Monseigneur,
Monsieur le Cardinal André VINGT TROIS, Archevêque de Paris et Président de la Conférence des évêques de France vous a demandé de répondre à mon courrier concernant les inquiétudes du CCMM à l’égard des dérives du psycho spirituel et des pratiques sectaires de la Communauté des Béatitudes en particulier.
Votre réponse n’apaise en aucune manière l’ampleur de nos préoccupations.
Je rappelle que je lui demandais dans ma lettre un rendez- vous. Je maintiens cette sollicitation. Je souhaite lui exposer l’ampleur des problèmes suscités par les dérives de la Communauté des Béatitudes, l’entretenir des modalités et moyens qu’il envisage de mettre en œuvre pour la reconstruction des victimes. La plupart d’entre elles éprouvent des sentiments de honte, de culpabilité, de souffrance enfouie (c’est le sentiment ressenti pat toutes les victimes de dérive sectaire). Après leur retour dans la vie réelle ils doivent se refaire une vie. La demande récente, de pardon, n’exclue pas le besoin de justice et de réparation nécessaire à la reconstruction et à la réinsertion sociale de tant d’individus blessés voire détruits. Rien n’a été fait à ce jour de la part des autorités ecclésiales.
Car, il ne suffit pas d’exclure les anciens dirigeants de la Communauté qui se trouvent impliqués dans tous les dossiers que le CCMM a en charge. L’Eglise doit aujourd’hui admettre publiquement le déni dont elle a fait preuve depuis de nombreuses années.
Je tiens à souligner que contrairement aux autorités ecclésiales, l’avenir des Béatitudes ne nous concerne pas. Ce qui nous importe ce sont les victimes, toutes les victimes ! Les prises de position publiques de certains responsables ecclésiastiques depuis quelques semaines attachent beaucoup plus d’importance au renouveau de l’image de marque d’une communauté fortement décriée, qu’au sort des victimes. Il appartient à l’Eglise d’ouvrir une procédure d’enquête interne pour
faire la clarté sur les agissements des membres de la Communauté qui continuent à se présenter comme exerçant un ministère d’Eglise.
Par ailleurs de nombreuses contre vérités ont été assénées depuis quelques jours. Il convient de rétablir la réalité des faits :
{{Il a été dit }}
…« les anciens communautaires qui résident toujours à l’abbaye de Bonnecombe ont quitté la Communauté, ce n’est aucunement en rétorsion, de la part de celle-ci, pour leur dénonciation du scandale de Pierre-Etienne Albert, mais en conséquence de leur refus persistant d’obtempérer à la décision prise par la Communauté, pour des raisons financières et pastorales, de fermer cette maison. Muriel Gauthier, quant à elle, n’a jamais appartenu canoniquement à la Communauté : sans dépasser le stade de postulante, elle n’y a prononcé aucun engagement, même temporaire ».
Or, Les courriers du Modérateur Général prouvent que le motif de la fermeture de BONNECOMBE est lié à la médiatisation des aveux de Pierre- Etienne Albert (Décisionnaire du Conseil général concernant la fraternité de BONECOMBE du 9 mai 2008) et que leur exclusion de la Communauté est liée au même motif (lettre du 9 avril 2009 du Modérateur général).
Alors, pourquoi affirme t-on le contraire dans une déclaration AFP en désavouant les intéressés ? Les membres de BONNECOMBE ont interpellé l’auteur de cette communication le jour même de sa publication à l’AFP. Pourquoi ne revient-il pas sur ses erreurs ? L’absence de démenti consiste désormais à maintenir des propos mensongers, calomnieux et diffamatoires. Faut-il en conclure que l’on cherche encore à les sanctionner pour leur mise en lumière de ces mêmes erreurs ?
{{Il a été fait état}} de l’arrêt du cursus communautaire de Murielle Gauthier, non sans jeter un certain discrédit sur sa personne. Pourquoi ne se demande-t-on pas plutôt pourquoi le Modérateur Général de l’époque lui demande de quitter la Communauté sur le champ deux mois après avoir eu connaissance du soupçon que cette dernière portait à l’égard de la pédophilie du frère Pierre- Etienne.
{{Il a été dit}} : « dans le journal La Croix (paru le 17 novembre dernier) qu’« il n’y a pas de dysfonctionnements complices et voulus de la part des évêques accompagnateurs et, s’ils ont failli, c’est par manque d’information » La plupart des courriers adressés aux autorités ecclésiales depuis plus de dix ans sont restés sans réponse : lettres de familles de victimes, témoignages de victimes, correspondances des exclus de BONNECOMBE, demandes d’attestation de travail pour obtention des droits à la retraite… sollicitations de rendez- vous de la secrétaire générale du Collectif des victimes du psycho spirituel, courriers du CCMM …
Comment pouvez – vous vous étonner que nous appréciions tous aujourd’hui, le relais des médias pour faire éclater la vérité.
Je vous prie de croire, Monseigneur, en l’assurance de mes sentiments les plus respectueux.
Annie GUIBERT
Présidente