Damien s’est-il « laissé mourir », comme le pensent ses proches ou a-t-il été victime d’un engrenage et de mauvaises influences ?
Ce jeune homme de trente ans est mort seul à La Tour-sur-Tinée, il y a un mois, après avoir entamé un jeûne extrêmement dur, sans boire ni manger, alors qu’il s’était installé à Lou Neissoun, un collectif prônant le retour à la nature. Et qui promeut des activités ésotériques, voire propices aux déviances sectaires, comme les retraites « féminin sacré ».
Comment et pourquoi s’est-il mis à jeûner si violemment? Son entourage? Ses lectures? Les réseaux sociaux?
Seule certitude, cette pratique émerge, alors qu’elle n’a pas de bienfaits prouvés, explique Clément Bastie, membre du collectif L’Extracteur, qui alerte sur « les dangers de certaines pseudo-alternatives en matière de santé et d’alimentation, et les dérives sectaires ». Décryptage avec le collectif L’extracteur.
1 – Un phénomène qui émerge
« C’est une nouvelle mode de la sphère New age, de la santé alternative. Comme toujours, il y a un fond de vrai: on n’a pas envie d’avoir le ventre lourd quand on est malade. Le jeûne est étudié en complément de certains traitements, dans des protocoles très encadrés, par des médecins, par exemple avant une chimiothérapie. Mais il a été récupéré. »
2 – Popularité grand public et dérives sectaires
« Il y a des dérives sectaires, et une popularité auprès du grand public, notamment via la presse féminine ou les influenceurs, qui diffusent énormément cette idée qu’il faut être acteur de sa santé, ne pas la laisser à Big Pharma », poursuit ce professeur de biologie. »
« C’est la pensée vitaliste: avec une conception religieuse du corps, qui serait capable de tout. L’idée, c’est que si vous arrêtez d’amener de la nourriture toxique, votre corps retrouvera sa pleine santé. Ça ne repose sur rien. Manger moins de nourriture transformée, par exemple, c’est bien. Mais le jeûne n’a pas de vertu thérapeutique. »
3 – Des cas extrêmes
Vous en doutez? Le lanceur d’alerte évoque les « charlatans » qui poussent la logique très loin. « En Inde, vous avez le pranisme, le respirianisme. Des charlatans, des escrocs, qui vous font croire qu’ils peuvent se passer de nourriture physique et se contenter de nourriture solaire. Et vont vous faire croire qu’ils n’ont pas bu une goutte d’eau depuis trois semaines ».
4 – Très vite dangereux pour la santé
À l’inverse, il peut être dangereux. En particulier si on se prive d’eau: « Autant, la nourriture, on peut tenir. Mais l’eau, ça va tout de suite mettre à mal le fonctionnement de l’organisme, autant du point de vue physique que psychologique: le cerveau a besoin d’être hydraté pour fonctionner correctement. On peut avoir l’illusion d’accéder à un autre niveau de conscience, mais en réalité, c’est que votre cerveau ne fonctionne plus correctement, vous délirez. Et plus on tarde, plus c’est difficile de faire marche arrière. » Sans compter que cela peut aggraver des maladies, qu’elles soient physiques ou psychique
5 – Laissé seul face à soi-même
« Ces communautés prônent la culture de l’autre et de l’entraide, et on a un gars qui finit par mourir seul, en dehors du système de santé. On se retrouve avec des gens qui font croire que la santé ne repose que sur vos épaules, vos choix, votre respiration… Bref, uniquement sur vous. Sur l’individu. C’est un morcellement du tissu social. C’est dramatique. »
source : https://www.varmatin.com/faits-de-societe/risques-pour-la-sante-derives-sectaires-les-dangers-du-jeune-decryptes-apres-la-mort-dun-homme-dans-les-alpes-maritimes-790100
par Antoine Louchez Publié le 29/08/2022 à 15:30, mis à jour le 29/08/2022 à 14:45