L a Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a présenté son rapport annuel, mercredi 26 avril ; le premier depuis que Jean-Michel Roulet a pris la tête de cet organisme, le 1er octobre 2005.
Le ton a changé : le nouveau président n’hésite plus à parler de "sectes" ou de "groupes sectaires", là où l’ancien, Jean-Louis Langlais, s’en tenait à la notion de "dérives sectaires". "Nous n’utilisons pas la langue de bois, justifie M. Roulet. Le mot "secte" n’est pas péjoratif. Nous ne stigmatisons pas, nous rapportons des faits vérifiés."
Le rapport met l’accent sur la protection des mineurs face à "l’emprise sectaire", ainsi que sur les dérives des thérapies alternatives proposées par certains groupes sectaires ou gourous.
C’est le cas du "respirianisme", dont la fondatrice, l’Australienne Ellen Greve, surnommée "Jashmuheen", prêche le jeûne total et prétend se nourrir uniquement d’air et de lumière.
La Miviludes n’hésite pas à mettre en cause certains courants chrétiens, des "groupes charismatiques et communautés pseudo-évangéliques (qui) ne sont pas à l’abri de telles dérives, notamment quand ils invitent leurs adeptes à suivre des séances de prières collectives, où les guérisons "miraculeuses" (…) affluent dans des proportions qui frôlent souvent l’hystérie".
Une communauté protestante est nommément critiquée par la Miviludes. Il s’agit des Frères de Plymouth, groupe d’inspiration évangélique de 1 500 membres environ en France, surtout présent dans le quart Sud-Est. Il se rattache au courant darbyste, fondé au XIXe siècle par le pasteur anglican John Nelson Darby. Un peu à la manière des Amish aux Etats-Unis, les Frères de Plymouth vivent repliés sur eux-mêmes et pratiquent l’endogamie.
Le pasteur Jean-Arnold de Clermont, président de la Fédération protestante de France, voit dans les accusations portées contre les Frères de Plymouth un signe de durcissement de la Mivilitudes : "Je ne suis pas étonné que M. Roulet ait souhaité accrocher une communauté évangélique contestable à son tableau de chasse."
Dans un communiqué du 26 avril, les Frères dénoncent "une série de contre-vérités" à propos du rapport et précisent que "la Miviludes a préféré accorder du crédit aux témoignages d’une poignée d’opposants".
Xavier Ternisien
le Monde