Si l’envoi du livre de Harun Yayha s’est fait en masse et de manière nominative, ce n’est pas la première fois que les enseignants reçoivent des ouvrages à caractère très contestable. « Il y a quelques années, des lycées avaient été inondés d’ouvrages de l’Église de scientologie », se souvient-on au rectorat de Lyon. Autres exemples, « les oeuvres de Kim Il-sung », s’amuse-t-on à l’université de Paris XI Orsay. Comment éviter que de tels ouvrages soient mis à la disposition des élèves des collèges ? Dans ce cas, ce sont le plus souvent des chefs d’établissement qui ont alerté les rectorats, ceux-ci ayant ensuite prévenu le ministère de l’Éducation nationale.
À Lyon, le recteur a ainsi envoyé un message aux chefs d’établissement, en leur demandant que l’ouvrage incriminé ne soit pas mis à la disposition des élèves.
Les chefs d’établissement et leurs documentalistes sont en effet responsables du choix des ouvrages mis en bibliothèque. En clair, l’Éducation nationale leur fait confiance. Avec des limites. « Ils doivent écarter tout ce qui s’apparente à du prosélytisme et ce qui porte atteinte à la neutralité de l’école », indique-t-on au ministère. Par ailleurs, les documentalistes sont, au même titre que les enseignants, vus régulièrement par des inspecteurs d’académie.
À l’échelon universitaire, le responsable du service de documentation-communication de l’université de Paris XI Orsay, spécialisé dans les sciences, indique : « Nous n’avons pas de consigne de l’Éducation nationale. » Les achats d’ouvrages sont gérés au niveau d’un conseil de la documentation, et décentralisés au niveau des spécialistes. Mais pour les bibliothèques de chercheurs, ce qui peut faire controverse n’est pas systématiquement rejeté.
le Figaro le 02/02/2007