Le P. Xavier Géron, prêtre en paroisse du diocèse du Puy-en-Velay et membre de la commission formation de l’association Anne-Peggy Agapè, est chargé des cinq formations sur la vie spirituelle:
L’être humain sous le regard de Dieu; La vie spirituelle; Le combat spirituel; Le discernement spirituel; Le pardon.
Ces formations s’adressent à tous ceux qui ont participé à une retraite Agapè et elles sont ouvertes tant aux non croyants qu’à des croyants non catholiques. Il est possible de s’inscrire à une formation, sans avoir suivi les autres, ce qui laisse supposer que le contenu de chacune forme un tout.
La quatrième formation porte sur le discernement spirituel; c’est celle qui nous intéresse ici.
Pour un catholique, qu’est-ce que discerner? «C’est tout simplement se décider pour Dieu, à partir d’une conscience éclairée, au souffle de l’Esprit, pour suivre la volonté de Dieu: le meilleur pour nous.»
C’est fondamentalement une démarche de foi vécue.
Une question se pose: comment peut-on proposer une formation au discernement spirituel à un non croyant, alors qu’il s’agit de chercher la volonté de Dieu sur soi, au souffle de l’Esprit? Nous tâcherons d’y répondre après avoir analysé la présentation de la formation mise en ligne sur le nouveau site de l’Agapè.
{{Les bons choix}}
La présentation de la formation commence ainsi: «Si nous accédons à notre humanité par l’usage de notre liberté face à des choix, il convient de savoir quels sont les bons choix.» L’enjeu est d’accéder à son humanité ce qui semble dans la ligne de la spiritualité de Marcel Légaut, est parti à la recherche de son humanité en explorant toutes les possibilités dont l’humanité est porteuse. Accéder à notre humanité pourrait bien être une façon de transcender notre finitude, pour devenir nous-mêmes en accueillant et en nous appropriant ce qui se présente à nous. Cette appropriation comporterait de faire des choix et de plus les bons choix.
Les propositions pour faire les bons choix en toutes matières sont multiples sur l’internet. Cette question est à la une sur les sites consacrés à la psychologie: «Comment faire le bon choix? Nous vous proposons cinq exercices pour mieux y parvenir:
tout d’abord faire le vide en soi, identifier son désir, affûter son intuition, se relier aux autres, pour, enfin, passer à l’action en toute sérénité.»
Mais quel lien existe-t-il entre un bon choix et la liberté? Dans la spiritualité ignacienne, où le discernement spirituel tient une grande place, on fait «un discernement des esprits pour choisir entre deux choses bonnes, pour savoir laquelle est la plus appropriée, la meilleure dans cette situation particulière.»
Il ne s’agit pas du bon choix, mais du choix le plus approprié, ce qui est beaucoup plus modeste et réaliste. Bon s’oppose à mauvais: un choix serait le bon et un autre le mauvais; or par le discernement spirituel, on fait un choix entre deux choses bonnes.
Sur le site «guérison et reiki» une question est posée: «Quelle est la différence entre un bon et un mauvais choix?» Réponse: «C’est le sentiment intérieur de réussite ou d’échec, le sentiment intérieur
de s’être trompé ou non!» En conclusion pour faire les bon choix, il faut:
«Regarder les choses du bon côté, être positif, Apprendre à s’aimer, à s’accepter même lorsque l’on s’est trompé, être généreux avec soi-même.
Savoir se respecter, aimer ce qui est bon et doux pour nous. Avoir le droit d’être exigent quant à son bien-être. Cesser à tout prix de croire que nous devons souffrir pour avancer, et de croire que nous n’avons pas le droit d’être heureux. Prendre conscience que chaque option a des avantages et des inconvénients, il n’y a pas de bon ou de mauvais choix, il y a le choix que l’on fait en fonction de ce que l’on est, au moment où l’on choisit.»
Pour d’autres approches psychologiques, les mauvais choix existent: «Les mauvais choix que nous faisons sont généralement liés à un événement essentiel de notre histoire qui, souvent, se rencontre
dans notre enfance» (Psychologies.com).
De toute évidence, les bons choix sont liés à un désir d’exploiter son potentiel, à une libération des entraves.
Le P. Géron continue: «Les animaux savent par un instinct très sûr qui les avertit quelles sont les plantes qui les nourrissent et celles qui peuvent leur être nuisibles. Leur instinct remplace en eux cette faculté si précieuse qui chez nous fonde en même temps notre dignité humaine et notre liberté morale constituée de l’intelligence et de la volonté.»
Les animaux savent ce qui est bon pour eux, et pourtant ils ne font pas de bon choix. Pourquoi? Ils ont un instinct qui les guide vers les bons choix, mais chez l’homme le bon choix relève d’une faculté qui est supérieure. Elle est dite constituée de l’intelligence et la volonté et fonderait notre dignité humaine et notre liberté morale. Quelle est cette faculté constituée de l’intelligence et la volonté?
L’intelligence et la volonté ne seraient donc plus des facultés?
