Une ingénieure informatique américaine vient de partager son expérience : cela fait un an et demi qu’elle vit sans internet chez elle. Un acte difficile à mettre en place mais potentiellement libérateur. 

Evidemment, un article diffusé sur Internet avec un tel titre prête à sourire. Mais dépassons l’incohérence première de la titraille et du support pour nous poser la question : et si on arrêtait d’utiliser internet à la maison ?

Dans un post publié sur la plate-forme médium le 18 décembre, une certaine Keri Savoca, ingénieur informatique américaine, raconte comment elle vit depuis plus d’un an et demi sans connexion internet dans son foyer. Si elle a sauté le pas, ça a été d’abord par nécessité financière : cette diplômée de la prestigieuse université Yale avait besoin de faire des économies : “Je l’ai fait parce que je n’avais pas le choix. Il fallait que je réduise toutes mes dépenses superflues“, écrit-elle.

Sauf qu’aujourd’hui elle ne reviendrait en arrière pour rien au monde : “Une fois passé le choc de ne plus être en permanence connecté au monde entier, on découvre de nouvelles sensations de confort. On remarque le lever du soleil. […] On se rend disponible au vrai monde – celui qui nous entoure physiquement.

En sus, quelques mois après avoir coupé Internet chez elle, Keri Savoca a cassé son smartphone. L’objet était complètement hors service. Qu’à cela ne tienne : elle ne l’utilisera plus non plus. Et elle le vit très bien.

Evidemment, ce refus de l’hyper connexion ne peut être total, surtout professionnellement : Mme Savoca est développeuse web freelance. Elle se connecte donc ponctuellement grâce à un spot wi-fi gratuit près de chez elle, ou en descendant au Starbucks. Elle s’est habituée à coder hors connexion. Et elle rentabilise à l’extrême ses quelques heures passées sur Internet par jour, notamment pour régler ses affaires administratives – elle a automatisé une grande partie du piment de ses factures.

Protection de ses données personnelles et addiction à internet

En tant que “millenial”, notre voyageuse en terre numérique inconnue – ou oubliée – avait pourtant une vie pleinement rythmée par Internet et en particulier par les réseaux sociaux. En 2018, en France, 64% des 18-25 ans passent plus de 21h par semaine sur Internet, que ce soit via un ordinateur ou un téléphone portable. Mais ils ne sont pas les seuls touchés par cette hyper-consommation de gigaoctets de données : 56% de la tranche des 40-59 ans passent plus de 8 heures hebdomadaires sur le web.

Notre temps démesuré passé sur Internet pose un premier problème : celle de la sécurité de nos données personnelles, de la préservation de notre empreinte numérique. Le scandale des Cambridge Analytica – pour ne citer que celui-ci -, cette année est encore là pour nous alarmer sur l’exploitation faites par les GAFAM de nos données.

Un autre point aussi primordial est la cyber addiction, un mal moderne, qui peut être décrit comme une toxicomanie sans drogue. L’expression anglophone (Internet addiction) est employée pour la première fois par la psychologue américaine Kimberly Young, lors d’un colloque de l’American Psychological Association (APA) à Toronto au Canada en 1996. Qui ne s’est jamais retrouvé embarqué dans le tourbillon des fils d’actualités de Facebook, ou happé par son flux de photos sur Instagram ? A cet égard, le choix de vie draconien de Keri Savoca a des allures de cure de désintoxication. Ironie du sort, quand on sait qu’aujourd’hui, notamment en France, les foyers qui ne disposent pas d’une connexion internet adéquate sont marginalisés et éprouvent notamment des difficultés pour travailler ou effectuer certaines démarches administratives.

source :

https://www.forbes.fr/lifestyle/et-si-vous-arretiez-dutiliser-internet-au-moins-chez-vous/?cn-reloaded=1