Ils se tiennent loin du monde extérieur, croient à l’Apocalypse prochaine et au retour du Christ. En attendant, les Témoins de Jéhovah semblent être le théâtre d’actes pédocriminels répétés et passés sous silence par l’organisation, d’après les nombreux témoignages et documents que nous avons recueillis pendant une enquête au long cours.
A l’âge de 13 ans, j’ai été abusée par un membre éminent de la congrégation. Il avait 41 ans. Nous faisions du porte-à-porte ensemble pour convertir les non-jéhovistes. » Yannick, 51 ans aujourd’hui, a grandi au sein des Témoins de Jéhovah (TJ). Elle décrit une enfance faite de contraintes, de méfiance vis-à-vis du monde extérieur, d’interdits en tous genres et… d’abus sexuels. « Quand la première agression a eu lieu, je l’ai dit à ma mère, mais elle ne m’a pas crue. Elle est allée le répéter au collège des anciens, qui m’a fait passer devant le tribunal interne, où j’ai été traitée de menteuse. Ça m’a traumatisée. Ils ont eu mon silence. Laissant la liberté à mon agresseur de recommencer. »
La France compte 131 754 Témoins de Jéhovah, d’après le site de l’organisation. L’histoire du mouvement remonte au XIXe siècle. En 1818, William Miller, un prédicateur baptiste, fait des recherches sur l’Apocalypse et le retour du Christ, qu’il envisage pour 1843 (raté). Ses travaux inspirent un pasteur, Charles Taze Russell, qui décide de fonder un culte, les Étudiants de la Bible, et une société, la Watch Tower (la Tour de garde), basée dans le Bronx. Il faudra attendre le décès de Charles Russell en 1916, et la reprise du culte par le juge américain Joseph Rutherford en 1931, pour que les Témoins de Jéhovah, tels qu’on les connaît aujourd’hui, naissent. Ils sont présents dans deux cent quarante pays, et comptaient plus de huit millions d’adeptes en 2021.
Alexandre Cauchois, ancien jéhoviste, a écrit l’ouvrage Santé et sexualité chez les Témoins de Jéhovah (éd. Books on Demand). Il éclaire : « Les Témoins de Jéhovah se définissent comme “ne faisant pas partie du monde”. Un “monde méchant”, dirigé par Satan. Un monde qui va disparaître très bientôt, puisque Jéhovah, le “Dieu aimant”, va supprimer 99 % de l’humanité durant la “guerre d’Armageddon”. Alors, enfin, il n’y aura plus personne pour s’opposer à Jéhovah et à son organisation. »
Si les TJ sont chrétiens, ils emploient leur propre jargon. Les prêtres sont « les anciens », les églises, les « salles du Royaume », et les messes, « les réunions ». Nicolas Jacquette, qui a lui aussi quitté le mouvement, racontait lors d’une audition au Sénat en 2006 : « Les Témoins de Jéhovah se targuent de ne pas être une secte, alléguant que leurs enfants ne sont pas coupés du monde : ils vont à l’école, font parfois des études supérieures, travaillent dans le monde extérieur. Mais l’embrigadement est bien là, et les atteintes à l’identité, à la personnalité, à la vie affective, morale et physique sont réels. »
Et gare à l’excommunication, comme l’explique Alexandre Cauchois : « Cette peine est prononcée dès lors que vous ne faites pas preuve d’un repentir sincère après avoir accompli un acte réprouvé par la Watch Tower. Cela peut être porter une jupe trop courte, souhaiter la bonne année, pratiquer le sexe oral ou anal avec son conjoint, fumer, jouer aux jeux de hasard, se faire vacciner, écouter du hard rock, passer une soirée trop arrosée, fêter son anniversaire, commettre un crime, critiquer les anciens de la congrégation, regarder un film érotique… Tout est puni de la même façon. Du jour au lendemain, il est strictement interdit à tous les fidèles de vous dire un simple “bonjour”. »
Nicolas Jacquette n’a plus revu ses parents depuis qu’il a abandonné le groupe, comme il l’explique durant son audition : « Le mouvement interdit à ses adeptes tout contact avec ceux qui le quittent ou en sont exclus.