Il semble qu’il y ait confusion entre intelligence et raison. La liberté en effet, procède de la raison car pour qu’il y ait liberté l’homme doit pouvoir juger avant d’agir et son action doit être contingente: il
doit y avoir plusieurs actions possibles. Par la raison, l’homme juge par lui-même de ce qui est bon, à la différence de l’instinct de l’animal. Mais la liberté procède aussi de la volonté qui incline l’homme vers ce qui est bon.
Une chose est oubliée : ce que la philosophie appelle l’habitus, c’est-à-dire une disposition permanente de la volonté. Il ne viendrait pas à l’esprit d’en faire fi dans d’autres secteurs de la vie comme l’apprentissage d’un métier. Comment pourrait-on devenir performant en quoi que ce soit, si un habitus n’était mis en place à la base ? Si une caissière doit se demander pour chaque client comment on rend la monnaie, comment on se sert de la machine à calculer, etc. elle se fera
licencier ! Il en est de même dans la vie morale, dans la vie spirituelle. La liberté ne peut se réduire au libre arbitre. Elle ne peut se comprendre que si l’on reconnaît que l’homme, par nature, est un être
de culture, d’habitus, de dispositions permanentes, bonnes ou mauvaises qui disposent ses orientations. Tout choix dépend des dispositions intérieures.
Un autre élément est passé sous silence : la finalité. Faire un choix, c’est se mettre en mouvement : passer d’un état à un autre. Mais à quoi bon changer si l’on n’a pas de but ? si l’on ne sait pas où l’on va ? Où conduit un mouvement sans direction ? sans but ? sans point d’arrivée ? On ressemble à une boule lancée au hasard dans le monde. Lorsque la finalité est prise en compte, la capacité de choisir permet un entraînement pour parvenir au but. Ceci est important, car quel est notre but ?
Le P. Géron affirme ensuite: «En effet le propre de l’être humain c’est de chercher à connaître la vérité et l’ayant connue de la choisir et d’y rester fidèle.»
Le schéma proposé est simpliste: connaître la vérité, choisir, fidélité au choix. Il semble qu’il soit fait allusion à l’inclination naturelle à la vérité qui existe dans l’homme. Mais pourquoi la privilégier au détriment des autres inclinations naturelles, en particulier l’inclination au bien?
Mais qu’est-ce que la vérité?
Par définition, la vérité est à la fois présente et cachée. La vérité, c’est quelque chose de profond dont nous saisissons une certaine surface. Elle est souvent à découvrir, car elle ne se donne pas dans l’apparence. Est vrai l’être tel qu’il se dévoile à l’intelligence. Une parole est vraie, véridique, quand elle correspond à la pensée. Si la pensée correspond à ce qu’il en est, elle est vraie: elle saisit ce qu’il en est de ce qui est. S’il y a rupture volontaire, il y a mensonge; sinon erreur.
Connaître la vérité, ce n’est donc pas connaître tel ou tel aspect particulier d’une chose, mais son essence. Il suffit de rien camoufler pour être authentique, mais pas pour être vrai. Pour être dans la vérité nous devons correspondre à la vérité de ce que nous sommes, à l’être nouveau que nous sommes devenus par le baptême. Si l’orientation de notre vie va en sens contraire nous sommes dans le mensonge, même si nous sommes authentiques.
La question n’est pas de connaître la vérité, ce qui est impossible, mais de chercher la vérité et d’être dans la vérité.
Ceci est important pour faire un choix, pour exercer le discernement spirituel chrétien. Je vais donc m’y attarder bien que ce ne soit pas la préoccupation du P. Géron pour qui Dieu n’a rien à voir dans le discernement spirituel. Une question se pose en effet: est-ce que je peux être sûr de connaître la volonté de Dieu? avec une totale certitude, pour surtout ne pas risquer de se tromper. Comme si le fait d’avoir la certitude de connaître la volonté de Dieu était une garantie pour l’avenir une fois pour toutes.
La volonté de Dieu, c’est son désir pour chacun de nous. Mais la volonté de Dieu est-elle extérieure à notre désir. Faut-il abdiquer notre désir pour faire la volonté de Dieu?
Deux conceptions de Dieu, antagonistes, risquent d’apparaître quand on parle de discerner la volonté de Dieu.
· Dieu se contente-t-il de ratifier ce qui veut l’homme? Lui ayant donné la liberté, se contentet- il de promouvoir l’autonomie de sa conscience?
· Ou Dieu aurait-il un projet pour nous de toute éternité, et nous faudrait-il chercher à le déchiffrer, en faisant tout pour ne pas se tromper? Le désir de l’homme et le désir de Dieu seraient-ils exclusifs l’un de l’autre?
On ne peut connaître la volonté de Dieu qu’au creux de notre liberté, dans notre choix. Dieu a laissé l’homme à son conseil (Si). L’important c’est de discerner ce qui dans nos désirs peut venir de l’Esprit.
Ce qui suppose d’être libres de nos peurs, de ce à quoi nous tenons, de notre égoïsme, du refus de laisser une place à l’imprévisible.
