PARIS, 3 oct 2006 (AFP) – La Miviludes a estimé mardi que la Fondation Ostad Elahi ne pouvait être qualifiée d’organisation sectaire, mais que l’Etat devait réfléchir à son rôle dans cette "nébuleuse" qui jouit d’avantages fiscaux puisqu’elle est déclarée d’utilité publique.
  
"En dépit de l’existence de nombreux éléments constitutifs de dérives sectaires, on ne peut pour autant déclarer que l’on est confronté à une organisation sectaire, faute de signalements de victimes clairement identifiées, de dommages aux familles ou de prosélytisme caractérisé", selon
le rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes).
  
Installée à Asnières-sur-Seine (Hauts-de-Seine) et à Baillou (Loir-et-Cher), la Fondation créée en 2000 porte le nom du philosophe iranien Ostad Elahi (1895-1974) et veut promouvoir l’"éthique et la solidarité humaine". Elle avait été placée sous observation en novembre 2005 par la
Miviludes qui a adressé son rapport au président de la cour d’appel de Versailles et "attend les décisions de justice".
  
Le rapport incrimine "un communautarisme exacerbé, dont les dérapages ressemblent à des pratiques sectaires" au sein d’une nébuleuse rassemblant autour de la Fondation des associations et entreprises, notamment dans les hautes technologies, l’intelligence artificielle et la communication.
  
"On est en présence d’une confusion des genres caractérisée, entre éthique et spiritualité d’une part, business et questions de voisinage d’autre part", selon le rapport.
  
"Si compte tenu des éléments en sa possession, la Miviludes n’entrevoit pas pour l’instant matière à poursuites pénales, il reste que l’on est en droit de s’interroger sur le rôle de l’Etat qui se trouve, largement à son insu, partie prenante dans une démarche communautaire aussi complexe", affirme le rapport.
  
La Miviludes va recommander aux administrations qui siègent au conseil d’administration de la Fondation (notamment le ministère de l’Intérieur et l’Université de Paris I-Panthéon Sorbonne) "de réfléchir aux conséquences de la présence de l’Etat dans cette nébuleuse et de l’exploitation curieuse qu’en font ses membres".
  
Le rapport s’interroge sur "l’intérêt pour la République française laïque de parrainer et d’avantager fiscalement une association communautaire étrangère traitant de questions spirituelles fondées pour l’essentiel sur le soufisme".
  
La Miviludes ne se prononce pas sur d’éventuelles dérives en matière d’exigences financières, en raison d’instructions judiciaires en cours.
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