L’institution présidée par Jean-Louis Bianco, critiquée, a publié son rapport annuel jeudi 17 décembre. Le gouvernement travaille à « faire évoluer » ses contours.
Pour « faire bloc contre l’islamisme radical », il faut « garder son sang-froid ». Telle est la recommandation formulée d’emblée dans la synthèse du 7e rapport annuel de l’Observatoire de la laïcité depuis son installation en 2013, publié jeudi 17 décembre. Alors que plusieurs conceptions continuent de s’affronter sur le terrain de la laïcité, et avant la discussion parlementaire du projet de loi « confortant les principes républicains », l’institution présidée par Jean-Louis Bianco et composée d’une vingtaine d’experts et parlementaires appelle à « un débat serein »
Ce rapport de plus de 600 pages est rendu public quatre jours après que Marlène Schiappa, ministre déléguée chargée de la citoyenneté, a confirmé sur Radio J, le 13 décembre, sa volonté d’obtenir du premier ministre de « faire évoluer » l’Observatoire de la laïcité pour en faire « une structure qui porterait la parole de l’Etat ». « On ne peut pas se contenter de publication de rapports et de guides pédagogiques pour accompagner l’action du gouvernement », avait ajouté la ministre déléguée. En octobre, des propos attribués par l’hebdomadaire Le Point à son « entourage » se faisaient l’écho de son intention d’obtenir le remplacement de Nicolas Cadène, le rapporteur général de l’Observatoire. Le premier ministre, Jean Castex, avait finalement annoncé le maintien de l’équipe actuelle jusqu’au terme de son mandat, en avril 2021.
Formations à la laïcité
Ce 7e rapport récapitule le diagnostic porté de longue date par l’Observatoire sur la situation et le bilan de son action. Sur le premier point, il énumère les « replis sur soi » et la « réaffirmation des marqueurs identitaires religieux » dans « toutes les religions ». Il incrimine, entre autres, un défaut de « mixité sociale », l’héritage de « l’histoire coloniale », l’influence « des courants rigoristes issus de l’islam », des « contre-discours et offres alternatives trop faibles ». Dans ce panorama, il affirme que « les atteintes directes à la laïcité sont mieux contenues » quand les formations à la laïcité et à la gestion des faits religieux sont renforcées. « Les confusions autour du principe de laïcité, qui conduisent parfois à son rejet ou à son instrumentalisation, sont toujours aussi courantes », regrette-t-il.
Le rapport liste, d’autre part, les actions conduites dans les différents ministères concernés, notamment en matière de formation. Il « espère rapidement mise en œuvre » la création d’un « module de formation à la laïcité commun aux instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation », annoncé par le ministère de l’éducation nationale, mais « regrette l’essoufflement constaté quant à la formation continue des personnels ».
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