Pour revenir aux propos du P. Géron, que veut dire: rester fidèle au choix de la vérité? Fidélité met en avant le lien à l’autre. La vérité connue est-elle une personne? L’exemple pris pour l’illustrer est plus que surprenant: il est tiré de la société de consommation! «Par l’intelligence, je cherche à connaître la vérité des choses qui m’entourent. Le prix des biens de consommation ne m’est jamais indifférent. Je cherche le meilleur article au meilleur prix. Puis je décide de l’acquérir et ce choix volontaire m’engage dans une responsabilité.»
Si l’on en croit le Catéchisme de l’Eglise catholique (1734), la liberté rend l’homme responsable de ses actes dans la mesure où ils sont volontaires. Le progrès dans la vertu, la connaissance du bien et l’ascèse accroissent la maîtrise de la volonté sur ses actes. Mais tout ceci est passé sous silence dans la formation donnée à l’Agapè.
Pour le P. Géron, l’homme se définit par ce qu’il aime: «Je vais dire ce que j’aime, ce que je préfère en orientant mon désir sur telle acquisition, telle destination, telle amitié, telle affection. Le conjoint auquel je donne mon consentement et que je choisis pour la vie va m’apporter une qualité unique, déployer mes richesses intérieures, morales intellectuelles, etc. comme je vais moi aussi lui permettre d‘accomplir un chemin similaire dans l’ordre de l’amour. Je me définis par ce que
j’aime.»
Être une personne, c’est pouvoir être en relation, être ouvert à l’amour et à la connaissance des autres êtres; c’est être capable d’accueillir la présence des êtres qui nous entourent. Quand la vérité de l’homme n’est plus Dieu, comme c’est le cas dans l’exposé du P. Géron, mais un «plus être»; quand l’expérience est première, le moi et l’épanouissement individuel deviennent le centre de l’existence. La relation n’est plus le propre de la personne: c’est le cas à l’Agapè! L’inclination naturelle à l’amitié, à l’amour, sont mises sur le même plan que les besoins que satisfait la société de consommation. Le choix d’un conjoint est censé apporter un épanouissement dans tous les domaines. C’est un rêve adolescent qui ne peut que conduire à la déception.
Ces considérations se terminent par une formule lapidaire inspirée de Victor Hugo: «Dis-moi qui tu aimes et je te dirai qui tu es.» Où est la foi chrétienne? Dieu est la vérité de mon être, et non pas une créature.
Nous savons par expérience que choisir n’est pas aussi simple que cela. La théorie est facile mais la pratique est un art difficile.
Tout ce qui précède est censé exposer la théorie du bon choix.
Pour un chrétien, on ne peut connaître la volonté de Dieu qu’au creux de notre liberté, dans notre choix. Dieu a laissé l’homme à son conseil (Si).
L’important c’est de discerner ce qui dans nos désirs peut venir de l’Esprit. Ce qui suppose d’être libres de nos peurs, de ce à quoi nous tenons, de notre égoïsme, du refus de laisser une place à l’imprévisible.
Une purification du coeur permet de faire un choix plus vrai. Il est aussi important de situer le choix dans la trame de notre existence, qui est faite de rencontres, d’expériences, de difficultés. À travers tout cela quelle est la meilleure façon, originale, de répondre à l’appel du Seigneur qui invite à le suivre? Le simpliste de la théorie du bon choix fait trembler si l’on pense aux conséquences tragiques que cela peut avoir.
{{Les difficultés du bon choix}}
Le P. Géron en vient alors aux difficultés du choix: «Chaque situation concrète est unique et peu se ressemblent. Les circonstances, les personnes, les aptitudes du moment font que l’hésitation, la peur, l’inconnu, le manque d’expérience peuvent paralyser et empêcher de faire un choix. En ce cas, l’indécision manifeste un manque suffisant de liberté et de maturité, d’estime et de confiance en soi.»
Les difficultés face à un choix sont ramenées à un problème psychologique: manque de liberté et de maturité, d’estime et de confiance en soi. Ce qui est la mise entre parenthèse du discernement
spirituel. Il mentionne ensuite quelques conséquences de ces lacunes au plan psychologiques: «La multiplicité des choix que la réalité offre à chacun de nous, et l’incertitude inévitable face à laquelle nous nous trouvons ressemble à un abîme. Elle peut donner le vertige ! L’impression de perdre sa liberté en prenant un engagement, la crainte de ne jamais faire le bon choix, cela peut nous empêcher de grandir.»
Le discernement spirituel: une écoute et une relation d’aide
Le besoin d’une aide se fait alors sentir: «Le discernement spirituel vient au secours de tout homme de bonne volonté, dont la conscience est droite, désireuse de faire le bien.» Le discernement spirituel est regardé comme une aide extérieure à la personne: il ne s’agit pas d’une démarche spécifiquement chrétienne. Il peut donc être une aide aussi pour le non croyant. Le discernement dit spirituel est réduit à l’écoute d’un aîné et aux conseils qu’il peut donner: «Ce discernement s’exprime à travers le conseil d’un aîné, et le plus souvent par l’écoute attentive et bienveillante qu’il peut apporter à celui qui se confie.» La formation fournit alors des règles de discernement pour aider celui qui se forme à en à aider d’autres: «Il est bon de pouvoir ainsi recevoir quelques règles de discernement : elles nous apprendrons à guider les autres, après avoir nous-même profité du conseil d’autrui et fait l’expérience enthousiasmante du choix par amour.»
