{{Le Soir
ANDRIES,CHLOE
Mercredi 9 juin 2010}}
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C’est une silhouette pas plus épaisse qu’une brindille qui s’avance à la barre. Perdu dans une veste claire, dos vaguement voûté, mine grise et crâne dégarni, Louis Vliegen n’a rien d’un guérisseur au verbe acéré et à l’allure de gourou. Cet homme passe-partout, aux airs de prof à la retraite, peut-il vraiment être « le » Louis Vliegen, celui que les témoins du dossier dépeignent comme charismatique, manipulateur, au point d’avoir poussé en 2002 Mme Schommers, alors atteinte d’un cancer de l’estomac, à arrêter ses traitements ?
Peut-il avoir été le relais de la Biologie totale en Belgique, ce courant pseudo-scientifique à la mode qui prétend guérir toute maladie par la résolution de conflits psychologiques ? C’est en tout cas à ce petit homme sans apparat que le tribunal de Liège demande de répondre, ce mardi, d’exercice illégal de la médecine, homicide involontaire et escroquerie. « Non, je ne reconnais aucune de ces préventions », entame-t-il faiblement. C’est un interrogatoire fouillé de plus de trois heures qui commence. Point par point, détail après détail, la mine grise joue la carte du psychothérapeute à la déontologie sans faille, au parcours sans faute, bien intégré dans le corps médical, victime de mauvaises interprétations en cascade de la part de ses « clients ».
« Je ne suis pas un guérisseur, sourit-il. Je ne travaille que sur l’âme, la relation, je ne peux donner aucun traitement. Je travaille sur le sens du symptôme et pas sur le symptôme. » Intéressant : trouver le sens psychologique d’une maladie, n’est-ce pas justement ce qui permettrait de guérir n’importe quel cancer selon la Biologie totale ?
Lorsqu’une ancienne patiente de Vliegen atteinte de diabète affirme que ce dernier lui a conseillé d’arrêter son traitement, « ment-elle ? », demande la présidente. « Elle met les choses sur un autre plan (…). C’est elle qui souhaitait arrêter le traitement comme résultat de ma thérapie », répond le prévenu.
{{« Le positif et le négatif »}}
Louis Vliegen martèle qu’il n’adhère pas totalement à la Biologie totale. « Le Dr Hamer, par exemple, est contre tout traitement. En cela, il est dangereux », explique-t-il. Lui, à l’inverse, aurait réussi à garder le meilleur de cette théorie, tout en évitant les dérives. Quand on lui pose des questions sur ce courant, il prend une soudaine assurance, rit à certaines questions, demande à la juge si elle fait bien la différence entre le côté théorique et pratique de son propos.
« La Biologie totale, je connais bien, ça oui. Et je connais le positif et le négatif aussi », martèle une énième fois le prévenu. Sauf que pour certains éléments du dossier, comme une conférence de 1997 dans laquelle il avait clairement indiqué qu’il était possible de guérir du cancer par la Biologie totale moyennant quelques conditions, le ministère public signale : « On était bien loin de la prudence qui est la vôtre aujourd’hui. »
L’homme reconnaît le côté « provocateur » du titre, qu’il a modifié par la suite. Quant à une autre bizarrerie du dossier, un certificat manuscrit que Louis Vliegen avait demandé expressément à l’un de ses patients, et dans lequel l’homme affirme arrêter sa radiothérapie sur sa propre initiative : « A cette époque, je faisais l’objet d’attaques insinuant que je faisais arrêter des traitements médicaux. » Alors, bouc émissaire ou guérisseur de pacotille ? L’audience reprend dans une semaine.