université Queen’s, à Kingston, s’attend à ce que la cause des deux hommes soit contestée jusqu’en Cour suprême du Canada, peu importe l’issue de leur procès.
Dans sa décision de 2011, la Cour suprême provinciale s’était intéressée à la polygamie de façon large à travers le monde. Cette fois, cependant, la cause criminelle des deux hommes se limiterait à ce dont on les accuse, souligne l’avocat constitutionnel Craig Ferris, de Vancouver.
Des torts intrinsèques non prouvés
Qui plus est, les deux accusés de polygamie pourraient gagner leur cause sans même plaider la violation de leur droit à la liberté de croyance, estime la professeure en droit Beverley Baines, également de l’Université Queen’s. Selon la juriste, qui croit que la loi interdisant la polygamie devrait être invalidée, la défense pourrait clamer qu’il n’existe aucune preuve que cette pratique est toujours dommageable pour les femmes et les enfants.
Une professeure de sociologie à l’Université McMaster, Melanie Heath, dit de son côté qu’on n’en sait pas assez sur la polygamie en Amérique du Nord pour dire si elle est de nature à causer des torts.
Elle estime que cela pourrait changer si des familles polygames parlaient de leurs mariages. Elle évoque aussi l’exemple de la série télé Sister Wives et une récente décision judiciaire en Utah, où une cour a invalidé la loi sur la polygamie de l’État.
source : le jeudi 9 octobre 2014
Radio-Canada avec La Presse Canadienne
http://ici.radio-canada.ca/regions/colombie-britannique/2014/10/09/001-comparution-accuses-bountiful-polygamie-creston.shtml