L’Église s’interroge face à l’augmentation des profanations de lieux de culte qui sont souvent le fait de jeunes influencés par le courant sataniste
A la demande du secrétariat de l’épiscopat, Benoît Domergue, prêtre du diocèse de Bordeaux, auteur de Culture jeune et ésotérisme (Éd. Bénédictines, 2005, 164 p., 21 €), qui était intervenu à la dernière rencontre nationale des exorcistes portant notamment sur la question du satanisme des jeunes (lire La Croix du 3 février), vient de publier un Document Épiscopat sur les jeunes et les dérives satanistes (1).
L’Église en France s’inquiète, en effet, de l’augmentation des profanations de lieux de culte et de cimetières chrétiens. Ainsi, avec 214 sites dégradés (contre 130 en 2004), l’année 2005 a vu une progression de 60 % de ces profanations. Or, il semble, comme l’avait expliqué le P. Domergue lors de conférences dans le diocèse de Vannes, après les profanations d’églises dans le Morbihan l’hiver dernier (notamment celle de Saint-Tugdual dévastée par un incendie criminel), que bon nombre de ces profanations soient le fait de jeunes influencés par ce que l’on appelle le courant sataniste.
Depuis l’an 2000, le P. Domergue a rencontré 50 000 jeunes scolarisés de la quatrième à la terminale, en établissements publics et privés, en province et en région parisienne. Il constate que ceux-ci entrent facilement en contact avec le courant sataniste par le biais de sites Internet, de soirées, de concerts… «Ce phénomène est beaucoup plus large que l’ensemble des activités exercées par les associations satanistes, occultistes ou néopaïennes», écrit-il.
La culture "gothic"
Et d’insister sur la culture « gothic », les jeux vidéos sur l’occultisme, les sites Internet promouvant les rituels sataniques et les messes noires, la musique « metal », le groupe français Temple of Baal ou le chanteur américain Marilyn Manson, dont on sait les liens avec la Satanic Church de San Francisco, après avoir été initié par Anton Lavey, auteur de la Satanic Bible.
Le P. Domergue constate aussi que «le plus souvent, ce sont des expériences très particulières de transe qui permettent d’outrepasser une limite au-delà de laquelle un acte peut être qualifié de satanique». Des transes, individuelles ou collectives, souvent générées lors de rave parties ou de séances techno. On parle alors d’«états altérés de la conscience» ou d’«expériences de dissociation».
Selon le P. Domergue, qui a eu l’occasion de traduire de nombreux textes provenant du courant sataniste, ce dernier apparaît comme une «contre-religion» (avec prières lues à rebours, crucifix renversés…) et on assiste actuellement à un regain du «culte de l’Antéchrist», développant un esprit d’impiété et d’iniquité. Une certaine «culture jeune» d’aujourd’hui présenterait ainsi, selon lui, une certaine «radicalisation de l’apostasie».
«La seule réponse que l’on peut donner face aux défis du satanisme est celle que l’Église promeut depuis deux mille ans, conclut-il. À savoir, la Personne du Saint-Esprit qui donne l’assurance que le Christ a déjà vaincu le monde.»
Claire LESEGRETAIN
la croix 29 décembre 2006