Une promiscuité dangereuse
Les disciples de la doctrine sont sollicités tous les jours pour répandre la pensée de Jéhovah. Ils sont souvent postés devant les stations de métro, fascicules à la main. Cette pratique obligatoire est très contraignante, surtout pour les mineurs. Le soir après l’école, et même le week-end, ils sont réquisitionnés pour sonner aux portes, accompagnés d’un adulte. Un moment qui serait, pour certains pervers, propice aux agressions, comme le raconte Yannick : « On est seul avec un adulte, s’il est mal intentionné, il fait ce qu’il veut de nous. »
Fatiha Wycisk a 62 ans, elle préside l’association des Ex-Témoins de Jéhovah de France. Ancienne adepte, elle se bat depuis des décennies pour aider les victimes de l’organisation à s’en sortir. Elle a dû laisser sa fille derrière elle, toujours sous l’emprise des TJ : « L’an dernier, j’ai été atteinte par un cancer, j’ai dû faire des pieds et des mains auprès du siège des TJ, le Béthel de France, pour parvenir à la joindre, en vain. Mais ma fille ne m’a pas soutenue, étant donné que j’avais quitté les Témoins de Jéhovah. » Fatiha dénonce, elle aussi, les abus sexuels qui auraient lieu au sein des TJ : « Ça se passe souvent dans les alcôves des immeubles, dans les parkings, les voitures… »
Michel, 50 ans, né dans une famille jéhoviste, aurait subi les assauts d’un ami de ses parents lorsqu’il était enfant. « Mon frère aîné et moi courions parfois avec cette personne en campagne. C’était au début des années 1980, j’avais 10 ans. De temps en temps, il s’arrêtait pour nous faire “des massages sur les cuisses”, il nous mettait sur ses genoux. Ces massages se sont vite transformés en geste de masturbation. »
Mon frère a reproduit sur elle les viols qu’il subissait.
Plusieurs mois de silence s’écoulent, jusqu’à ce que la mère des deux enfants commence à avoir des doutes : « Elle en a parlé à mon frère, il lui a tout de suite raconté. » Effarée, elle prévient son mari qui décide d’en informer les anciens de la congrégation. Chez les TJ, ce sont les anciens qui font office de juges, dans leurs propres tribunaux.
Dès lors, un comité judiciaire est formé, l’abuseur présumé de Michel et son frère sont auditionnés : « Les anciens ont décidé de le considérer juste comme indésirable. Personne n’a déposé de plainte, pas même nos parents. » Les autorités compétentes ne seront jamais informées. Un soir, les enfants sont seuls à la maison, Michel cherche son frère aîné et sa petite sœur. Il s’approche de la porte de la cuisine, fermée : « En ouvrant, je découvre ma petite sœur allongée sur la table de la cuisine. Elle était sur le ventre. Mon frère a reproduit sur elle les viols qu’il subissait. Elle était blanche comme un linge, j’ai cru qu’elle était en train de mourir. Je resterai à jamais hanté par cette image. »
De rage, Michel se serait saisi d’un balai et aurait poursuivi son frère. Au retour des parents, la fratrie reste mutique. Il faudra attendre la dénonciation faite par la petite pour que l’affaire éclate et que la sœur de Michel décide de s’adresser aux anciens. Mais là encore, en vain. « L’omerta chez les TJ, elle est là : ne jamais faire de vagues. » Michel a développé un stress post-traumatique, il suit une thérapie pour surmonter ses réminiscences. Pour se reconstruire, il a décidé, en 2018, de déposer plainte, malgré la prescription des faits qu’il dénonce. Un document que nous avons pu consulter.
Il m’a répondu qu’il allait nous apprendre l’anatomie des femmes.
Madeleine* a, elle aussi, vu son insouciance piétinée par les TJ : « C’était un après-midi en 1975. J’avais 5 ans, ma sœur Sarah* 3 ans, et mon frère Matthieu* 2 ans. Nos parents nous ont fait garder par un couple d’amis jéhovistes. Le mari nous a emmenés tous les trois dans sa chambre, et il a sorti un dossier avec beaucoup d’images pornographiques. Ensuite, il a demandé à Sarah de s’allonger sur le lit, de se déshabiller, d’enlever sa culotte, et il lui a touché le sexe. » Madeleine lui aurait alors demandé pourquoi il faisait ça à sa petite sœur.
« Il m’a répondu qu’il allait nous apprendre l’anatomie des femmes. Je n’étais pas très contente. Je lui ai dit, et il s’est fâché, nous demandant de sortir avec mon petit frère. » Les deux enfants s’exécutent, mais une fois dehors, Madeleine ne peut se résigner. Elle aurait alors toqué à la porte de la chambre : « Personne n’a répondu. J’ai cherché mes parents, alors que je savais qu’ils n’étaient pas là. Quand je suis revenue, mon petit frère avait disparu. Notre agresseur l’avait fait entrer avec eux. »
Trois ans plus tard, Madeleine décide d’en parler à Sarah : « Je lui ai demandé ce qu’il s’était passé. Elle m’a raconté qu’il lui aurait demandé de faire pipi devant lui. Je lisais la honte sur son visage. Je me sentais coupable de ne pas avoir réussi à les protéger. » Une fois ses parents prévenus, Madeleine est sommée de se présenter avec sa sœur devant trois anciens : « Leur silence est alors effroyable. Ils nous écoutent, nous sortons, et voilà. Nous n’en avons plus jamais entendu parler. Nous avons juste appris que l’ancien mis en cause s’était vu retirer ses responsabilités d’assistant ministériel, mais nous le voyions toujours à la messe. Aucune sanction n’avait vraiment été prise. Nous avons dû être confrontés à lui tous les dimanches, pendant des années. » Madeleine a aujourd’hui 40 ans. Et elle est marquée à vie : « Je suis traumatisée, je n’ai pas fait l’amour avec mon mari depuis cinq ans. J’en souffre beaucoup. »
La règle des deux témoins
Une législation interne à l’organisation expliquerait ce silence : la règle dite des deux témoins oculaires. Elle est dénoncée par la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) et les associations partenaires. Une victime est reconnue comme telle si deux personnes ont pu constater visuellement l’abus. Un dispositif consigné dans un livre réservé aux anciens, dont nous avons pu récupérer un exemplaire. Cent quatre-vingt-douze pages au titre évocateur : Faites paître le troupeau de Dieu.
