Le Dr Akbar Khan est contraint de fermer sa clinique et de payer les honoraires des avocats de la partie adverse.
Le Tribunal disciplinaire avait accusé le Dr Khan de frôler le charlatanisme dans sa décision publiée sa plus tôt cette année.
Correction
Le Dr Khan n’a jamais prescrit d’huile de serpent comme le laissait entendre le titre original de ce texte (Un médecin ontarien radié à vie : il a offert de l’huile de serpent contre le cancer).
Le jugement du Tribunal disciplinaire de l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario utilisait la comparaison avec de l’huile de serpent, une expression anglaise associée au charlatanisme. Le texte a été modifié pour refléter le fait que le Dr Khan offrait des traitements alternatifs, dont la naltrexone à faible dose (LDN) et l’acide dichloroacétique (DCA).
Qu’il s’agisse « d’huile de serpent », de « potion de sorcière » ou de quoi que ce soit d’autre, le remède que le Dr Khan offrait à ses patients n’était pas ce qu’il prétendait
, avait statué le Tribunal.
Plusieurs fautes
Le Dr Khan, qui est médecin de famille, avait été reconnu coupable de plusieurs fautes professionnelles.
Selon la décision rendue en février, il a notamment utilisé la naltrexone à faible dose (LDN) et l’acide dichloroacétique (DCA)
comme médicaments pour traiter le cancer, des traitements qui ne sont pas autorisés. Il offrait d’ailleurs de la documentation qui laissait entendre que des études avaient prouvé l’efficacité de ces médicaments contre le cancer, peut-on y lire.
Le Dr Khan a par ailleurs déclaré à une patiente de 59 ans qu’elle était atteinte de leucémie alors qu’elle ne l’était pas.
Le Dr Khan a aussi escroqué l’Assurance-santé de l’Ontario pour des milliers de dollars pour des traitements qu’il n’a pas fournis.
Le Tribunal avait conclu qu’il était incompétent et l’avait reconnu coupable d’inconduite professionnelle, parce qu’il n’avait pas respecté les normes de pratique de sa profession au sujet des traitements palliatifs qu’il avait administrés à 12 patients atteints de cancer de 2012 à 2017.
Il avait en outre refusé de remettre les dossiers de 19 de ses patients à l’Ordre des médecins et chirurgiens de l’Ontario lorsque ce dernier avait ouvert une enquête à son sujet.
Sanctions du Tribunal
La défense du Dr Khan avait demandé que son client soit suspendu en guise de sanction lors d’une récente audience sur la détermination de la pénalité devant la même instance.
Le Tribunal écrit dans sa décision du 15 juillet 2022 qu’une suspension serait trop dangereuse
et qu’il ne pouvait réintégrer le médecin dans ses fonctions, même si on lui interdisait à l’avenir de traiter des patients cancéreux.
Seule la radiation professionnelle peut satisfaire au principe de sanction le plus important, soit la protection du public
, y est-il mentionné.
Le Dr Khan n’a pas le jugement nécessaire pour bien comprendre son inconduite afin qu’une réadaptation soit une option valable
, peut-on lire.
Le Tribunal lui ordonne par ailleurs de payer avant la mi-octobre 2022 plus de 195 000 $ en honoraires aux avocats de son ordre professionnel.
À la publication de cet article, le site web de la clinique Medicor Cancer Centres était toujours en ligne. Le Dr Khan en est le fondateur.
Sa clinique propose des approches alternatives uniques et non toxiques contre le traitement du cancer
. L’Ordre lui avait demandé de mettre fin à ses pseudo-traitements contre le cancer en 2017.
Selon le Tribunal, le Dr Khan n’a jamais révélé à ses patients que sa thérapie contre le cancer ne fonctionnait pas. Il cessait seulement de la prescrire s’ils ne pouvaient plus en payer le coût, s’ils étaient hospitalisés ou s’ils décédaient.
Le Dr Khan n’a pas répondu à notre demande de réaction par courriel.
source : par Jean-Philippe Nadeau Journaliste à Toronto