L’enthousiasme qui porte un choix perd tout son poids quelques années plus tard. Une fidélité ne peut pas se fonder sur une expérience enthousiasmante…
{{Conclusion}}
Après la lecture de la présentation de la formation au discernement spirituel, à la question posée par le P. Humbrecht: «L’Agapè donne-t-elle des preuves suffisantes de catholicité?», je ne peux que répondre: NON.
Dieu est totalement absent du discernement spirituel, le choix se situe purement au plan psychologique avec un arrière-fond philosophique douteux et le discernement est transformé en écoute et en relation d’aide. Le but recherché est un développement personnel sous couvert de discernement spirituel pour pouvoir être proposé dans un centre qui se dit catholique. Faire le bon choix: c’est une proposition qui relève autant de la psychologie que de la relation d’aide, si l’on en croit les propositions de formation proposées sur l’internet.
{{Cette formation au discernement spirituel n’est qu’une vaste supercherie}}.
source :
Soeur Marie-Ancilla, o.p.
http://mancilla.op.free.fr/
{{Le pardon à l’Agapè…sur le cadavre du christianisme}}
{{ {{Le P. Xavier Géron, prêtre en paroisse du diocèse du Puy-en-Velay et membre de la commission formation de l’association Anne-Peggy Agapè, est chargé des cinq formations sur la vie spirituelle:}}L’être humain sous le regard de Dieu; La vie spirituelle; Le combat spirituel; Le discernement spirituel;
Le pardon.}}
Ces formations s’adressent à tous ceux qui ont participé à une retraite Agapè et elles sont ouvertes tant aux non croyants qu’à des croyants non catholiques. Il est possible de s’inscrire à une formation, sans avoir suivi les autres, ce qui laisse supposer que le contenu de chacune forme un tout. La cinquième formation porte sur le discernement spirituel; c’est celle qui nous intéresse ici.
Dans son rapport d’audit sur l’Agapè du Puy-en-Velay, du 31 août 2012, le Fr. Thierry-Dominique Humbrecht o.p., dominicain, écrivait: «L’idée de cette retraite est de visiter les étapes les plus anciennes de sa vie (d’avant la conception à la fin de la jeunesse), en nommant les blessures qui leurs furent éventuellement liées, et en prononçant sur elles un pardon théologal, en quoi consiste en définitive la « libération » annoncée.»
Puisqu’il s’agit d’un pardon théologal, il faut peut-être commencer par se demander ce que l’Eglise entend par pardon. Le Catéchisme de l’Eglise catholique donne quelques indications brèves et précises dans son commentaire du Notre Père: «… {{comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensés.»}}
{2842-2845 […] «Il s’agit d’une participation vitale et venant « du fond du coeur », à la Sainteté, à la Miséricorde, à l’Amour de notre Dieu. Seul l’Esprit qui est « notre Vie » peut faire « nôtres » les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus. Alors l’unité du pardon devient possible, « nous pardonnant mutuellement ‘comme’ Dieu nous a pardonné
dans le Christ ».
Ainsi prennent vie les paroles du Seigneur sur le pardon, cet Amour qui aime jusqu’à l’extrême de l’amour. La parabole du serviteur impitoyable, qui couronne l’enseignement du Seigneur sur la communion ecclésiale, s’achève sur cette parole: « C’est ainsi que vous traitera mon Père céleste, si chacun de vous ne pardonne pas à son frère du fond du
coeur ». C’est là, en effet, « au fond du coeur » que tout se noue et se dénoue. Il n’est pas en notre pouvoir de ne plus sentir et d’oublier l’offense; mais le coeur qui s’offre à l’Esprit Saint retourne la blessure en compassion et purifie la mémoire en transformant l’offense en intercession. […] Le pardon est la condition fondamentale de la Réconciliation, des enfants de Dieu avec leur Père et des hommes entre eux (cf. Jean-Paul II, DM 14).»}
Le pardon théologal est donc divin, don de l’Esprit, union au Christ donnant sa vie sur la croix. Alors comment la libération à laquelle vise l’Agapè, qui se veut être un synonyme du pardon théologal,
peut-elle être proposée à des incroyants? Ils leur est impossible de comprendre ce dont on leur parle! Comme le disait le cardinal Daneels: «Le véritable pardon est il possible en dehors de toute foi
en Dieu (ou force supérieure)? Je pense que non. Dans la Bible, c’est Lui qui nous a réconciliés pour nous réconcilier avec Lui. Le pardon n’est pas un auto produit. Le pardon est une création « à partir de rien ».
