Les grandes plateformes, Facebook, Twitter, YouTube sont jugées largement responsables des émeutes du 6 janvier aux Etats-Unis. Problème : en fermant des groupes extrémistes, elles les ont poussés vers d’autres sites.
Les algorithmes recommandent de fausses informations
Parallèlement, deux chaînes de télévision présentes sur YouTube, Newsmax TV, propriété d’un ami de Donald Trump, et New Tang Dynasty TV (NTD), liée au groupe religieux Falun Gong, l’un de ses fervents soutiens, ont connu une croissance fulgurante de leur audience grâce à des contenus relayant la thèse d’une fraude électorale. « L’algorithme de recommandation a interprété le temps passé par les utilisateurs sur les vidéos comme une marque d’intérêt et les a donc poussées davantage, dans le but d’y placer plus de publicité et d’engranger plus de revenus », explique le Français Guillaume Chaslot, ancien ingénieur de YouTube et de Google, qui milite pour une modification des algorithmes afin que ce type de contenus circule moins.
Car leur croissance spectaculaire pose de vraies questions. Selon cet expert, Newsmax est passée de 3 à 110 millions de vues en un mois sur YouTube, et NTD de 6 à 80 millions. Faut-il les chasser des grandes plateformes ? Réguler davantage ces réseaux sociaux ? La question s’annonce complexe pour l’administration Biden, d’autant qu’un autre danger guette : la montée en puissance des réseaux alternatifs. Des sites comme Parler, Gab ou des forums de discussion tel que TheDonald.win prennent de l’ampleur.
Plus petits, échappant à tout contrôle, ces sites deviennent les porte-voix des complotistes (QAnon), des suprémacistes blancs (Proud Boys) ou des milices antigouvernementales (Oath Keepers). « Un certain nombre d’extrémistes de droite se sont inscrits sur Parler après avoir été expulsés de Twitter », confirme Kristen Doerer, directrice générale de l’organisation de surveillance Right Wing Watch. En voici les principaux.
Parler, le « Twitter » des extrémistes bannis de Google et d’Apple
« Pence [le vice-président américain] et les leaders du coup d’Etat se préparent à arrêter et à exécuter le président Trump et ses fidèles. Typique des tyrans communistes. » Voilà ce qu’écrivait Lin Wood sur le réseau social Parler, où il est suivi par plus de 1 million de personnes, au lendemain de l’envahissement du Capitole. Banni le jour même par Twitter, cet avocat, qui a fait partie de l’équipe de défense de Trump, s’est donc replié sur ce réseau. Depuis son lancement en 2018, cet ersatz de la célèbre plateforme à l’oiseau bleu s’est imposé comme un refuge pour les fanatiques du président sortant et les militants d’extrême droite. Dans le sillage de Google, Apple a retiré le 9 janvier l’application de sa boutique en ligne, en raison de ses « appels à la violence et aux activités illégales ». Ce lundi, le site Amazon, qui accueillait ses serveurs, a décidé de leur en couper l’accès. Quelques jours de gagnés, le temps de trouver un autre hébergeur… Quoi qu’il en soit, Parler était ensuite hors service ce lundi. L’avocat conspirationniste Lin Wood poste quotidiennement des thèses complotistes sur Parler.
TheDonald.win, forum foutraque
Sur la page d’accueil, deux regards perçants fixent l’internaute : ceux d’un aigle à tête blanche, symbole des Etats-Unis, et de Donald Trump. Bienvenue sur TheDonald.win, où le milliardaire républicain est érigé en héros et prophète. Lancé fin 2019, ce site recense plus de 15 millions de visites par mois.
Au menu, des contenus conspirationnistes, des odes au président sortant… « Le grand danger, c’est quand ces théories sont promues sur des groupes Facebook fermés, où ils peuvent toucher M. et Mme Tout-le-Monde », relève Samantha North, une enquêteuse indépendante.
Une édition papier est distribuée gratuitement lors des meetings de leur champion, Donald Trump. Lié au groupe religieux chinois Falun Gong (comme la chaîne NTD), The Epoch Times, créé en 2000, mêle vraies et fausses informations sur son site : l’une de ses récentes vidéos affirme que le saccage du Capitole serait une manipulation des « antifas », surnom donné aux militants d’extrême gauche.
« Ce type de média aide à légitimer les thèses complotistes lancées sur les réseaux sociaux, explique Joe Ondrak, chercheur pour l’organisation anti-désinformation Logically. Leurs articles servent par la suite de ‘preuves’ dans les conversations
source :https://www.lexpress.fr/actualite/monde/amerique-nord/complotisme-les-reseaux-sociaux-encore-sur-le-banc-des-accuses_2142349.html