LE MONDE | 25.05.09
‘ambiance studieuse reflète davantage les activités d’un centre de formation que celles d’un lieu de culte. Attablés devant des ouvrages ou reçus individuellement dans des petites pièces par des « conseillers-formateurs », les membres de » l’association spirituelle de l’Eglise de scientologie d’Ile-de-France », située dans le 12e arrondissement de Paris, s’initient à la dianétique, une » science de santé mentale » théorisée depuis les années 50 par le fondateur de la scientologie, l’Américain Ron Hubbard.
L’Eglise de scientologie, qui en France revendique en vain le statut de culte, admet que ses croyances ne relèvent pas d’une religion révélée mais qu’elles sont fondées sur l’idée que » chaque homme peut travailler à son salut personnel ». Elle célèbre néanmoins « des mariages, des baptêmes et des funérailles ». Les ouvrages, les paroles et la personnalité du fondateur, ancien auteur de science-fiction mort en 1986, sont au coeur de la méthode » d’éveil personnel » instituée par l’Eglise de scientologie.
L’association fait commerce de ses écrits et, usant d’un jargon psycho-spirituel mâtiné de vocabulaire de science-fiction, vend des stages de formation, des » packs de purification », associant cures de vitamines et séances de sauna.
{{REMBOURSEMENT DES FRAIS}}
A la base de ce « programme », un test de personnalité est proposé systématiquement par les scientologues aux adhérents potentiels. En quelques minutes, l’électromètre, un appareil électrique basique, est censé mesurer les variations de l’état mental du sujet ; les formateurs en tirent des conclusions sur sa personnalité et lui prescrivent ses besoins en accompagnement. Procédant par « niveaux », ces formations doivent permettre à chacun » d’avancer à son rythme », indique-t-on chez les scientologues. Le but étant de parvenir à l’état de « Clair », débarrassé de toute influence négative. » Pour se sentir mieux ou pour progresser, certaines personnes sont prêtes à payer cher pour aller au Club Med ou passer une année dans une université américaine », se défendent les responsables de la scientologie, pour qui l’engagement de leurs » fidèles » relève aussi d’un investissement personnel.
Echaudée par des plaintes d’adeptes mécontents des résultats obtenus, l’Eglise de scientologie a institutionnalisé le remboursement des frais en cas d’insatisfaction. Cette option a sans aucun doute évité des poursuites pour escroquerie à l’association. Quant aux histoires plus anciennes, elles font l’objet « de médiation et de dédommagements », une méthode également assumée par les responsables de la scientologie.
La puissance financière et le travail de lobbying de l’Eglise s’appuient principalement sur ses fondations américaines. Aux Etats-Unis, la Scientologie est considérée comme une religion et adoptée officiellement par des têtes d’affiche, comme l’acteur Tom Cruise.
Dans la plupart des pays où elle est implantée, la Scientologie est considérée comme un culte ou comme une entreprise commerciale. » Dans le monde entier, les livres de Ron Hubbard sont disponibles dans les bibliothèques municipales ; il n’y a qu’en France que cela pose problème », assure Danièle Gounord, la porte-parole de la Scientologie à Paris.
En Europe, la France, la Belgique et l’Allemagne demeurent les quelques pays où l’Eglise, soupçonnée de dérives sectaires et d’escroqueries, peine à se développer. Le nombre de ses membres français ne dépasserait pas 3 000, dont quelques centaines constitueraient son noyau dur.
Stéphanie Le Bars
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/05/25/une-entreprise-commerciale-qui-promet-l-etat-clair_1197664_3224.html