Un naturopathe était jugé vendredi 10 septembre 2021 devant le tribunal correctionnel de Paris après le décès d’un de ses patients convaincu de guérir grâce à ses préceptes.
Ambiance tendue au sein de la 31ème chambre du tribunal correctionnel de Paris vendredi 10 septembre 2021. Dans le box des prévenus, Miguel B. est poursuivi pour usage illégal de la médecine et usage abusif du titre de médecin après la mort d’un homme persuadé de pouvoir guérir de son cancer en suivant ses conseils.
Calme et posé, Miguel B. se présente comme docteur en médecine moléculaire, naturopathe et chercheur en cellules souches. Ses pratiques, centrées sur des jeûnes et des purges à l’huile de ricin, auront apporté un dénouement dramatique à la vie de Charles B. Ce dernier, atteint d’un cancer des testicules diagnostiqué en 2016 et guérissable, va suivre pendant plusieurs mois les traitements du naturopathe malgré la détérioration de son état. Il décédera courant 2018.
« Il est persuadé d’avoir raison »
Chez les parties civiles, l’émotion est encore vive : «alors que la santé de Charles se détériorait de mois en mois, Miguel continuait à lui prescrire des purges» se lamente à la barre Camila F., ancienne compagne du défunt.
Elle lit plusieurs échanges de SMS entre son ancien compagnon et le naturopathe : «J’ai une toux terrible, j’ai du mal à respirer» lui envoie le malade dont le cancer commence à se généraliser. «Ton poumon doit être irrité, continue à boire des infusions» lui répond le naturopathe.
Il va ainsi expliquer à Charles B. que son état est dû à un manque de sérieux dans sa pratique de jeûne : «Le pire c’est qu’il est sûrement de bonne foi. Il est persuadé d’avoir raison, et c’est ce qui le rend plus dangereux» s’exclame Camila F..
« Vous croyez en ce que vous faites ? »
Les échanges entre Miguel B. et la cour vont se révéler houleux. Ils iront de la définition de docteur à l’utilisation d’un pendule pendant ses séances en passant par un quiz médical sur l’huile de ricin et ses dangers sur le corps : « je suis actuellement en jeûne depuis cinq jours, purgé à l’huile de ricin et je vais très bien » rétorque le prévenu dans l’indignation générale.
« Mais vous croyez en ce que vous faites ? » lui demande Manuel Abitbol, avocat des parties civiles. « Oui, j’y crois » répond avec assurance le praticien, qui continue encore aujourd’hui à proposer des consultations en ligne.
Un an de prison ferme requis
Les plaidoiries ont été passionnées des deux côtés. Les parties civiles et le parquet dénonçant le charlatanisme et l’absence de remise en question du prévenu, tandis que la défense arguait le fait que Miguel B ne se soit jamais présenté comme médecin : « ce procès n’est pas celui de la naturopathie » s’est exclamé Maître Guillaume Martine.
La procureure a requis 2 ans de prison dont un an ferme pour usage illégal de la médecine.
Le délibéré aura lieu le 15 octobre prochain.
source :
Antoine Blanchet