Si le sujet de la laïcité a souvent tendance à enflammer les débats, lorsqu’il est abordé d’une façon intelligente, on s’aperçoit que la situation n’est pas aussi tendue qu’on le croit.)
Selon Michèle Lenoir-Salfati, adjointe au sous directeur des ressources humaines au ministère de la Santé, les remontées du terrain font état « d’une situation apaisée et sous contrôle ».
« Non qu’il ne se passe rien mais les communautés hospitalières semblent gérer sans démissionner », indique-t-elle dans sa contribution au rapport d’étape de l’Observatoire de la laïcité.
« Depuis 2005 (date de la circulaire relative à la laïcité dans les établissements relevant de la FPH, ndlr) il y a eu dans les services hospitaliers, acquisition d’une expérience qui permet de repérer les situations à risque et de savoir les gérer », précise Michèle-Lenoir-Salfati.
Le discours des médias qui montent en épingle des incidents serait donc « dissonant », avec la réalité du terrain, selon le rapport. Pour les établissements privés, une initiative de 2012 de la fédération de l’hospitalisation privée a proposé une charte de la laïcité qui reprend l’essentiel des dispositions de la circulaire du 2 février 2005.
Concernant le personnel, les problèmes rencontrés concernent « le port de voile, les prières à certains moments de la journée, le souhait d’aménagement horaire pour ne pas travailler les jours de fêtes religieuses ». « Les informations dont on dispose montrent qu’avec un dialogue approprié, ces situations aboutissent à un règlement dans le respect des principes de neutralité des agents publics », affirme Michèle Lenoir-Salfati.
Patients : droits et obligations
Michèle-Lenoir-Salfati met en avant « une gestion rigoureuse et non rigoriste souvent en mesure de dénouer les crises » et de gérer « les manifestations inévitables », dans le contexte particulier de l’hôpital. « Le soin interroge le rapport au corps différent d’une culture à une autre, d’une personne à une autre. On meurt à l’hôpital et on ne peut médicaliser la mort dont le rapport peut s’enraciner dans une foi qui structure », rappelle avec justesse cette responsable RH.
D’autant que la charte du patient hospitalisé donne au patient des droits, notamment celui de« suivre les préceptes de sa religion », à condition de respecter « la liberté des autres », c’est-à-dire sans « prosélytisme » et la « garantie de pouvoir procéder aux rites et cérémonies prévus par la religion de leur choix à l’occasion des décès ». En contrepartie le patient « ne doit pas porter atteinte à la qualité des soins et aux règles d’hygiène (…) et au fonctionnement régulier du service », souligne le rapport.
Dans les faits, les principaux points de friction concernent « des récusations de personnels essentiellement des médecins concentrées aux urgences et en gynécologie-obstétrique, des incidents dans les services d’urgence, des revendications concernant la nourriture, des problèmes liés au respect des rites mortuaires et des difficultés entre patients dans les chambres partagés ».
Faut-il alors prendre d’autres mesures, suivre les préconisations du rapport Rossinot qui proposait notamment d’adapter la loi et la réglementation hospitalière en mentionnant expressément l’interdiction de récusation d’un médecin ou un personnel soignant pour des raisons religieuses ou discriminatoire ?
Une question à laquelle le rapport répond de fait par la négative : « les interlocuteurs rencontrés ne sont pas demandeurs d’instructions complémentaires ».
La religion à l’hôpital
Les récents textes comme la circulaire de 2006 relative aux aumôniers des établissements relevant de la FPH et a charte de septembre 2011 sur les aumôneries, ont « permis une clarification du statut, du rôle des aumôniers et de leur origine ». Ils sont « ancrés dans les équipes hospitalières au sein desquelles ils jouent un vrai rôle de médiateur », ajoute le rapport. Il reste à veiller à ce que les hôpitaux « ne ralentissent le recrutement des aumôniers compte tenu de leurs contraintes budgétaires », une crainte notamment relayée par l’Église catholique, précise le rapport.
source : site « actusoins » 21 JUILLET 2013 | PAR LUCAS MARTIN
relyé par MEDIAPART
Claire Dubois