Arraché de haute lutte, ce texte de sept à huit pages réaffirme notamment « le principe de l’égalité hommes-femmes », la « compatibilité » de la foi musulmane avec la République et insiste aussi sur « le rejet de l’instrumentalisation de l’islam à des fins politiques » et la « non-ingérence » des Etats étrangers, a détaillé le président du Conseil français du culte musulman, Mohammed Moussaoui, dans un communiqué.
Le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, à qui les trois dirigeants du CFCM ont présenté cette charte samedi à Beauvau, a salué « une avancée très significative » et la marque d’un engagement contre « l’islam politique », selon des déclarations transmises à l’AFP.
Vers un Conseil national des imams
Ce texte, qui scelle également « le rejet de certaines pratiques coutumières prétendument musulmanes », doit être validé, peut-être dès dimanche, par l’ensemble des fédérations du CFCM avant d’être présenté au président Emmanuel Macron. Cette étape permettra de lancer la prochaine mise en place d’un Conseil national des imams (CNI), qui sera chargé de « labelliser » les imams exerçant en France et pourra leur retirer leur agrément notamment en cas de manquement à la charte.
Cette réaffirmation formelle des principes républicains avait été demandée aux dirigeants du CFCM mi-novembre par le président de la République dans la foulée de son offensive contre le « séparatisme » et l’islam radical. La pression sur les instances musulmanes s’était renforcée avec l’attentat contre Samuel Paty mi-octobre et dans la basilique de Nice quinze jours plus tard. Elle a, depuis, été formalisée dans un projet de loi bientôt soumis au Parlement.
Mais cette initiative avait provoqué une grave crise au sein de l’instance représentative des musulmans, souvent critiquée pour son manque de représentativité. Fin décembre, le recteur de la grande Mosquée de Paris, Chems-Eddine Hafiz, avait claqué la porte des discussions sur la charte et le futur CNI en pointant du doigt l’influence d’une « composante islamiste » au sein du CFCM.
Une charte source de divisions
Des « membres de la mouvance islamiste » au sein du CFCM ont fait croire « que cette charte avait pour ambition de toucher à la dignité des fidèles musulmans », avait accusé Chems-Eddine Hafiz. Le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, avait alors déploré une décision « unilatérale et inexpliquée ».
Selon une source proche du dossier, des divisions existaient entre les neuf fédérations du CFCM notamment sur les questions de l’apostasie ou de l’islam politique. « Il y a une prise de conscience que cette situation de division ne permettrait pas au culte musulman de s’affirmer. Cette image d’une institution divisée était préjudiciable au culte musulman et à l’ensemble des musulmans », a déclaré Mohammed Moussaoui. « Cette prise de conscience a permis de surmonter ces divergences qui ont pu exister », a-t-il ajouté.