7/13/2006)

Des cybers au Maroc ? Il y en a plein. Mais des « cybers islamiques», ça c¹est nouveau. Quand des locaux clandestins se transforment en un lieu de culte pour la manipulation des jeunes adolescents, le danger existe bien dans les quartiers populaires de la métropole et les grandes villes. Nous l¹avons vu à Casablanca et à Mohammedia. Reportage.
«Quand on cherche, on trouve». Le vieux proverbe encourage les gens à faire plus d¹efforts pour atteindre leurs buts. Parfois, on trouve sans chercher : Et c¹est le hasard et notre découverte qui risque de devenir, alors, un vrai scandale. Quelque part à Casablanca, Rabat et dans d¹autres grandes villes du Royaume, certains cybers offrent des services non ordinaires : Ils imposent aux internautes des sites bien précis. Et s¹il existe des cyber-cafés où l¹on consomme tranquillement la Chicha, en caressant sa petite amie, d¹autres ont des pratiques peu commodes aussi. Leurs clients sont à la recherche de l¹autre monde : «Le Paradis auprès du grand Seigneur tout puissant».
Peu nombreux, mais bien sélectionnés, sont les internautes qui fréquentent les «cybers islamiques» qui poussent, ici et là, comme des champignons dans presque toutes les villes du Royaume. Au sein de la capitale économique et ses agglomérations, ça devrait être pire.
Le monde libre de l¹Internet devient, en pareils locaux, un outil de discrimination socioculturelle et de manipulation des jeunes. Chose faite, dans ces locaux, on utilise des techniques attractives pour susciter l¹intérêt chez les jeunes internautes, inconscients du danger qu¹ils courent. Les gérants ont baissé le prix de l¹heure de moitié. Il ne coûte plus que 3 dirhams et demi, pour une heure d¹utilisation au lieu de 10 dans les grands cybers où le choix des sites est permis. Le comble c¹est que ces «barbus» imposent, en sus du contrôle préalable de toute navigation dans le cyber-espace, une manière particulière de faire obligatoirement, la prière. «Laquelle se déroule toujours, selon les rumeurs, portes closes, suivie d¹une «leçon» sur la religion, dont le thème ne sort jamais du djihad et du Paradis».
Ces «Cybers Islamiques», opérationnels jours et nuits, se transforment, en effet, en mosquées, cinq fois par jour. Ce qui laisse mauvaise impression chez les parents des usagers qui consomment parfaitement le contenu des sites que leur imposent les gérants, presque tous barbus.
Certains habitants des quartiers où résident ces locaux commencent à croire que «ce ne sont pas seulement des cybers, mais plutôt des niches pour sectes». D¹autres s¹interrogent si «là dedans quelque chose de dangereux ne se prépare pas».
Ce qui n¹est guère le cas de dizaines de parents, appartenant à un groupe islamiste non autorisé, qui encouragent leurs enfants à multiplier les heures d¹utilisation de l¹Internet fournies par ces «cybers islamiques» que la population qualifie de «Kandahar cybernétique».
Dans le monde secret de la «secte», on annonce bien les résultats «spirituels» bénéfiques de ces fameux locaux. Entre eux, ils se félicitent de leur réussite : «Il fallait agir face à la «délinquance qui se propage dans les autres cybers. C¹est la raison pour laquelle nous comptons augmenter le nombre de nos locaux qui sont désormais des cybers autorisés conformément aux lois, mais où nous interdisons tout accès aux cites incitant à la débauche», affirme un propriétaire d¹un cyber à Mohammedia. Parait-il, la contamination dépasse les frontières de la métropole et atteint ses agglomérations.
D¹où viennent leurs énormes ressources financières qui permettent la création de tels cybers? Qui les gère ? Quel est l¹objectif de ce nouveau commerce qui, semble-t-il, a remplacé celui des médicaments naturels et des cassettes audiovisuelles interdites ? Ces questions, avec tant d¹autres, s¹imposent. Et la réponse ne devra pas tarder pour dévoiler l¹énigme. Et comme dit le proverbe : «Qui cherche trouve».

Rida Addam