Condamnée pour « escroquerie en bande organisée » en octobre 2009, la Scientologie française a été sauvée in extremis de la dissolution. Un procès en appel devrait se dérouler à la fin de l’année 2010.
Paraissant à cette occasion, le livre d’Emmanuel Fansten, journaliste spécialiste de la question, propose une radiographie de cette secte pas comme les autres, sur laquelle aucun livre-enquête n’est paru depuis vingt ans.
Ici, l’auteur s’intéresse moins à la Scientologie en tant que mouvement sectaire ou religieux qu’au système ou lobby, et à tous les enjeux de pouvoir liés à son implantation dans le paysage cultuel.
En l’espace de cinquante ans à peine, cette secte, fondée par un modeste auteur de science-fiction américain, est devenue la plus riche au monde. Elle bénéficie même, dans son pays d’origine, du statut de religion.
En France, après une période de vigilance contre les sectes, dans les années 1990, les pouvoir publics ont baissé la garde. Nicolas Sarkozy, au ministère l’Intérieur en 2002, a marqué les esprits en serrant la main du plus célèbre ambassadeur de la secte, Tom Cruise, lors d’une rencontre hautement médiatisée à Bercy, se faisant le héraut d’une conception controversée de la laïcité.
Emmanuel Fansten montre comment la Scientologie a réussi à s’infiltrer dans une partie de l’institution judiciaire et jusqu’aux plus hautes sphères de l’Etat. Dans les couloirs de l’Assemblée nationale, au Sénat, dans les palais de la République, elle a obtenu un accès privilégié. Pour décrypter ces liaisons dangereuses, Emmanuel Fansten s’est appuyé sur des notes ministérielles confidentielles et le témoignage inédit de parlementaires, de magistrats et de policiers des Renseignements généraux.
Son enquête lève aussi le voile sur les sources réelles de financement de la Scientologie en France et ses connexions avec la maison mère américaine. Elle décrit comment la Scientologie recrute efficacement de nouveaux adeptes dans le monde du travail, et montre en quoi son statut constitue un point de friction déterminant dans les relations internationales, qu’il s’agisse des relations franco-américaines ou du lobbying que la secte exerce dans les différentes institutions européennes.
Une telle volonté d’expansion, se soldant par des réussites répétées, mais orchestrée avec une démesure devenue par trop visible, ne pouvait rester sans susciter d’opposition. Emmanuel Fansten explique pourquoi l’arrivisme frénétique de la Scientologie pourrait finir, à moyen terme, par causer sa perte.
Source : présentation de l’éditeur
Emmanuel Fansten, Editions Robert Laffont, octobre 2010