L’ex-gourou de l’Université de la nature, mouvement à caractère sectaire basé à Saint-Brevin, est jugé pour « viols sur personne vulnérable », « abus de faiblesse » et « escroqueries ».
L’ancien gourou de l’Université de la nature, de l’écologie et de la relation, un mouvement à caractère sectaire basé à Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), est jugé depuis ce lundi 30 mai 2022 pour « viols sur personne vulnérable », « abus de faiblesse » et « escroqueries » devant la cour criminelle de la Loire-Atlantique.
Gabriel Loison, 82 ans, avait déjà été condamné par la cour d’assises en 2014 pour des faits similaires. Il avait fait appel, mais sa peine avait été alourdie en 2017 à quinze ans de prison à Rennes.
L’homme connaît bien le milieu carcéral : en 1962, il avait déjà été incarcéré pour avoir pris part à un « complot contre l’autorité de l’État » alors qu’il était militaire en Algérie. En 1964, il avait aussi écopé de quinze ans d’emprisonnement par la cour d’assises du Maine-et-Loire pour le braquage d’un postier dans lequel il continue de nier toute responsabilité.
En attendant, à l’ouverture de ce nouveau procès, les enquêteurs ont rappelé combien les adeptes de ses « formations » étaient subjugués par « l’aura », « le charisme » et « le magnétisme » de Gabriel Loison. Ce dernier prétendait d’ailleurs avoir des « pouvoirs surnaturels » qui lui « permettaient d’entrer en relation avec des esprits supérieurs ».
Un groupe « convivial »
Un « questionnaire individuel » était ainsi adressé aux nouveaux venus pour lui permettre de « déceler leurs failles » et « orienter son discours » en fonction. Les « esprits contestataires » étaient alors « humiliés » : il était « difficile d’avoir le cul entre deux chaises » avec ce gourou, dont le « jusqu’au-boutisme » virait à « l’engagement absolu » selon une enquêtrice.
Me Brett Le Meur, avocat d’une des quatre parties civiles, a ainsi rappelé que sa cliente était entrée au sein du mouvement en 2005 et qu’elle y avait eu des relations sexuelles deux ans plus tard,. Un « cheminement long » qui caractérise selon lui l’emprise dans laquelle se trouvaient les adeptes du mouvement sectaire.
Une autre ancienne adepte – qui était partie civile lors du procès en 2014 et qui déposait cette fois-ci en qualité de « témoin » – est elle restée un an et demi au sein de l’association de Gabriel Loison. Elle y était entrée en 2007 à l’occasion d’une « conférence sur l’alphabet » non loin de Concarneau.
Cette assistante boulangère, âgée à l’époque de 24 ans, avait été « vraiment séduite » par « l’approche philosophique et spirituelle » de ce groupe « convivial » : « complètement agnostique et athée », elle venait alors de déménager à Lorient après avoir été internée en psychiatrie à Bayonne suite à une tentative de suicide.
« Plus loin que de simples massages »
Rapidement, elle avait dû faire « du prosélytisme » en distribuant des flyers dans les « milieux alternatifs » comme « les ostéopathes » ou « les magasins bio ». La jeune femme avait alors dû faire des emprunts auprès d’autres adeptes du mouvement pour pouvoir financer ses « stages » au Maroc ou au Costa Rica, qui coûtaient « jusqu’à 10 000 € par tête de pipe ».
Cette habitante de Surzur s’est même fait rémunérer pour « aller plus loin que de simples massages » avec un membre de l’association « gravement handicapé », ce qu’elle assimile aujourd’hui à de la « prostitution » et du « proxénétisme ».
L’assistante boulangère, désormais reconvertie comme « animatrice nature », avait finalement été « poussée dehors » et « plus ou moins remerciée » par l’Université de la nature, de l’écologie et de la relation, quand elle n’avait « plus d’argent » pour retourner au Costa Rica. C’est grâce à l’une de ses sœurs qu’elle a pu « garder contact avec le réel » pendant cette période.
« Il nous poussait à aller au-delà de nos limites »
« On était très imbus de notre personne : on estimait être missionnés pour accueillir la nouvelle Terre », a-t-elle expliqué ce lundi aux magistrats professionnels de la cour criminelle.
« Gabriel Loison nous poussait à aller au-delà de nos limites : on allait se promener dans un désert de roches au Maroc sans avoir bu, on était ensablés de la tête aux pieds… J’ai même dû marcher quinze kilomètres nus pieds dans la jungle après que mes sandales aient cassé. »
Une ancienne adepte
L’accusé, pendant ce temps-là, « parlait de Saint-Georges » ou de « l’archange Saint-Michel ». Encore aujourd’hui, il réfute les faits et parle de « complot » à son égard. Reste que, parmi les quatre parties civiles, figure aujourd’hui son ex-compagne, qui avait été acquittée de toute « complicité » à son égard par la cour d’assises compte tenu de son « emprise ».
Verdict ce jeudi
Au cours de sa détention, Gabriel Loison a aussi déploré les « dysfonctionnements » actuels de « l’éducation sexuelle des enfants », selon un rapport « inquiétant » de l’administration pénitentiaire : selon lui, ses concitoyens sont « des barbares qui dissimulent leurs envies sexuelles »…
Depuis, avec les crédits de réduction de peine liés à son bon comportement à la prison de Saint-Martin-de-Ré, Gabriel Loison peut espérer sortir « en décembre 2023 », a-t-il été dit ce lundi 30 mai : il avait été placé en détention provisoire dès 2011. Le verdict de ce nouveau procès est attendu jeudi.
Source : PressPepper
Actu.fr
Par Rédaction Courrier du Pays de Retz
Publié le 31 Mai 22