Aux Etats-Unis, le développement personnel est devenu une véritable mine d’or. Le chiffre d’affaires brassé par le secteur s’évalue à plusieurs milliards d’euros. En version américaine, ils s’appellent Brendon Buchard ou Marie Forleo. En Europe, en version francophone, ils se prénomment Franck Nicolas, David Laroche ou encore Olivier Roland. Vidéoconférences, bestsellers et mêmes produits dérivés, un véritable marché satellite autour du « sense of well-being ». Quand ils ne sont pas millionnaires, ils sont tous à tout le moins des entrepreneurs vertueux et accomplis et prétendent détenir la clé pour miraculeusement faire de sa vie une « success story ». Leur point commun, facture payée : les miracles escomptés ne sont pas au rendez-vous. Certains coachs auto-proclamés sont aussi en lien avec la mouvance sectaire. Le développement personnel favorise la manipulation des individus pour les placer en état de sujétion à des fins de conditionnement.
Une pyramide commerciale
Adeptes du blogging professionnel, drainant des milliers followers sur les réseaux sociaux, ces formateurs font miroiter la garantie professionnelle d’un succès. La promesse est alléchante : « multiplier votre chiffre d’affaires par cinq en moins de 60 jours sur le web et cela marche, puisqu’il y a des gagnants ! ». Accéder à l’Eden promis a toutefois un coût. Si la première vidéoconférence est gratuite, les suivantes affichent un prix exorbitant pouvant aller jusqu’à 6000,00 euros. En aval de cette pyramide commerciale, des témoignages positifs de (faux) web winners « satisfaits » postés en commentaires des publications : « Geoffrey G. a gagné 8400,00 euros en un mois et s’apprête à signer un contrat pour une prestation à 19.200,00 euros. Faites comme lui, suivez nos conseils ! ».
Pour se forger une opinion, il suffit pourtant de taper le mot « avis » sur Google, précédé du nom du coach en question, et c’est là que les choses se compliquent. Les dénonciations étiquetées « arnaques » par les internautes sont légion sur les blogs et forums de discussion.
L’isolement et la peur sont catalyseurs
Après 26 années passées au barreau de Nivelles, Alain Schildermans a abandonné l’avocature pour suivre plusieurs formations certifiées et devenir coach de vie. Il nous explique : « la prolifération de ces escrocs en tous genre s’explique par un facteur contemporain d’isolement de l’individu. Les périodes successives de confinement, tout ce que les gens ont pu lire ou entendre sur la Covid-19 et les peurs instillées ont creusé ce terreau facile. A cela, vous ajoutez le fait que les périodes de transition professionnelle ou privée, comme un licenciement ou un divorce, sont des états idéaux de souffrances passagères pour que la manipulation mentale opère plus facilement. Les effets cumulés sont leviers. Avec un verbe affiné et une aura certaines, ces gourous instrumentalisent et décrochent des adeptes. »
Vérifier la certification
« Le métier n’étant pas protégé, aujourd’hui, tout le monde peut effectivement diffuser des vidéos de bons conseils, écrire un bouquin et prétendre être un spécialiste en développement personnel. Comment faire le tri ? Il faut d’abord vérifier les certifications du coach et son éthique dans sa pratique. Et puis surtout, prendre avis. C’est la seule manière d’éviter le piège de pratiques douteuses ». Et pour trouver un coach certifié et fiable, les candidats ont l’embarras du choix. Il suffit de s’adresser à La Fédération Belge de Coaching. Elle fait partie d’ICF International, la fédération mondiale des professionnels actifs dans le coaching, qui compte plus de 30.000 membres dans 132 pays.
S’assurer de l’absence d’emprise
Un indice de bonne pratique est aussi l’absence de prise de pouvoir. « Un consultant on le paie pour ses conseils, un coach pour ses questions. Nous sommes là pour susciter des questionnements et pour que la personne accompagnée trouve en elle-même un autre mode de fonctionnement. Il n’y a aucune recette miracle ni fausses promesses et à aucun moment une quelconque forme de mainmise. Un bon coach n’impose rien. Il n’y a pas de processus d’emprise. Ce serait exploiter une position de faiblesse, creuser une brèche dans la souffrance. Le passage par un coach doit être un tremplin libératoire, en aucun cas une spirale addictive dans un lien de dépendance . »
Chaque année, le Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN), un centre indépendant auprès du SPF Justice – qui étudie le phénomène des organisations sectaires nuisibles en Belgique ainsi que leurs liens internationaux – tire la sonnette d’alarme. Entre 2017 et 2024, le Centre a adressé plus de 420 signalements aux autorités dont la Sûreté de l’Etat. Près d’une demande sur cinq adressées au CIAOSN sont liées à la santé, au bien-être et au développement personnel.
La menace posée par les sectes est toujours bien réelle en Belgique.
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