Un sous-chapitre est consacré à la prise en charge des faits pédocriminels, nommés simplement « abus sexuel sur enfant ». Quatre pages très ambiguës : « Lorsque vous êtes informé d’une accusation d’abus sexuel sur enfant, vous devez immédiatement appeler le bureau de la filiale pour demander conseil, quel que soit l’âge de la victime à présent ou au moment des faits présumés, et même si ces faits datent d’avant le baptême de l’auteur présumé. Le bureau de la filiale fournira alors des indications tenant compte des circonstances particulières à chaque situation. » La dénonciation de ces abus aux autorités est laissée à la libre appréciation des victimes : « Si on vous pose la question, faites clairement savoir qu’il est laissé à la décision de chacun de signaler ou non les faits aux autorités et que, quelle que soit la décision d’un chrétien, la congrégation ne prendra pas de sanction à son encontre. »
Au bout d’un an, ils m’ont remise avec lui, j’ai de nouveau subi l’horreur
Pas de sanction ? Ce n’est pas ce que dit avoir vécu Yannick : « La sentence a été de me mettre au ban pendant une année, personne n’avait le droit de me parler, de s’asseoir à côté de moi aux réunions. La règle des deux témoins oculaires a été profitable à mon agresseur, forcément, j’étais toujours seule avec lui pendant le porte-à-porte. Et, au bout d’un an, ils m’ont remise avec lui, j’ai donc de nouveau subi l’horreur pendant une année ! Les agressions ont cessé seulement parce qu’il a déménagé, ça s’est terminé comme ça… » Depuis peu, Yannick entrevoit sa résilience à travers l’écriture d’un livre autobiographique. Elle a décidé de pardonner à sa mère et d’en parler à son frère. Ils la soutiennent tous les deux.
La partie émergée de l’iceberg
En 2016, la cour d’appel de Bordeaux juge deux prévenus, accusés par deux sœurs d’agressions sexuelles quand elles étaient mineures. NEON a récupéré le dossier judiciaire de cent quatre pages comprenant l’enquête préliminaire. On y découvre, comme dans les autres affaires dont nous avons eu connaissance, la mise en place d’un tribunal interne : « Le mis en cause explique avoir été informé des accusations portées à son encontre par les jeunes femmes lors de réunions religieuses (Témoins de Jéhovah) et les réfute, y compris pendant les deux confrontations organisées (…) évoquant la théorie du complot. » La sentence jéhoviste : excommunier l’un d’eux, simple fidèle. L’autre, exclu de ses fonctions d’ancien, a pu rester. Au terme du procès, les deux hommes ont été condamnés à trois ans de prison ferme dont un avec sursis.
Le 16 juin 2021, l’Union nationale des associations de défenses des familles et de l’individu victimes de sectes (l’UNADFI) publie un article à charge : « En France, le silence sur des abus sexuels sur mineurs au sein des Témoins de Jéhovah demeure. À croire que notre pays serait épargné par ce fléau international. » Au cours de notre enquête, nous avons mené un début de recensement et abouti au chiffre de quarante-sept victimes présumées en France. Une vingtaine de cas ont été signalés à Lille, dans les locaux du Centre national d’accompagnement familial face à l’emprise sectaire (Caffes), dirigé par Charline Delporte. Quinze autres témoignages ont été recueillis par Fatiha Wyscisk : « Ce chiffre n’est qu’une partie émergée de l’iceberg », commente-t-elle. Sept victimes se sont confiées directement à NEON. Et cinq autres ont pu mener leurs agresseurs en justice. Elles ont toutes obtenu leur condamnation.