Dans le processus du pardon, il y a toujours quelque part une discontinuité. La réconciliation n’est pas le résultat de tous les préparatifs. On ne produit pas le pardon; On le reçoit de surcroît. Il
surgit « ex nihilo », il est une grâce. C’est là son point d’attache avec Dieu. Car là où le péché a abondé, la surabondance du pardon nous a transformés. C’est en reconnaissant cette surabondance à mon
égard que je puis donner d’abondance.»
Xavier Géron commence par citer la parole du Christ à la femme adultère: «Moi non plus je ne te condamne pas.» Il lit cette parole du Christ «comme la levée d’une condamnation à mort, celle que l’homme s’afflige à lui-même ou à ses proches.» Il en déduit que le pardon n’est donc pas la capacité à passer au-dessus de l’offense ou à oublier. Et alors, au lieu de parler du pardon théologal, comme on pourrait s’y attendre dans une formation à la vie spirituelle, X. Géron bifurque vers les rapports humains: si on ne télescope pas l’offense par un pardon facile, on est devant la réalité d’un conflit.
C’est l’approche psychologique du pardon que l’on trouve en surabondance sur l’internet. Par exemple dans Magazine Bien-être, on peut lire: «Qui dit pardon dit conflit à pardonner… nul besoin de pardon s’il n’y a pas de conflit à la base.» On comprend alors que le pardon présenté à l’Agapè puisse concerner des non-croyants… Qui n’est pas un jour ou l’autre impliqué dans un conflit? C’est le lot de toute vie sociale.
Une parole du Christ est retenue: il faut pardonner «sept fois sept fois! (ce qui veut dire sans cesse).»
Ce qui permet, on le comprend sans peine de soulever bien des questions: le pardon est difficile, le pardon apparaît déraisonnable, il semble faire fi de la justice. Mais sur le pardon théologal, pas un
mot! C’est vers les «modes de fonctionnements intérieurs cachés qui trouvent leur origine dans notre histoire personnelle et aussi dans notre relation avec Dieu», que s’oriente l’enseignant. Ceci est en consonance avec la présentation de l’Agapè faite par le P. Humbrecht: nommer les blessures de toutes les étapes de la vie.
Comment ceux qui ont reçu cette formation, vont-il conduire les retraitants de l’Agapè au pardon théologal, n’ayant eux-mêmes reçu aucune formation sur la question? Une réflexion du cardinal Daneels à propose du lieu culturel du pardon, peut nous éclairer:
{«On n’a jamais autant désiré être pardonné et se libérer de l’émotion de ne pouvoir pardonner et, d’autre part, on n’a jamais autant déserté le sacrement de réconciliation! Ce paradoxe est le fruit d’une
psychologisation: le pardon se réduit à une thérapie d’ordre psychologique. Or il est de l’ordre éthique ( il engage vis à vis d’autrui )et théologal ( c’est un don de Dieu ).
Le pardon réduit au registre horizontal est le résidu culturel du christianisme vidé de son vécu sacramentel. Comme dans la parabole, les vignerons se disent: « allons tuons l’héritier, nous aurons l’héritage » (Mt 21 38 ). On ne s’intéresse plus au Christ, mais seulement aux valeurs qu’il a laissées. Dans ces conditions, il est normal que le pardon déménage dans le cabinet du psychiatre et que le sacrement soit déserté. De nouvelles religiosités et les arts du bien être publient aussi des recettes » héritées » du christianisme. Plus on parle du Christ sans parler au Christ, plus nous tenons le cadavre du christianisme. Dire qu’il faut présenter la joue gauche, quand on vous a frappé sur la droite, c’est du pur idéalisme quand on ne peut se laisser aimer par le Christ outragé, ni accueillir la grâce d’un « Dieu plus grand que notre coeur. »
( 1 Jn 3,20 )»}
{{Où est la communion au Christ outragé dans les formations de l’Agapè? Elles se sont mises en place sur le cadavre du christianisme. Peut-on les dire catholiques?}}
Soeur Marie-Ancilla
http://mancilla.op.free.fr
{{Le combat spirituel à l’Agapè ou la voie du mensonge…}}
Le P. Xavier Géron, prêtre en paroisse du diocèse du Puy-en-Velay et membre de la commission formation de l’association Anne-Peggy Agapè, est chargé des cinqf ormations sur la vie spirituelle: L’être humain sous le regard de Dieu; La vie spirituelle; Le combat spirituel; Le discernement spirituel; Le pardon.
Ces formations s’adressent à tous ceux qui ont participé à une retraite Agapè et elles sont ouvertes tant aux non croyants qu’à des croyants non catholiques. Il est possible de s’inscrire à une formation,
sans avoir suivi les autres, ce qui laisse supposer que le contenu de chacune forme un tout. La troisième formation porte sur le combat spirituel; c’est celle qui nous intéresse ici.
