Depuis le début du procès devant la cour d’appel de Paris, le 3 novembre, la défense avait soulevé de nombreux points de droit qui, s’ils avaient été jugés sérieux par la cour, auraient pu entraîner un renvoi des débats. Mais tous avaient été écartés.
En ouvrant l’audience jeudi, la présidente, Claudine Forkel, a annoncé qu’une neuvième question prioritaire de constitutionnalité (QPC), déposée par la défense dans l’espoir d’une transmission à la Cour de cassation, avait elle aussi été rejetée.
« Nous décidons la mort dans l’âme de renoncer à notre mission », a alors annoncé Me Jean-Marc Florand, l’un des avocats de l’Association spirituelle de l’Eglise de Scientologie Celebrity Centre.
Tous ses confrères de la défense se sont associés à cette déclaration et ont quitté la salle. Après une suspension d’audience, les prévenus ne sont pas revenus non plus.
La présidente a annoncé que le procès se poursuivrait, et la cour a entamé l’examen des faits.
Cependant, en l’absence des prévenus mais aussi des victimes – puisque les quatre anciens adeptes à l’origine des plaintes se sont désistés – les débats vont être considérablement raccourcis. Ils devraient s’achever jeudi 24 novembre, et non le 1er décembre comme initialement prévu, a annoncé la présidente, « à moins que les prévenus ne reviennent ».
Restent sur le banc des parties civiles l’association de lutte contre les dérives sectaires Unadfi et le Conseil national de l’ordre des pharmaciens.
« Cures de purification »
Plusieurs prévenus se voient en effet reprocher un « exercice illégal de la pharmacie », ayant trait aux vitamines que les adeptes doivent ingérer lors de leurs « cures de purification ».
Ce départ « n’est absolument pas une dérobade », a affirmé devant la presse le porte-parole de la Scientologie, Eric Roux.
« Nous cessons de cautionner un procès faussé et inéquitable, dans lequel les droits élémentaires de la défense nous ont été déniés », a-t-il ajouté.
L’Eglise de Scientologie s’est plainte dans un communiqué de n’avoir pu examiner comme elle le souhaitait, « au mépris des règles procédurales », des pièces du dossier relatives à la présence au procès de l’Unadfi, qu’elle conteste.
Elle a aussi annoncé qu’elle s’associait à une plainte pour vol déposée par une de ses anciennes présidentes, « suite à une disparition » de certaines de ces pièces.
« Les avocats de la Scientologie ont pris la poudre d’escampette, c’est-à-dire qu’ils fuient leurs responsabilités », a déclaré devant la presse Me Olivier Morice, avocat de l’Unadfi.
C’est, selon lui, « un signe de très grande faiblesse » et « un profond mépris pour la justice ». « Depuis le début du procès, leur stratégie était suicidaire », a-t-il estimé.
Les deux principales structures de la Scientologie française -le Celebrity Centre et sa librairie SEL- avaient été condamnées à des amendes respectives de 400.000 et 200.000 euros lors du procès de première instance, en 2009.
Cinq scientologues, dont le « dirigeant de fait » du mouvement parisien, Alain Rosenberg, avaient écopé de prison avec sursis et d’amendes, et avaient également fait appel.
Considéré comme une religion aux Etats-Unis et dans quelques pays européens, le mouvement fondé en 1954 par l’écrivain américain de science-fiction Ron Hubbard a été classé parmi les sectes, en France, dans un rapport parlementaire de 1995. Il revendique 12 millions d’adeptes dans le monde et 45.000 dans l’Hexagone.
Source : AFP Par Pascale JUILLIARD