Loin d’être des simples d’esprit, les gourous sont souvent des surdoués déviants.

 
Poussés par des délires mystiques ou scientifiques, tous les gourous sont persuadés qu’ils sont investis d’une mission sacrée. Par le biais de visions, de révélations ou de pseudo pouvoirs comme celui de guérison ou de prophétie par exemple, ils se sentent désignés pour mener un groupe d’élus vers une conscience améliorée ou au-delà d’une apocalypse annoncée et déterminée dans le temps.
Derrière des dénominations aussi différentes que "messie cosmo-planétaire" ou "Christ réincarné", "Bouddha ressuscité" ou "Maître de la vérité", les fondateurs d’organisations sectaires ont bien souvent des personnalités et des parcours qui se ressemblent. Qu’ils soient hommes ou femmes, Français ou étranger, leurs déviances ont toujours les mêmes origines : une volonté de notoriété, de pouvoir, de puissance financière et affective. Tout aussi craint qu’adulé, la parfait gourou répond ainsi à un profil psychologique déterminé par les spécialistes et repérable en sept points. Une personnalité paranoïaque

Poussés par des délires mystiques ou scientifiques, tous les gourous sont persuadés qu’ils sont investis d’une mission sacrée. Par le biais de visions, de révélations ou de pseudo pouvoirs comme celui de guérison ou de prophétie par exemple, ils se sentent désignés pour mener un groupe d’élus vers une conscience améliorée ou au-delà d’une apocalypse annoncée et déterminée dans le temps. Exemple : A la tête de l’église mooniste, Young Myung Mun prétend que Dieu lui a donné pour mission de "terminer l’oeuvre inachevée du Christ". "L’heure viendra inéluctablement où mes paroles serviront de loi car le monde entier est dans ma main", déclare-t-il. Un message qui fait 2 millions d’adeptes.

Un esprit brillant

Loin d’être des simples d’esprit, les gourous sont souvent des surdoués déviants. Leur grande force de persuasion repose sur des discours structurés où la force de raisonnement est difficilement contestable car c’est en réalité la base de la théorie qui est erronée. Si certains utilisent ou s’inventent des titres universitaires pour justifier leurs compétences, d’autres misent au contraire sur leur manque d’éducation pour laisser entendre qu’ils ne peuvent qu’être divinement inspirés. Exemple : Faux journaliste, explorateur mythomane, médiocre auteur de romans de sciences-fiction et auteur d’une méthode pseudo-analytique ("La Dianétique"), Ron Hubbard, fondateur de l’église de scientologie, a laissé à sa mort un sillage de mystère quant à ses véritables activités. En 1982, son fils aîné affirmait que 99% de tout ce que son père avait écrit sur sa propre vie était faux…

Un sens aigu de la séduction et de la communication

Les gourous sont souvent de fins psychologues : ils parviennent toujours à repérer rapidement les fragilités de leurs disciples pour finalement s’appuyer dessus. Tribuns remarquables, ils ont souvent un charisme qui leur permet de séduire pour recruter pour enfin détruire les personnalités et les refaçonner. Exemple : Dès l’enfance Shoko Asahana, gourou de la secte Aum Shinri-Kyo (accusé de l’attentat au gaz sarin dans le métro de Tokyo – 12 morts, 5 500 intoxiqués) avait pris l’habitude de se dresser comme défenseur des plus faibles pour mieux s’imposer comme tyran. Plus tard, ses coups de bluff en matière de maîtrise respiratoire lui permirent d’ouvrir une école de yoga où l’on se disputait les cours à plus de 1500€ la séance.

Des tendances mégalomanes

Tous les gourous sont animés par une grande volonté de puissance qu’ils assouvissent de trois manières. D’abord en créant un groupe pour pouvoir dominer, ils s’assurent le pouvoir. En imposant ensuite un message ou une doctrine révolutionnaire, ils s’accaparent le savoir. Enfin, en entretenant la dépendance de leurs adeptes, les gourous s’approprient progressivement le pouvoir financier. Exemple : En 1984, lorsqu’il fonde l’Ordre du temple solaire (OTS) avec Luc Jouret, Joseph Di Mambro sait parfaitement qu’il y a de l’argent à tirer de la crédibilité de certains. Sa cible privilégiée ? Les nantis.

Le mythe de persécution

En bons paranoïaques, les gourous sont tous sujets aux délires de persécution et entraînent systématiquement leurs disciples sur le même chemin pour renforcer la cohésion du groupe. Mais s’ils ont peur qu’on leur fasse de l’ombre ou qu’on les dénonce à l’extérieur de la secte (familles, associations, anciens adeptes), les "maîtres" craignent aussi certaines réactions à l’intérieur même de leur organisation. Des promesses de récompenses pour les adeptes les plus dociles aux menaces de punition pour les moins obéissants, ils créent autours d’eux une pression permanente qui empêche toute clairvoyance. Exemple : En invitant ses adeptes à se dessaisir de leur ego, Yvonne Trubert, grande prêtresse de la secte Ivi, amoindrissait leur esprit critique pour compenser un besoin pulsionnel de puissance effrénée.

Une agressivité omniprésente

En se croyant persécutés, gourous et adeptes deviennent rapidement de véritables persécuteurs. De procès contre les associations qui se chargent de les dénoncer en menaces – parfois de mort – à l’égard d’anciens disciples, tous deviennent d’une agressivité inquiétante.

Exemple : La catastrophe de Waco (Texas), en 1993, était prévisible : avant de lancer l’assaut final contre le ranch des Davidiens, la police fédérale américaine avait détecté de nombreux transports d’armes vers la secte. 36 000 kg de munitions ont été retrouvées après le dénouement de l’affaire qui a fait 72 victimes.

Une imagination sans limite

Renforcé dans ses convictions par l’adulation qu’on lui porte et par le rayonnement croissant de sa puissance, le gourou développe son imagination et devient affabulateur et menteur. Exemple : Gilbert Bourdin, gourou de la secte du Mandarom, disait avoir combattu des milliards de "lémuriens" et d’ "atlantes" prêtes à attaquer la terre. Au début des années 90, plus d’un millier de personnes pensaient qu’il était le seul à pouvoir sauver la terre en instaurant "l’âge d’or".

Bruno LEROY.