{{Un préambule chrétien}}
la vie spirituelle est la prise en compte de la dimension spirituelle de notre nature humaine créée à l’image de Dieu, nous percevons sans difficulté, combien il est peu aisé de voir l’image de Dieu en soimême
autant, parfois, que chez autrui.» La vie spirituelle est présentée comme la vision de l’image de Dieu en soi-même et chez autrui. Mais il faut se souvenir de la sixième béatitude: «Heureux les coeurs purs, ils verront Dieu.» «L’image et la ressemblance» peut servir à décrire la dimension
ontologique de l’homme, mais ici il s’agit de sa vocation. Avoir le coeur purifié des vices et rempli des vertus qui nous rendent semblables à Dieu, voilà la vocation de l’homme. Par les vertus, l’homme retrouve l’image et la ressemblance qui lui avaient été données lors de la Création. Et plus: il en déploie toutes les virtualités; il devient fils dans le Fils.
Ainsi le dessein éternel de Dieu est accompli:
faire des hommes ses fils adoptifs. Ceci implique une synergie entre la grâce de Dieu et l’activité du libre arbitre. C’est par l’exercice de son libre arbitre que l’homme opte pour la vertu, avec l’aide de Dieu. Et c’est parce que l’homme a choisi le mal que son libre arbitre n’a plus été au service de sa vocation de fils adoptif, par la perfection de la charité. Il est devenu fragile, attiré par les passions.
Tout le combat spirituel en découle. Mais tout ce qui vient d’être dit semble ignoré par le formateur.
Le P. Xavier Géron a vu cependant que le mal tient une place dans le combat spirituel, et l’exprime àl’aide d’une phrase de saint Paul qui décrit l’état mélangé de servitude et de liberté, qui est celle des
chrétiens: nous sommes soumis à l’esclavage du péché.
Il dit: «La réalité du mal est trop évidente pour penser que la vie spirituelle consisterait à nier ce mal, sinon à l’ignorer. Le mal est en nous, comme il est dans le coeur de nos frères et soeurs en humanité.
Ce mal nous tient dans une forme de servitude au point que nous disons : « le mal que je fais, je ne veux pas le commettre et pourtant je le fais, en sorte que le bien qui est à ma portée et que je voudrais réaliser, je ne le fais pas.»
On s’attendrait donc à voir présenter le combat spirituel comme un chemin pour notre coeur. Mais nous quittons brusquement le plan de la vie spirituelle chrétienne pour entrer dans des considérations psychologiques.
{{Psychologisation du combat spirituel}}
Au lieu du péché, il est question de «Blessure, esclavage, dépendance, handicap, liens, tous ces mots traduisent la conscience que nous avons de ne pas pouvoir vivre comme nous aimerions.» Dieu n’est pas la référence, mais l’image que j’ai de ce que je voudrais être.
Et au lieu du combat contre les vices et du progrès dans vertus qui font grandir dans la liberté avec la grâce de Dieu, nous sommes mis en présence d’une règle de vie à choisir. «Choisir d’être fidèle à une
règle de vie engage nécessairement à une forme de violence intérieure, de force suffisante pour tenir la barre malgré les courants contraires: c’est le combat spirituel.» Dieu est totalement absent: il faut choisir une ligne de conduite, choisir des valeurs pour guider sa vie. Il pourrait bien y avoir aussi des emprunts à la PNL qui permet de réorienter sa vie en fonction de ses objectifs et de ses valeurs.
Ce choix d’une ligne de conduite est du pur pélagianisme, comme le montre le contexte: «Choisir d’être fidèle à une règle de vie engage nécessairement à une forme de violence intérieure, de force
suffisante pour tenir la barre malgré les courants contraires: c’est le combat spirituel.» Le combat spirituel n’est pas une violence contre soi: cette violence est une forme d’esclavage. C’est l’attrait pour le bien qui met sur la route du combat spirituel. Lorsque le coeur trouve sa volupté dans le bien, il se met à courir en quelque sorte pour l’atteindre et trouve là la force de se détourner peu à peu du mal. C’est Dieu qui nous attire par des liens d’amour.
Mais la clé de lecture donnée par le P. Géron est tout autre: «Le combat spirituel est le moyen incontournable par lequel le Créateur me propose de participer à la libre création de mon humanité.
Si j’existe en tant qu’être humain avec un donné de base, il me faut encore acquiescer à ce projet, le ratifier par mes choix personnels et concrets dans la vie de tous les jours, dans tous les détails qui
tissent mon existence, la plus banale soit-elle. Vivre le combat spirituel c’est accepter de relever le défi de dire oui à la plus belle part de mon humanité et de la préparer pour qu’elle s’épanouisse jusque dans la vie éternelle.»
Adieu la tentation, l’épreuve, la lutte contre le Mal pour grandir dans la sainteté, dans un oui à Dieu. Un projet de développement personnel est proposé à la place: participer à la libre création de son humanité, dire oui à la plus belle part de son humanité promise à un épanouissement… jusque dans la vie éternelle. C’est une exaltation de soi qui a pris la place de la ressemblance de Dieu, ressemblance par la charité, que l’on croyait lire en filigrane derrière l’image et la ressemblance.
La vie éternelle couronne le tout: ell est un total épanouissement de ses possibilités!
