LES TENSIONS autour de l’affaire Gettliffe montent d’un cran. Hier matin, Francis Gruzelle, le compagnon de Nathalie Gettliffe, cette mère française incarcérée au Canada depuis avril pour avoir soustrait ses deux enfants à l’autorité de leur père en les ramenant sur le territoire français, a été mis en garde à vue. Énième acte d’une série de ripostes juridiques qui a commencé en 2001, lors du divorce de Nathalie Gettliffe avec le Canadien Scott Grant, cette interpellation a eu lieu à l’issue d’une perquisition au domicile de Francis Gruzelle à Saint-Alban-d’Ay, en Ardèche.
«Une douzaine de gendarmes» de la brigade de Privas, selon Me Dominique Chambon, avocat du couple Gruzelle-Gettliffe, «ont débarqué à 7 h 30 pour fouiller la maison». Demeurant normalement dans ce foyer, les deux enfants de Nathalie Gettliffe, Joséphine, 11 ans, et Maximilien, 12 ans, vivent actuellement cachés dans une autre famille. Leur beau-père, Francis Gruzelle, et leur grand-mère maternelle, Joséphine Gettliffe, les tiennent à l’abri depuis le 23 mai, date à laquelle cette dernière a été convoquée pour se voir notifier une décision de justice ordonnant le retour des enfants au Canada. Démarche réitérée sans succès, le 29 juin, par les gendarmes. Joséphine Gettliffe, à qui est confiée de droit l’autorité parentale pendant l’incarcération de sa fille, a de nouveau refusé de signer le document.
«Quand la gendarmerie ramassait les enfants juifs»
Vivant sous la menace de l’exécution de cette décision, la famille a cru, hier matin, que la perquisition et la garde à vue faisaient suite à une plainte de Scott Grant, relative au refus de rendre les enfants. Mais ce sont deux tout autres motifs qui ont été retenus : deux plaintes contre Francis Gruzelle pour menaces d’une part et outrage à agent d’autre part, respectivement déposées par Scott Grant et un colonel de gendarmerie de l’Ardèche. Selon Me Dominique Chambon, Francis Gruzelle aurait «simplement dit» à ce colonel que «la gendarmerie ne se grandissait pas à multiplier les démarches pour récupérer les enfants» et que cela «rappelait les tristes heures de la Seconde Guerre mondiale quand la gendarmerie voisine de Chambon-sur-Lignon ramassait les enfants juifs». Déplorant une «tentative de déstabilisation», l’avocat espérait la remise en liberté de son client dès hier soir.
Dans cette attente, Joséphine Gettliffe, elle, garde le petit dernier de 11 mois, Jean-Philippe, l’enfant que sa fille a eu avec Francis Gruzelle. Et s’obstine à ne pas vouloir rendre Maximilien et Joséphine. Jeudi dernier, sur la demande du parquet de Privas, une confrontation avec son ex-gendre, Scott Grant, a été organisée à la gendarmerie de sa commune pour tenter de la faire revenir sur sa position. «Ça n’a servi strictement à rien, dit-elle, fermement décidée à laisser ses petits-enfants «en sécurité». «Actuellement en vacances et très entourés», précise-t-elle, ils sont pris en charge par l’Association pour la protection et la défense de Maximilien et Joséphine. Une organisation qui s’est constituée il y a plusieurs années, prenant fait et cause pour Nathalie Gettliffe qui, depuis le début, accuse le père de ses enfants d’appartenir à l’Eglise internationale du Christ, considérée comme une secte en France, mais légale au Canada.
En tout état de cause, au regard de la Convention de La Haye, le départ de Nathalie Gettliffe du Canada avec ses deux enfants est considéré comme un enlèvement. La jeune femme, actuellement enceinte de sept mois, doit être jugée à l’automne et encourt une peine maximale de dix ans de prison.