Déjà implantée dans le quartier Saint-Aubin, la communauté des Douze Tribus, s’apprêterait à ouvrir un restaurant à Toulouse. L’installation de ce mouvement sectaire inquiète.
La communauté des Douze Tribus refait parler d’elle. Quelques mois après que l’association Infos Sectes Midi-Pyrénées* ait alerté les habitants de Toulouse, en mai 2018, au sujet de l’implantation de ce mouvement sectaire dans la Ville rose, Les Douze Tribus (ou Tabitha’s place) s’apprêterait à ouvrir un restaurant, dans le quartier Saint-Cyprien, d’après le Journal du Dimanche.
Pour rappel, les membres de cette communauté ont ouvert fin 2016 une boutique, dans le quartier Saint-Aubin ; une épicerie bio appelée « Au cœur du grain », et sont régulièrement sur les marchés de Toulouse, pour vendre leurs produits.
« Ils y sont parvenus »
Contactée par Actu Toulouse, l’association Infos Sectes Midi-Pyrénées s’inquiète du développement de ce mouvement religieux dans la Ville rose. « On savait qu’ils essayaient de s’implanter dans l’agglomération toulousaine et ça y est ils y sont parvenus », déplore la présidente de cette association, Simone Risch. Depuis la mise en garde effectuée par Infos Sectes, notamment auprès des jeunes et des enfants, Simone Risch indique avoir reçu plusieurs appels, provenant de « familles », ou « d’ex-victimes », mais aussi de personnes qui s’interrogent au sujet de ce commerce qui a pignon sur rue.
Une cinquantaine de couverts
Un commerce qui prospère et qui leur permet d’avoir de nouveaux projets, d’après Le Journal du Dimanche. Les membres ont repris « un restaurant en liquidation judiciaire. L’établissement, fort d’une cinquantaine de couverts et d’une terrasse, proposera des plats bio ou vegans. Le service de l’urbanisme a délivré un permis de construire sans sourciller à la SCI Le Mail, immatriculée dans l’Indre », révèle le JDD.
Le JDD donne également des précisions suivantes : « Les Douze Tribus projetaient aussi d’acheter un hôtel pour y installer une partie de leurs membres. La communauté a dû renoncer après que celui-ci a été squatté puis emmuré. Sa volonté d’acquérir un pied-à-terre dans la Ville rose ne fait aucun doute. Le gérant du futur restaurant apparaît parmi les anciens dirigeants de la société Cappe, basée à Sus », dans les Pyrénées-Atlantiques, où la communauté s’est installée dans un château depuis 1983.
Mais ce n’est pas tout : « Via la SARL Le Petit Gersois, la communauté a aussi obtenu la certification Ecocert pour vendre des barres énergétiques, pains, viennoiseries et pâtisseries labellisés bio. Ce certificat est valable jusqu’au 31 mars 2019 ». Or, le Petit Gersois est également le nom du restaurant, situé rue Laganne, qui a été racheté par la communauté des Douze Tribus.
Dans le collimateur de la justice
L’implantation des Douze Tribus à Toulouse n’a pas échappé à la préfecture de Haute-Garonne, suite aux signalements effectués par l’association Infos Sectes. Selon Marc Tschiggfrey, directeur du cabinet auprès du préfet, cité par nos confrères, « des signalements ont été réalisés auprès des services de la Miviludes et des autorités judiciaires ».
Cette communauté religieuse, appelée aussi Ordre apostolique, qui fait partie du mouvement fondamentaliste américain Communauté du royaume du Nord-Est des frères de Plymouth, dont les membres affirment suivre strictement la Bible, a déjà été plusieurs fois dans le collimateur de la justice, par le passé. En juin 2015, plusieurs de ses membres, basés à Sus, avaient été placés en garde à vue avant d’être relâchés, et quatre enfants de la communauté avaient été placés auprès des services sociaux, après l’ouverture d’une information judiciaire, en 2014, pour mauvais traitements à enfants.
Maltraitances contre les enfants
En 1997, un bébé de 18 mois souffrant de malformation cardiaque et de rachitisme était mort faute d’avoir reçu les soins dont il avait besoin. Ses parents avaient été condamnés en 2001, à 12 ans de réclusion criminelle. D’après les informations du JDD, le père de cet enfant, Michel G., « serait souvent de passage à Toulouse ».
Serge Blisko, le président de la Mission interministrérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes), précise à nos confrères :
Nous savons que cette communauté est celle qui comporte le plus grand nombre d’enfants en France. Mais combien sont-ils exactement ? Ces gens-là déclarent de moins en moins les naissances, ils restent en dehors du système vaccinal et se moquent des allocations familiales. Ils peuvent rapidement les déplacer d’une communauté à un autre, d’un pays à un autre. Au niveau scolaire, les droits des enfants doivent aussi êtres respectés. Or, par le passé, peu d’entre eux étaient alphabétisés et ils parlaient plutôt anglais.
- antenne régionale du Centre Contre les manipulations Mentales
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