PARIS, 26 avr 2006 (AFP) – Depuis sept mois à la tête de la Miviludes,
Jean-Michel Roulet entend remettre l’accent sur la lutte contre les dérives
sectaires aux côtés de la prévention.
Q: La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives
sectaires semblait privilégier la vigilance au nom de la liberté de conscience?
R: Nous avons une mission de vigilance et de lutte, nous devons l’accomplir
sans complexes dans l’intérêt des plus faibles et du pacte républicain.
Le rapport 2005 montre le faible nombre de cellules départementales réunies
(34). Depuis mon arrivée, il y en a une trentaine de plus.
Je dénonce l’hypocrisie scandaleuse qui consiste à s’appuyer sur les droits
de l’Homme et la liberté de conscience pour précisément leur porter atteinte. Je
suis pour que chaque Français croit ou adhère à ce qu’il veut, mais qu’il puisse
aussi s’arrêter de croire ou d’adhérer quand il veut.
Dans la scientologie, tant qu’il vous reste de l’argent on ne vous laisse
pas sortir. Je ne porte aucun jugement sur le contenu, mais quand nous voyons
des troubles à l’ordre public ou des infractions, nous devons les dénoncer et
les faire cesser.
Q: Vous avez été critiqué pour vous être fixé l’objectif d’au moins cinq
jugements durant votre présidence?
R: Quand la justice sanctionne, au moins les victimes ont le sentiment que
justice leur a été rendue. C’est vrai qu’il n’y a pas beaucoup d’affaires. C’est
bien la preuve que nous ne harcelons pas!
Les victimes répugnent à se plaindre : elles sortent des sectes en petits
morceaux. Et quand elles finissent par pouvoir se plaindre, souvent il y a
prescription. Si un texte est nécessaire, ce serait pour fixer des durées de
prescription différentes pour certains crimes. Je pense au viol : dix ans, pour
les sectes c’est un peu court.
Q: La politique de la France envers les sectes lui vaut des critiques à
l’étranger, aux Etats-Unis mais aussi à l’ONU. Témoin, le dernier rapport d’Asma
Jahangir, rapporteuse spéciale sur la liberté de conviction et de religion de la
Commission des droits de l’Homme?
R: Pour moi, la liberté religieuse ne se discute pas. Les pays étrangers
jouent souvent sur l’ambigüité du mot +sectes+, qui se dit +cults+ en anglais.
La loi de 1905 fait que l’Etat n’homologue aucune religion et n’en interdit
aucune.
Ma politique, c’est de demander : y a-t-il des victimes? oui, nous avons de
nombreux signalements. Ont-elles subi des dommages? oui, parfois très graves. Le
devoir de l’Etat est d’assurer la sûreté et la liberté de ses citoyens.
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