SAN ANGELO, Texas — Le monde extérieur leur était dépeint comme hostile et immoral. Les quelque 400 enfants récemment retirés d’une secte mormone au Texas ne devaient pas franchir les murs blancs du complexe, sous peine de damnation éternelle. Devant leurs craintes, les services de protection de l’enfance vont faire appel à des experts de la santé mentale et du comportement pour veiller à leur adaptation.
Aujourd’hui, les enfants de l’Eglise fondamentaliste des saints des derniers jours (FLDS), communauté dissidente d’inspiration mormone qui prône la polygamie, pourraient être placés dans des familles d’accueil, dans le cadre d’une initiative qui pourrait exiger le recours à une assistance psychologique de grande ampleur.
Les enfants, des filles pour la plupart, sont « si naïfs et ont vécu retirés à un point tel qu’ils n’ont même pas confiance dans leur propre jugement », explique Margaret Cooke, qui a quitté la secte avec sept de ses huit enfants vers la fin 1994.
Marleigh Mesner, une porte-parole des services de protection de l’enfance de l’Etat du Texas, a précisé qu’ils travaillaient avec des spécialistes en santé mentale et d’autres experts pour répondre aux besoins des enfants. D’après elle, les informations recueillies devraient être transmises aux familles d’accueil.
« Nous voulons que leur monde reste aussi normal que possible », a-t-elle confié. « Nous voulons que ces enfants sachent que même s’ils n’ont peut-être pas été en sécurité par le passé, ils seront en sécurité aussi longtemps qu’ils seront avec nous ».
La plupart des 416 enfants évacués de la secte en raison des dangers d’abus physique, sexuel et psychologique qu’ils encouraient selon les autorités, n’ont jamais fréquenté d’écoles publiques ou porté de vêtement modernes. Les filles, aux cheveux tressés, étaient vêtues de longues robes semblables à celles des pionnières.
A la puberté, d’après les autorités, la secte leur demandait d’épouser des hommes bien plus vieux, dans le cadre d’unions polygames, et de devenir mères.
Au cours de leur opération dans le « ranch de Zion » à Eldorado au Texas, les policiers ont découvert des dizaines de journaux et d’autres documents contenant des actes de naissance, de mariage et d’autres registres généalogiques. Ces éléments pourraient aider les travailleurs sociaux à établir un lien entre les mineurs et leurs parents.
Une audience prévue jeudi permettra de déterminer si l’Etat obtient la garde totale des enfants ou s’ils peuvent retourner dans le ranch d’Eldorado, où les autorités sont intervenues le 3 avril, après l’appel d’une adolescente de 16 ans terrifiée qui s’est présentée comme enceinte de quelques mois et a affirmé être battue et violée par son mari âgé de 50 ans.
Les enfants et les 139 femmes qui les ont suivi volontairement après leur évacuation se trouvent actuellement à Fort Concho et au Wells Fargo Pavilion. Les hommes du ranch d’Eldorado et d’autres parents ne sont pas autorisés à leur rendre visite.
« En ces circonstances, les gens sont aussi heureux qu’ils peuvent l’être dans leur environnement », a estimé Kevin Dinnin, qui travaille pour les Baptist Child and Management Services.
Au-delà des besoins basiques (eau, vivres, douches, couchages), il a expliqué que ses services veillaient à fournir des jouets aux enfants et à répondre à leurs besoins vestimentaires. Les besoins des enfants sur le plan éducatif tout comme sur le plan médical font actuellement l’objet d’une évaluation. « Nous avons encouragé les groupes d’enfants et les mères à rester ensemble », a-t-il dit à propos des dispositions en matière de logement.
La FLDS est dirigée par Warren Jeffs, détenu en Arizona dans l’attente d’un procès pour des mariages qu’il aurait arrangés entre des mineures et des hommes plus âgés. Il a été condamné à la réclusion à perpétuité pour des faits similaires l’an dernier en Utah.
Le 13 Avril 2008, La Presse Canadienne