Créé le 19.05.09 à 15h50
SECURITE – {{Georges Fenech, son président, a évité d’employer le mot de «liste», trop sensible. Pourtant, le besoin de repérer les groupes sectaires demeure…}}
Ne pas répéter l’erreur de 1995. Georges Fenech, nommé à la tête de la Miviludes depuis le début de l’année, a relancé le débat ce mardi sur la nécessité de recenser les mouvements sectaires. En évitant soigneusement de prononcer le mot de «liste», trop sensible.
Quinze ans plus tôt, un groupe parlementaire étudiant ce phénomène avait publié à partir d’informations des Renseignements généraux une liste d’environ 200 noms, vivement critiquée par les organisations citées, qui s’estimaient stigmatisées. Dix ans après, Jean-Pierre Raffarin avait demandé quelques jours avant son départ de Matignon «le retrait de cette liste noire». En février 2008, c’était au tour d’Emmanuelle Mignon, alors directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy, de s’ériger contre cette liste «scandaleuse», provoquant au passage une vive polémique en déclarant que les sectes étaient un «non-problème» en France.
{{Liste rapidement devenue obsolète}}
Entre temps, cette liste est vite devenue obsolète, de nombreux mouvements ayant rapidement changé de nom ou d’adresse.
Georges Fenech souhaite donc plutôt établir «un référentiel» des dossiers concernant les mouvements sectaires. «Etablir une liste exhaustive des mouvements sectaires n’est pas dans notre domaine de compétence, mais nous savons définir ce qu’est une dérive sectaire», a-t-il expliqué en présentant le rapport annuel de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, au Premier ministre ce mardi.
Juridiquement, la secte, comme la religion, n’est pas définie dans la loi française. Respectant la liberté de conscience, l’Etat se borne à lutter contre les dérives sectaires et non pas les sectes elles-mêmes.
{{Les sectes déjà recensées en interne}}
Un outil interne à la Miviludes permet déjà de réunir les dossiers concernant les mouvements sectaires, à partir des signalements ou des plaintes reçues. «Nous avons commencé à élaborer cet outil qui se veut fiable, pour être en mesure de renseigner ceux qui nous interrogent», a précisé Georges Fenech, citant les magistrats, les élus, les maires.
Afin de ne pas tomber dans l’écueil d’un listing rapidement obsolète et arbitraire, «notre référentiel respectera le contradictoire», a expliqué le président de la Miviludes. Autrement dit, «les organisations mentionnées pourront faire leurs observations et éventuellement modifier leurs pratiques. Ce travail de recensement sera à la disposition des professionnels. La question de le publier ou pas est actuellement soumise à l’arbitrage du Premier ministre», a ajouté Georges Fenech, qui prône une mise en ligne sur Internet, comme cela se fait en Belgique. Contacté par 20minutes.fr, Matignon ne s’était toujours pas exprimé sur la question ce mardi après-midi.
C. F. (avec agence)
20 minutes