Clap de fin pour Bugarach. Dans le petit village de l’Aude, supposé échapper à la fin du monde, il n’y a eu ni vaisseau extraterrestre, ni ouverture d’un vortex sur le fameux Pic, en cette nuit du 21 décembre 2012. En revanche, s’il y avait bien quelque chose d’apocalyptique à Bugarach, ce fut le temps. Et si le maire du village avait prié les autorités – prévenant ainsi le monde entier – de contenir un afflux de mystiques dans son village, le ciel s’en est finalement chargé. Ou c’est peut-être aussi que ces fameux « illuminés » venus se réfugier à Bugarach n’existaient pas.
Au total, le préfet de l’Aude a recensé un millier de personnes, dont 300 journalistes. Tous à l’abri sous les tentes du village, réunis autour d’un verre, durant cette fameuse soirée. Dans l’attente de quoi ? « La fête », souvent. Vers dix-sept heures, le ciel s’assombrit soudain, des rafales de vent balayent les pancartes posées le long de la route et la pluie se déverse en trombe. « C’est la fin du monde » ! plaisante-t-on. Non, décidément, plus personne n’y croit vraiment.
Une fête de village
Toute la nuit, la pluie ne cessera de tomber. Les journalistes finissent par partir aussi vite qu’ils sont arrivés et nous nous retrouvons vite dans un village quasi-désert. Les seules lumières que l’on voit désormais sont celles des lampes frontales ou des téléphones qui guident les derniers valeureux dans la nuit, bravant le froid.
Il est presque onze heures du soir et l’on compte désormais sur l’animation pour tenir debout. Et pourtant, à Bugarach, les établissements, que l’on comptait au nombre de quatre, n’ont pas attendu l’heure fatidique pour fermer. Au point qu’à une heure du matin, il n’y avait d’autre choix que de se rendre « chez Janou », un restaurant de spécialités locales où Claude, le DJ du coin aux platines, nous fait revivre les années 80. Sous la tente du restaurant transformée en dancing pour l’occasion, les gens boivent du crémant dans une ambiance de fête de village. Le son de la musique résonne dans la petite vallée, seul signe de vie alors que la nuit noire enveloppe la petite commune comme une chape de plomb.
A deux heures, les « survivants » de la fin du monde – ils ne sont pas plus de cinquante – posent pour une dernière photo avant de retrouver leurs lits. Les yeux rivés sur le pic, il ne se passe toujours rien. Déçus ? « On l’a vécu la fin du monde ! » s’amuse Tony, 24 ans, accompagné de trois amis, venus de Paris. « On voulait être là pour vivre un moment extraordinaire, au milieu de la nature, et on l’a fait. Elle s’est littéralement transformée quand le temps s’est changé. Il y avait quelque chose d’incroyable ». Désormais, ils s’en vont rentrer dormir. « On ne s’attendait pas à autre chose », souligne le jeune homme. A Bugarach, c’est donc ici qu’est né et s’arrête le buzz. « C’est la fin de la fin du monde », conclut un photographe, déçu, en partant dans le noir.
source : METRO