La vie belle épanouie, la création de sa vie telle qu’on la désire, le développement de ses potentiels,
l’amélioration de sa vie en le décidant et en se mettant aux commandes, n’est-ce pas le but du coaching? Et dans la logique de cette approche de l’existence, la vie éternelle devient l’épanouissement d’une vie qui a développé toutes ses potentialités. On peut comprendre que dans
ces conditions, le combat spirituel puisse être proposé à des non croyants…
Soeur Marie-Ancilla
http://mancilla.op.free.fr
{{La vie spirituelle à l’Agapè : Se déifier en déployant son potentiel}}
Le P. Xavier Géron, prêtre en paroisse du diocèse du Puy-en-Velay et membre de la commission formation de l’association Anne-Peggy Agapè, est chargé des cinq formations sur la vie spirituelle : L’être humain sous le regard de Dieu ; La vie spirituelle ; Le combat spirituel ; Le discernement spirituel ; Le pardon.
Ces formations s’adressent à tous ceux qui ont participé à une retraite Agapè et elles sont ouvertes tant aux non croyants qu’à des croyants non catholiques. Il est possible de s’inscrire à une formation, sans avoir suivi les autres, ce qui laisse supposer que le contenu de chacune forme un tout. La deuxième formation porte sur la vie spirituelle ; c’est celle qui nous intéresse ici.
{{La destinée de l’homme: devenir dieu par adoption?}}
Le P. Géron commence par une citation d’Irénée, Père grec du IIe siècle, très connue pour montrer ce vers quoi toute l’existence de l’homme est tendue: «La gloire de Dieu, c’est l’homme vivant, et la vie de l’homme c’est de voir Dieu». Il constate qu’il est impossible à l’homme de réaliser ce projet de Dieu sur lui. Ce projet – qu’il serait plus juste d’appeler dessein – consiste en la divinisation: le P. Géron se place donc dans le cadre de la théologie des Pères grecs.
Il donne une définition de la divinisation: «la promesse que l’homme deviendrait dieu comme Dieu à la seule différence que Dieu l’est par nature et l’homme le serait par adoption.» Si le formateur à l’Agapè connaît quelques lieux communs des Pères de l’Eglise, on s’aperçoit que leur contenu lui échappe. Il nous faut donc nous arrêter sur la signification des expressions «devenir dieu» et «adoption», réunies ici en un raccourci saisissant qui ne tient aucun compte du sens des mots employés.
{{Qu’en est-il pour les Pères grecs?}}
Nous portons l’empreinte de l’insaisissable divinité par le mystère qui est en nous, d’où notre incapacité à comprendre ce qu’est l’image de Dieu que nous portons en nous. Pour eux, participer à la vie divine présente en nous – ce que traduit l’image céleste -, devenir dieu par participation, est en étroite relation avec notre comportement moral; nous devenons dieux par la charité. La déification est une participation libre et consciente à la vie divine; c’est donc par les vertus qu’elle peut en quelque sorte se mesurer. Ainsi lorsque les Pères affirment que l’homme est créé participant de la nature de Dieu, ils disent que des semences de vertus se trouvaient naturellement en lui. Elles pourront grandir grâce au don du Saint-Esprit que le Christ nous fait lorsque nous l’accueillons dans la foi. L’Esprit, qui répand la charité dans nos cœurs, nous apprend non seulement à pratiquer les commandements de Dieu mais il nous procure aussi l’adoption filiale selon la grâce par la foi. Maintenant, nous possédons les arrhes de notre déification, mais elle ne sera plénière que dans le face à face. La déification est la vocation finale de notre existence ici-bas.
{{«L’homme vivant»… par le développement personnel?}}
Il semble que toute cette approche de la déification des Pères ait échappé au P. Géron, puisque pour lui il faut «Accueillir un tel projet révélé par Dieu» en s’appuyant sur l’expérience de ceux qui nous ont précédés. La déification est présentée comme extérieure à l’homme, comme un projet à accueillir; alors que nous étions en droit d’attendre qu’il soit question de la vie morale, des vertus. Elle est présentée comme un projet que Dieu met sous nos yeux, alors que l’Ecriture parle du dessein de Dieu: nous sommes discernés dans l’Agneau immolé avant la fondation du monde.
Le projet en question se réalisera dans le futur, au Paradis. Il ressemble étrangement à une proposition qui nous serait faite pour guider notre vie: nous devons l’accueillir, la connaître, la réaliser et elle atteindra son achèvement à la fin. Il ressemble encore à un programme, un itinéraire, un idéal, qui nous serait présenté par Dieu pour que notre vie porte du fruit. Nous aurions un plan devant les yeux et nous le mettrions en acte dans notre vie de tous les jours, avec des moyens qui nous seraient donnés pour faire le chemin.