« Les Témoins de Jéhovah ont en horreur les abus sur enfants… »
Au niveau international, les chiffres sont terrifiants. La Commission royale d’Australie a officiellement dénombré 1800 victimes sur son territoire. Aux Pays-Bas, on en a trouvé 292. Presque autant qu’en Belgique, où le Centre d’information et d’avis sur les organisations sectaires nuisibles (CIAOSN) et l’association Reclaimed Voices ont recueilli 287 témoignages. Pressée de toutes parts, la Watch Tower, l’entité légale utilisée par les TJ, a publié, en 2019, une lettre sur son site internet, dans laquelle elle affirme : « Les Témoins de Jéhovah ont en horreur les abus sur enfants, et les considèrent comme des actes pénalement répréhensibles. »
Christian*, 35 ans, est toujours membre des TJ. Il ne croit plus aux préceptes du groupe depuis longtemps, mais pour ne pas être excommunié et perdre sa famille, il a décidé de feindre son abnégation envers Jéhovah. Pour lui, la nouvelle communication sur la pédocriminalité n’est que poudre aux yeux : « Je suis certain d’une chose, personne n’ira prévenir les autorités de la République en cas d’abus sur mineurs. C’est totalement en contradiction avec les fondements mêmes du groupe. » Des fondements très anciens. Dans une lettre datée de 1989 émanant de la Watch Tower, classée confidentielle par l’organisation, il est écrit : « Tous les matériaux en lien avec les affaires judiciaires devront être gardés en lieu sûr, accessibles uniquement aux anciens. Pour être ensuite reportés dans un rapport judiciaire maintenu sous scellé, et consigné dans les fichiers de la congrégation. » Rien d’étonnant pour Christian : « La réputation des Témoins de Jéhovah est plus importante que tout, même la sécurité des enfants. »
Ce constat n’a pourtant pas poussé la France a débuté un décompte officiel des victimes. Pourquoi ? Charline Delporte tonne : « Nous avons besoin d’aide ! Les médias peuvent jouer ce rôle de lanceurs d’alerte, les victimes doivent pouvoir être recensées comme en Belgique. Pour le moment, la justice traite ces cas comme des faits de viol en omettant le caractère sectaire dans lequel il a lieu. Donc maintenant, allons-y et très vite ! » NEON a transmis les chiffres français au service presse de la Miviludes. Voici leur réponse : « Si les faits racontés sont susceptibles de relever d’une infraction pénale, nous sommes tenus, conformément à l’article 40 du code de procédure pénale, de les signaler aux autorités compétentes. En ce sens, nous invitons toute victime potentielle de pédocriminalité au sein des groupes à dérive sectaire à se présenter à la Miviludes, qui n’a pas vocation à enquêter. Voilà pourquoi il est primordial de nous signaler tout abus présumé. » Le dernier procès porté à notre connaissance date de 2019. La victime avait 11 ans au moment des faits.
Dans le cadre de cette enquête, nous avons sollicité les Témoins de Jéhovah et leur avons soumis une série de questions. Le Bureau des relations publiques nous a renvoyés vers des documents internes : ligne de conduite biblique et extraits de la revue la Tour de Garde, consultables en ligne. Ces documents, que nous avions déjà consultés lors de la réalisation de cet article, décrivent « la nature d’un péché grave » selon les TJ ainsi que le « traitement de ces derniers par les anciens ».
* Certains prénoms ont été modifiés
Droit de réponse :
Suite à la parution de notre enquête, la Fédération Chrétienne des Témoins de Jéhovah nous a écrit par l’intermédiaire de son avocat. La fédération nous invite à nouveau à consulter le site officiel international et le site français des Témoins de Jéhovah. La position officielle des TJ est exposée dans sa communication du 18 janvier 2008 sur son site : https://www.temoinsdejehovah.org/page.aspx?REF=5a2cc957-27ea-4e00-a497-c1d2f7aa2744
Ce document est en 3 points : « 1. Une condamnation sans ambiguïté des atteintes sur mineur, reflet d’un souci constant de prévention. […] 2. Une volonté de dénonciation en phase avec les évolutions de la société. […] 3. Une discipline religieuse qui n’empiète pas sur l’intervention judiciaire. »
Extrait :
« L’idée selon laquelle les Témoins de Jéhovah dissimuleraient sciemment aux autorités des actes d’agressions sexuelles commis sur des enfants est absurde et inacceptable. Une telle dissimulation irait à l’encontre de la morale chrétienne.
Notre ligne de conduite sur cette douloureuse question est claire. Les Saintes Écritures recommandent expressément d’ » honorer le roi « , c’est-à-dire de respecter les autorités et dispositions étatiques et judiciaires (Première lettre de Pierre 2:17 ; Lettre de Paul aux Romains 13:4). Les faits de cette nature doivent être signalés aux autorités et leurs auteurs doivent être punis en conséquence. »
Ces documents, que nous avons consultés lors de la réalisation de notre enquête, décrivent « la nature d’un péché grave » selon les TJ ainsi que le « traitement de ces derniers par les anciens ».