LES VIOLENCES FAITES AUX ENFANTS (1/7) Chaque année, en France, trois cent mille mineurs sont victimes d’agressions sexuelles. Depuis dix-sept ans, le juge des enfants, désormais coprésident de la commission Inceste et violences sexuelles faites aux enfants, regarde en face ces violences que beaucoup préfèrent ne pas voir.
Le juge Édouard Durand reçoit désormais dans un bureau impersonnel au bout de l’un des longs couloirs du ministère de la Santé. C’est là qu’il va coprésider, pendant deux ans, avec Nathalie Mathieu, directrice générale de l’association Docteurs Bru, la commission Inceste et violences sexuelles faites aux enfants. Ils ont tous deux été nommés par le président de la République après la démission d’Élisabeth Guiguou, emportée par le débat suscité par le livre de Camille Kouchner, La familia grande, où elle accuse son beau-père, le politologue Olivier Duhamel, d’inceste sur son frère jumeau. Pour conduire les travaux de la commission, Édouard Durand, 45 ans, doit suspendre ses activités de juge des enfants au tribunal de Bobigny. L’urgence des situations auxquelles sont confrontés les plus jeunes exige une disponibilité totale. Tout comme, aujourd’hui, l’urgence à faire évoluer la loi et les pratiques. C’est une conviction pour ce juge des enfants depuis dix-sept ans, spécialiste de la lutte contre les violences, déjà engagé notamment dans le Haut Conseil à l’égalité et qui vient de codiriger, avec Ernestine Ronai, Violences sexuelles. En finir avec l’impunité (éd. Dunod). Sa voix est comme toujours mesurée, mais son propos n’en est pas moins ferme : la société doit mieux protéger les enfants.