Le journaliste et spécialiste du monde arabe et musulman Antoine Sfeir est mort dans la nuit de dimanche 30 septembre à lundi 1er octobre, à l’âge de 70 ans, ont annoncé Les Cahiers de l’Orient, revue trimestrielle dont il était le fondateur. Sa disparition a suscité un grand nombre de réactions dans le monde médiatique et politique, à droite comme à gauche.
« Antoine Sfeir était un passeur entre deux mondes, l’Orient et l’Occident. Il avait de l’islam, dans ses multiples visages et dans son histoire, une connaissance profonde et chaleureuse. Il aimait décrypter et transmettre. Et il était un ami », a réagi le président du MoDem François Bayrou sur les réseaux sociaux.
« Il prônait le dialogue des cultures et refusait tous les fanatismes », a souligné Valérie Pécresse, la présidente LR de la région Ile-de-France, insistant sur la capacité d’Antoine Sfeir à « faire la pédagogie des complexités de l’islam et du monde arabe ». « Chaque conversation avec lui nous grandissait », a souligné la maire de Paris, Anne Hidalgo (PS), sur Twitter, saluant « une conscience qui nous éclairait avec beaucoup de lucidité sur l’Orient et l’Occident ».
Expert reconnu de la région
Né à Beyrouth en 1948, Antoine Sfeir avait commencé sa carrière comme journaliste au service étranger du quotidien libanais francophone L’Orient le Jour en 1968. En 1976, alors que commence la guerre du Liban, il est enlevé et torturé une semaine durant par une milice palestinienne. Après avoir quitté le Liban, il poursuit dans les années qui suivent ses collaborations avec des titres de presse français et publie de nombreux essais destinés au grand public qui lui donnent la stature d’un expert reconnu de la région.
En 2003, il dépeint l’universitaire Tariq Ramadan comme un « spécialiste du double langage », dont l’influence sur la jeunesse serait plus dangereuse que celle des islamistes violents, ce qui lui vaut une plainte en diffamation, avant d’être relaxé. En 2005, il lance, avec Jean-Michel Quillardet, ancien grand maître du Grand Orient de France, l’Observatoire de la laïcité, qui se voulait « un groupe d’étude et de prospective afin de renforcer le principe de laïcité comme constitutif de la République et de la démocratie ».
Conférencier et commentateur régulier des affaires moyen-orientales dans les médias français, notamment audiovisuels, Antoine Sfeir exerçait également en qualité de consultant pour des entreprises privées. En 2009, un ouvrage signé de sa main jugé trop complaisant à l’égard du la Tunisie de Zine Al-Abidine Ben Ali, lui vaut d’être accusé de collusion avec son régime autoritaire. Après la révolution tunisienne de 2011, Antoine Sfeir reconnaîtra s’être « trompé lourdement » sur la Tunisie.
Chevalier de la Légion d’honneur, Antoine Sfeir présidait depuis 2014 l’Institut libre d’étude des relations internationales (Iléri)
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