Voilà la vie spirituelle telle qu’elle est présentée par le P. Géron. Elle est un déploiement de nos capacités que nous devons mettre en œuvre: «En les vivant ici-bas, nous serons comblés par la gloire de Dieu. Nous avons des capacités d’aimer, de connaître Dieu et notre prochain que nous ignorons souvent. Entrer dans la vie spirituelle c’est prendre en compte toute la dimension de sa personne humaine et la déployer selon ses meilleures aptitudes.» Nous avons peut-être ici son interprétation de l’homme vivant d’Irénée cité en commençant?
La vie spirituelle semble être une question de performance, de découverte et de déploiement maximum de nos capacités: la gloire de Dieu en sera la récompense. Ne serait-elle pas plutôt de l’ordre de la conversion, de la relation à Dieu?
Sous couvert de retour à la richesse de la tradition, les Pères de l’Eglise sont récupérés pour justifier un recours au développement personnel ou autres doctrines similaires. Ce messianisme terrestre trouvera son prolongement et son achèvement dans un au-delà vu comme un accomplissement des capacités de l’homme.
Sœur Marie-Ancilla
http://mancilla.op.free.fr/
{{Une théologie schizophrène à l’Agapè : L’être humain sous le regard de Dieu}}
Le P. Xavier Géron, prêtre en paroisse du diocèse du Puy-en-Velay et membre de la commission formation de l’association Anne-Peggy Agapè, est chargé des cinq formations sur la vie spirituelle : L’être humain sous le regard de Dieu ; La vie spirituelle ; Le combat spirituel ; Le discernement spirituel ; Le pardon.
Ces formations s’adressent à tous ceux qui ont participé à une retraite Agapè et elles sont ouvertes tant aux non croyants qu’à des croyants non catholiques. Il est possible de s’inscrire à une formation, sans avoir suivi les autres, ce qui laisse supposer que le contenu de chacune forme un tout. La première formation porte sur L’être humain sous le regard de Dieu ; c’est celle qui nous intéresse ici.
La formation «L’être humain sous le regard de Dieu» est comme le portail d’entrée dans les formations à la vie spirituelles dispensées au Puy-en-Velay. Elle semble être le fruit de l’audit réalisé par le P. Humbrecht: il avait demandé de revoir l’anthropologie chrétienne de B. Dubois.
L’anthropologie chrétienne, c’est l’étude de tout ce qui concerne l’homme et son environnement à partir de la foi chrétienne. En perspective chrétienne elle prend en compte la dimension transcendantale en tout homme ainsi que la dignité de la personne humaine en raison même de son origine: créée à l’image de Dieu. C’est donc une partie de la théologie. Les premiers points abordés par le P. Géron répondent à des questions sur l’origine et la destinée de l’homme; sur sa dignité, sur le prix de sa vie. La question du mal et de la souffrance trouve bien sûr sa place.
Les questions suivantes sont plus surprenantes: Qui sommes-nous? Comment fonctionnons-nous? Quels sont nos ressors intérieurs, souvent cachés et que nous avons du mal non seulement à percevoir mais aussi à diriger?
Qui suis-je? c’est la question à laquelle on est confrontée pour prendre le chemin de l’éveil, la question posée par les thérapies holistiques. Trouver son identité, sa place, reconnaître les comportements qui nous appartiennent et ceux dont on a hérité et remettre chacun (personnage et événements) à sa place réelle, voilà les questions posées par ces courants. Comprendre comment nous sommes et comment nous fonctionnons est aussi une question qui est au cœur de l’Analyse Transactionnelle.
Cette formation a pour but de «conduire à retrouver la joie de la beauté promise à tout homme.» Mais comment retrouver la beauté de l’image avec un pareil parcours? Pourquoi se demander qui nous sommes après avoir parlé de la déification? Comment retrouver notre beauté sans les vertus? sans la foi, l’espérance et la charité? Le Catéchisme de l’Eglise catholique décrit de façon claire et ramassée, le lien entre les vertus, humaines et théologales, et la participation à la nature divine – point de départ de la formation proposée à l’Agapè comme ouverture des formations à la vie spirituelle:
1812 Les vertus humaines s’enracinent dans les vertus théologales qui adaptent les facultés de l’homme à la participation de la nature divine (cf. 2 P 1, 4). Car les vertus théologales se réfèrent directement à Dieu. Elles disposent les chrétiens à vivre en relation avec la Sainte Trinité. Elles ont Dieu Un et Trine pour origine, pour motif et pour objet.
1813 Les vertus théologales fondent, animent et caractérisent l’agir moral du chrétien. Elles informent et vivifient toutes les vertus morales. Elles sont infusées par Dieu dans l’âme des fidèles pour les rendre capables d’agir comme ses enfants et de mériter la vie éternelle. Elles sont le gage de la présence et de l’action du Saint Esprit dans les facultés de l’être humain. Il y a trois vertus théologales : la foi, l’espérance et la charité (cf. 1 Co 13, 13).
Le but d’une vie vertueuse consiste à devenir semblable à Dieu (S. Grégoire de Nysse, beat. 1 : PG 44, 1200D).
{{Pour X. Géron, par contre, la déification et le comportement de l’homme semble former deux rails parallèles.}}
Sœur Marie-Ancilla