{{Au Gabon, les églises sont un marché juteux}}

Les prédicateurs et autres pasteurs prophètes sont surtout intéressés par l’appât du gain et le sexe. Ils n’hésitent pas à utiliser la crédulité des gens et n’ont aucun complexe à les appauvrir.

Cela fait déjà plusieurs années qu’on assiste impuissamment au Gabon à la prolifération de nouveaux lieux de culte, dont la plupart sont bâtis avec des matériaux de fortune. Le nombre de ces lieux de prière avoisine les 300 parmi lesquelles les Chrétiens célestes, les Témoins de Jéhovah, les Adventistes, les Néo-pentecôtistes, l’Alliance missionnaire d’évangélisation des nations, Béthanie, le Chandelier – et du coup, le pays est de plus en plus gangrené par ces « églises dites éveillées ». Ce sont des églises généralement financées par les évangélistes et pentecôtistes d’origine américaine et animées par des pasteurs douteux d’origine étrangère ou des nationaux. C’est un véritable désastre parce qu’ils utilisent la crédulité des gens et n’ont aucun complexe à les appauvrir.

L’origine incontestablement nord américaine d’un tel mouvement alimente à juste titre tous les soupçons et spéculations sur l’expansionnisme du protestantisme » américain « , mais le succès mondial du pentecôtisme et surtout son appropriation historique et immédiate par les populations africaines mérite réflexion.

A Libreville et comme dans toutes capitales africaines, ces nouvelles églises drainent surtout des personnes de milieux défavorisés, en quête de mieux-être social. Les « envoyés de Dieu » profitent de leur désarroi pour se faire payer, chèrement, le salut de leur âme. Eux mènent ostensiblement un train de vie confortable : belles voitures, luxueuses villas avec gardiens et autres domestiques. La prolifération de ces églises représente sans aucun doute une entrave à l’ordre public.

Chaque culte offre plus ou moins le même spectacle : des pasteurs à l’américaine, charismatiques et forts en gueule prêchent la bonne parole et affirment pouvoir guérir par l’intercession du Saint Esprit.

Dans les églises de fortune, les pasteurs gesticulent et vocifèrent pendant des heures dans les micros déjà trop amplifiés. Chaque culte se clôture par l’acte de délivrance. Ne pas dire exorcisme. Le pasteur, réceptacle du Saint Esprit, pose alors ses mains sur les têtes tourmentées des fidèles. Comme sous le coup d’une décharge électrique, le « délivré » titube, jusqu’à tomber à la renverse. Les femmes semblent être les plus sensibles à cette « imposition des mains ». C’est aussi cette catégorie de fidèle qui est la plus exposée à ces « marchants de Dieu ». Ces pasteurs prophètes atteignent toujours leur but : Extorsion de fortes sommes d’argent à travers des sacrifices « prophétiques », enrichissement personnel, acquisition des biens divers. Bref, la liste est longue.

{{DES PASTEURS DELINQUANTS SEXUELS}}

Dans son livre « Le guide secret du parfait marchant de Dieu », Steeve MVE, spécialiste au niveau national des phénomènes religieux tout en dénonçant la pratique de ces gourous de temps moderne qui pilules dans nos sociétés polluant notre environnement, démontre avec force et détaille tous les secrets pour devenir un vrai commerçant de Dieu et responsable d’une petite et moyenne entreprise religieuse. Comme si les églises ne suffisaient plus, ces pasteurs ont trouvé un autre moyen de s’enrichir à l’aide des polycliniques spirituelles moyennant une consultation de dix mille francs CFA (soit un peut plus de 15 €). Ces structures qui prolifèrent sont tenues généralement par les mêmes responsables d’églises. Le plus souvent, c’est au cours des séances de cultes de masse que ces pasteurs détectent leurs potentiels et futurs patients.
L’un de ces responsables et pionnier des polycliniques spirituelles au Gabon, le « pasteur et prophète » Yves-David Elizé MAPACKOU qui n’est pas à son premier forfait a été arrêté le 28 octobre dernier par la Police Judiciaire (PJ) pour viol sur mineure. Comme d’habitude, c’est dans un motel de la place que, « l’homme de Dieu » a choisi pour aller faire la séance de délivrance. Avant d’accomplir son acte, le pasteur ordonna à sa victime de répéter après lui le verset suivant : « Tu suceras les mamelles de ton roi et tu seras sauvée… ».
Comme dans les autres églises du genre, les pasteurs entretiennent des relations sexuelles avec leurs fideles, commettent des adultères avec les sœurs en christ. Toutes les jeunes filles de certaines de ces églises ont eu des rapports sexuels avec leur serviteur de Dieu. Et comme l’atteste des témoignages dans l’ouvrage de Steeve MVE, le problème de ces prédicateurs et autres pasteurs prophètes c’est le sexe et l’argent. Partout sur le continent, ces serviteurs de Dieu n’ont pas une bonne presse au Malawi, par exemple, un pasteur pentecôtiste après avoir ordonné à ses paroissiennes de se dénuder pendant la prière dite « spéciale » a été arrêté en mars 2006.
Au Gabon, la loi garantit la libre pratique du culte à condition de respecter l’ordre public. En proie depuis quelques années à de graves difficultés économiques, le pays était devenu dans les années 90 début 2000, la terre promise des prédicateurs étrangers. Les services gabonais de l’immigration s’opposent désormais à l’entrée sur le territoire national de prédicateurs de l’Évangile d’origine étrangère. La nature ayant horreur du vide, c’est désormais les « pasteurs » locaux qui ont le vent en poupe.
Une croisade contre ces gourous, qui profitent du désarroi des populations face à la pauvreté sans cesse croissante pour se faire plein des poches s’impose. C’est également l’occasion à jamais pour l’Etat d’affirmer son autorité devant une telle dérive.
L’ouvrage de Steeve MVE est donc une sonnette d’alarme dans une société où règne la pagaille à tous les niveaux, et où l’anarchie est érigée en règle morale. A lire absolument.