Un mouvement évangélique d’origine brésilienne, aux pratiques signalées par la Milivudes, tente de recruter chez les étudiants fragilisés par la crise du Covid-19.
La crise du coronavirus n’a pas fait reculer le risque de phénomène sectaire, bien au contraire. Un étudiant à Tours, en licence de psychologie, a découvert début mars des mystérieux tracts jaunes dans le parc du campus de son université, rapporte France Bleu. Dissimulés dans des enveloppes jaunes suspendues dans des escaliers ou des arbres, les flyers sur fond noir avec le terme « HELP » interpellent. Les messages évoquent la détresse : « On n’est pas là pour te juger mais pour t’aider », « Recommence maintenant et oublie ton passé ». Or, il ne s’agit pas là de prévention à la détresse estudiantine, selon l’Association de défense des familles et de l’individu victimes de sectes (Adfi). C’est l’œuvre d’un mouvement évangélique: le Centre d’accueil universel (CAU). À son sujet, la Miviludes a été saisie « 40 fois entre 2005 et 2020 pour des soupçons de dérives sectaires. »
Au Figaro, Hugo, l’étudiant, qui a lancé l’alerte sur Twitter, a expliqué ne pas connaître ce mouvement présent à Tours. Intrigué, il a fait des recherches et s’est penché sur l’auteur des tracts. « J’ai vérifié sur le Web les renseignements disponibles sur le centre. Je n’imaginais pas que ce groupe était soupçonné de sectarisme et d’emprise. À mon avis, leurs tracts ciblent en priorité les étudiant, notamment les plus fragiles », analyse-t-il.
Lors d’un stage, ce jeune homme a été initié à ces dérives, grâce à l’association du Groupe d’étude des mouvements de pensée en vue de la protection de l’individu (GEMPPI). « Ce serait dangereux de laisser ces tracts dans la nature. Je les ai donc récupérés afin de les envoyer à l’Union nationale des associations de défense des familles et de l’individu (Unadfi) », précise le jeune homme. Le 9 mars, il a également récupéré une dizaine d’autres tracts identiques, éparpillés à proximité d’autres résidences universitaires de Tours.
Du tractage sur plusieurs campus universitaires
Un cas loin d’être isolé. Un étudiant à Évry a indiqué sur Twitter avoir repéré ces mêmes enveloppes en septembre 2020, à deux pas de la faculté et de la bibliothèque universitaire. « J’ai remis l’enveloppe à sa place car je n’avais pas compris que c’était une secte », a-t-il précisé au Figaro. De même, une enseignante de l’École nationale supérieure (ENS) de Lyon a confié au Figaro avoir aperçu ce type de tracts fin février 2021, devant l’université Lyon 2. Tous venus du Centre d’accueil universel, présent dans une trentaine de villes en France. Son credo : « Donnez à Dieu et vous recevrez ». Cette église prône « l’évangile de la prospérité » et « la guérison spirituelle. »
Fin février 2021, la Miviludes a publié une liste actualisée de mouvements identifiés comme présentant des risques de dérives sectaires en France. Le rapport interministériel fait état en février de «383 saisines relatives à des mouvements d’églises nouvelles dits évangélistes en 2020.» Selon Pascale Duval, porte-parole de l’Unadfi, «La crise sanitaire a accentué l’activisme de ces mouvements d’emprise. Toutes les crises génèrent cette effervescence. C’est une aubaine pour eux.»
Le Centre d’accueil universel, anciennement nommé Église universelle du royaume de Dieu, est pointé du doigt par la Milivudes. Il est soupçonné d’exercer « des emprises » sur ses adeptes, par des « prétendues guérisons », et « des prédations financières ». Le changement de nom du groupuscule a eu lieu en 2004, à la suite de sa mention dans le rapport parlementaire sur les sectes de 1995. L’un de ses prédicateurs brésiliens a récemment avancé que le Covid-19 n’affectait que « ceux qui ne croyaient pas en Dieu » et a incité ses adeptes à « ne pas respecter les restrictions sanitaires. »
source : https://www.lefigaro.fr/actualite-france/des-tracts-d-un-groupe-religieux-soupconne-de-derives-sectaires-retouves-dans-plusieurs-campus-etudiants-20210316