actu-match | Mercredi 15 Avril 2009/ Marie Desnos – Parismatch.com
{{Un couple de quinquagénaires a été mis en examen lundi pour « maltraitance et privation d’aliments et de soins » à l’égard de leurs huit enfants, âgés de 7 à 17 ans. Des conditions de vie apparemment volontaires, de la part des parents musulmans à tendances sectaires.}}
Un adolescent rachitique, le visage en sang et le corps tuméfié, fouillant les poubelles, pieds nus et grelotant. C’est cette image d’horreur qui a alerté des voisins, sur une nouvelle affaire de maltraitance familiale, qui prend scène cette fois à Banyuls-sur-Mer, dans les Pyrénées-Orientales. Un couple a été mis en examen, lundi, pour « maltraitance et privation d’aliments et de soins » à l’égard de leurs huit enfants, âgés de 7 à 17 ans. Agés de 49 et 50 ans, ils ont été écroués à la maison d’arrêt de Perpignan.
Ceux-ci vivaient selon une pratique très stricte de l’Islam, selon le procureur de la République de Perpignan, Jean-Pierre Dréno. Ils vivaient surtout au rythme de pratiques « sectaires », reclus, leur père refusant de les confronter au monde extérieur, trop malsain pour eux à son avis. Les enfants étaient régulièrement battus ; ils manquaient en tout cas évidemment de soins et de nourriture. Les filles (voilées), âgées de 13 et 15 ans, ne pesaient que 22 kilos chacune. Trois des enfants ont été hospitalisés pour malnutrition ; les autres ont été placés en foyer.
« Vu son état plus qu’inquiétant (du jeune homme de 16 ans, qui ne pesait que 32 kg pour 1,65 m, ndlr) dès qu’on est arrivés sur place, on a appelé les pompiers », raconte un des gendarmes qui s’est rendu sur place en réponse à l’appel des passants vendredi dernier. « Il s’exprimait de manière confuse », poursuit-il sur Le Post, « et n’a pu être entendu qu’après avoir été hospitalisé. » A l’hôpital Saint-Jean de Perpignan, l’adolescent dira aux enquêteurs « avoir été frappé par sa mère pour avoir volé une poignée de sucre dans la cuisine ».
La sous-nutrition pour « purifier l’esprit »
C’est ainsi qu’une enquête a été ouverte sur cette famille inquiétante. Lors de sa garde à vue, le père, un marchand ambulant, aurait expliqué aux enquêteurs que l’amaigrissement était un signe de « purification de l’esprit et de réussite de l’éducation des enfants ». Aucun précepte de l’islam ne prônant l’ascèse des enfants, le procureur a estimé que ce mode de vie était en fait « identique à un fonctionnement sectaire au sein de sa propre famille ».
Lors de la perquisition du domicile, situé au rez-de-chaussée de la cité HLM du Puig, les gendarmes ont découvert un logement « spartiate, sans mobilier, des chambres sans lit, avec des couvertures en guise de matelas, le frigo presque vide », selon Jean-Pierre Dréno.
Trois enfants, les plus jeunes, étaient néanmoins scolarisés, ce qui fait s’interroger sur la vigilance des instituteurs… Mais comme souvent, la famille était « en apparence sans histoires », selon les témoignages recueillis par L’indépendant au pied de la cité. Les parents encourent une peine de sept ans de prison.